WESTERN Comancheria ♥♥♥


 
Comancheria est fondamentalement un western, même s’il se déroule de nos jours. Le décor est celui du western, avec une action se situant dans le nord-ouest semi-désertique du Texas, où des ranches et leurs troupeaux ont du mal à survivre à plusieurs années de sécheresses successives. Deux frères braquent des banques. Ils sont poursuivis par deux sheriffs, dont un demi-indien, d’où le titre français rendant hommage aux Indiens Comanche, et qui est pour une fois adapté. Il est donc question de braqueurs de banques, poursuivis par des sheriffs. Les habitants d’une petite ville se constituent spontanément en milice pour poursuivre aussi les braqueurs. De telles scènes, typiques des westerns, que l’on situerait plus volontiers vers 1870-1880, peuvent nonobstant quasiment se dérouler de nos jours, notamment dans certains comtés texans où une large partie de la population est armée. La notion de légitime défense est aussi particulièrement étendue, encore de nos jours, et le contraste est le plus frappant avec la France où même les armes anciennes, de collection, doivent être scrupuleusement répertoriées et démilitarisées. Les thèmes majeurs des westerns sont présents, comme le dévouement pour la famille, ou la vengeance, et des individus tous deux bons et dévoués peuvent se trouver dans des camps opposés.
 

Comancheria : un excellent western qui atteint les sommets du genre

 
Comancheria mêle des thèmes anciens à d’autres très actuels. Sous ces terres en apparence désolées, peuvent se trouver de riches gisements de pétrole ou de gaz. Aux Etats-Unis, contrairement à la France, le propriétaire du sol est aussi celui du sous-sol. Les banques prêtent à des agriculteurs ruinés, entraînés dans la spirale du surendettement. Ils ne s’en sortiront pas, et les banques comptent en fait réaliser d’énormes bénéfices après confiscation des terres à leur profit, grâce aux hydrocarbures en sous-sol. Cette situation de 2016 aurait pu survenir en 1890, et s’intègre pleinement dans cet univers de western. Quelques astuces de notre époque contemporaine peuvent permettre en effet de contourner la traçabilité des billets. En outre, une séquence comique rappelle la limite du tout technologique : si les enregistrements-vidéos des vols des banques sont transmis au nuage du réseau bancaire, quelque part dans le cyberespace, il peut être concrètement fort difficile de les récupérer, ce qui est un comble…
 
Les personnages, même secondaires ou tertiaires, sont étudiés soigneusement et possèdent tous un minimum de densité, d’épaisseur psychologique. Un véritable travail d’écriture du scénario est perceptible. L’action suit les règles du western, alternant lenteurs calculées et action vive. La fin pourra surprendre, ce qui est en soi une bonne chose, tout en restant ouverte et totalement dans la logique du film et des personnages.
 
Comancheria est un excellent western, qui atteint les sommets du genre.
 

Hector JOVIEN

 
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