Pluies diluviennes à Dubaï : non, le changement climatique n’y est pour rien

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Les pluies diluviennes et les inondations record qui ont frappé Dubaï il y a quelques jours – en l’espace d’une journée, on y a enregistré 254 mm de pluie, autant que la pluviométrie totale en deux ans dans cette région désertique – ont suscité deux tentatives d’explication. C’est la faute aux « ensemencements de nuages », disent les uns – cette pratique qui fait augmenter la quantité d’eau tombant de certains nuages par l’injections de produits chimiques par voie aérienne pour lutter contre la sécheresse –, invoquant les propos d’un cadre du Centre national de météorologie des Emirats arabes unis, Ahmed Habib, ayant expliqué à Bloomberg que de nombreuses missions de ce type avaient eu lieu les 15 et 16 avril, à la veille du déluge. D’autres, plus en cour, incriminent le « changement climatique ». Faux, rétorque Andrew Watts, climatosceptique de renom.

Celui-ci accuse l’un des sites ayant propagé cette dernière explication d’avoir confondu le temps qu’il fait et le climat. Les torrents de pluie subis par les habitants de Dubaï et des Emirats Arabes Unis relevaient plutôt d’un « événement météorologique rare », qui a eu des exemples par le passé dans la région : la faiblesse du système des égouts de la ville a fait le reste, puisque les infrastructures n’y sont pas à même d’absorber une telle quantité d’eau.

 

Pluies à Dubaï : changement climatique ou ensemencement des nuages ?

L’article d’Axios que Watts prend à partie note certes l’insuffisance du réseau d’évacuation des eaux mais assure que même dans des régions plus tempérées, on aurait connu de gros problèmes du fait de l’intensité de la pluie.

Watts note que les fortes pluies avaient été annoncées correctement plusieurs jours à l’avance par le Centre national de la météorologie émirati qui est chargé par ailleurs de la mise en œuvre du programme d’ensemencement à travers le repérage des nuages « candidats » notamment. L’opération a été déclenchée sept fois au cours des deux jours précédant l’incident, selon Ahmed Habib.

Vrai ou faux, cet incident n’était pas inouï, il a été possiblement aggravé par l’action humaine immédiate d’ensemencement, et il était prévu à court terme et non « modélisé » au nom des prédictions climatiques qui portent sur des durées beaucoup plus longues.

 

Le changement climatique, coupable idéal

Cela n’a pas empêché Axios de soutenir que les études du climat sur le long terme montrent que des événements extrêmes comme celui-ci deviendront plus fréquents, tandis que le temps chaud sur le Golfe persique et la vapeur d’eau qui en a résulté a « alimenté », selon le journaliste, l’orage exceptionnel du 17 avril.

Or, montre Andrew Watts, le dernier rapport scientifique du GIEC lui-même montre l’absence de lien entre le « changement climatique » et les « extrêmes hydrologiques », rien de tel n’ayant été constaté à ce jour. Tout au plus la modification du climat, plus humide ou plus sec, est-elle envisagée avec une « confiance moyenne » pour les années 2050 à 2100. Il n’y a pas de constatations, pas de consensus, pas la moindre expérience qui permette de lier le « changement climatique » aux précipitations extrêmes.

Mais ça fait bien dans le décor.

Et après tout, qu’est-ce que la pluie ?

 

Anne Dolhein