Comment la Chine voit l’affaire “Panama Papers”

Comment Chine voit Panama Papers
Le président chinois Xi jinping, lors du Sommet sur la sûreté nucléaire, à Washington, la semaine dernière.

 
Un éditorial du Global Times se penche sur les révélations du scandale des Panama Papers. C’est en somme le regard officiel de la Chine qui est donné là : le quotidien tabloïde anglophone fait partie des médias d’Etat chinois et suit, petit doigt sur la couture, la ligne éditoriale du Quotidien du peuple, journal officiel du Parti communiste chinois, malgré ses prétentions à la neutralité. Le journal s’interrogeait dans un éditorial sur la « force puissante » derrière les Panama Papers.
 
Réponse : c’est une manœuvre de l’Occident, destinée principalement à discréditer des pays comme la Russie.
 

Le point de vue de la Chine sur les “Panama Papers”

 
Le Global Times souligne ainsi que les médias occidentaux ont presque unanimement et de manière « opaque » présenté les 11 millions de documents fuités au Süddeutsche Zeitung et analysés depuis un an par 300 journalistes du monde entier comme une preuve de la manière dont « Poutine nettoie l’argent sale ».
 
« Certaines figures publiques occidentales très en vue ont été nommées (…). Mais c’est de la petite bière, comparé avec le scandale dont est accusé Poutine », note le journal. Mais qui est à l’origine des fuites ? Nul ne le sait, se plaint le Global Times : seuls sont connus les objectifs politiques, affirme-t-il.
 
« Les médias occidentaux ont pris le contrôle de l’interprétation chaque fois qu’il y a eu un tel épandage de documents, et Washington a toujours pesé de son influence particulière. Les informations nuisibles aux Etats-Unis peuvent toujours être minimisées, tandis que la mise à nu des leaders non Occidentaux, comme Poutine, donne lieu à une hyper-exploitation », assure l’éditorial.
 
« A l’ère d’internet », poursuit le journal, « la désinformation ne représente pas de risque majeur à l’Occident ou à ses élites influentes. Sur le long terme, elle deviendra un nouveau moyen pour les nations occidentales, reliées par l’idéologie, afin de frapper les élites politiques et les organisations clef non-occidentales. »
 

Chine, Russie et Occident interprètent le nouveau scandale du Panama

 
Venant d’un pays communiste où la désinformation a été élevée au rang d’art (dans la Russie voisine, la Pravda n’était-elle un concept de combat ?), ces accusations pourraient faire sourire.
 
Le Global Times ne manque pas de souligner que les documents sont probablement véridiques, et que l’Occident les tolère et sait les exploiter pour que leurs opposants soient attaqués. Derrière l’énorme quantité de documents compromettants, la Chine voit une puissance « avec laquelle il est inutile de se battre ».
 
Deux choses. D’abord, ce genre d’article montre la profonde unité de vue entre la Chine communiste et la Russie ex-communiste. Ensuite, il pose la question du bénéfice qui résulte de telles fuites… et pour qui.
 
C’est la vraie question. La mise en cause de la haute finance devient une constante de la vie politique mondiale depuis une bonne décennie. Une mise en cause pour une mise au pas. Hier sur reinformation.tv, Pauline Mille y voyait une lutte efficace de la maçonnerie pour contrôler le pouvoir de l’argent. Le reste ne serait-il que poudre aux yeux ?
 

Anne Dolhein