Après la fête de tous les saints, cette belle célébration de la « foule innombrable » qui jouit déjà au ciel de la vision béatifique, ce 2 novembre est marqué dans l’Eglise catholique par la commémoraison de tous les fidèles défunts, tous ces baptisés morts dans l’espérance du salut pour lesquels nous prions dans les églises, les cimetières et dans le secret de nos cœurs. « Mort, où est ta victoire ? » : l’interpellation de saint Paul rappelle que la mort est un échec et une aberration, vaincue par le Christ ressuscité. Le culte de la « Sainte Mort » – la « Santa Muerte » – qui prend de plus en plus d’ampleur en Amérique latine et surtout au Mexique et en Argentine vient rappeler combien cette punition du péché de l’homme le fascine encore dans une sorte de délectation morose bien plus dangereuse qu’il n’y paraît. Culte à Satan ? Un exorciste mexicain en est persuadé.
Cette affaire est d’autant plus importante que le culte moderne de la mort s’inscrit dans une double dynamique.
Le culte de la « sainte mort » idolâtre Satan
D’une part, progressivement, les fidèles catholiques ont perdu le sens de la distinction entre la fête de la Toussaint, qui est celle des âmes mortes en état de grâce et purifiées, entrées au Paradis pour une éternité de bonheur auprès de Dieu, canonisées et vénérées ou obscures et inconnues, et le « jour des morts » où l’on prie pour les âmes du purgatoire afin d’obtenir pour elles un allégement de leur peine et l’entrée plus rapide dans la béatitude. L’Eglise enseigne aussi que ces âmes saintes, si elles ne peuvent plus rien pour obtenir elle-même des mérites, sont puissantes à leur tour pour intercéder pour leurs frères et sœurs de l’Eglise militante.
D’autre part, la mort est aujourd’hui recherchée pour elle-même, dans notre abominable « culture de mort » qui prétend régler les problèmes de l’homme et ses souffrances par l’avortement, le refus de la vie, l’euthanasie… Ce n’est en aucun cas la « sainte mort » que les catholiques demandent comme une grâce pour que leur propre décès les trouve en état de grâce et dans de bonnes dispositions devant la vie éternelle.
La commémoraison des fidèles défunts sous les traits mensongers du culte de la « Santa Muerte » au Mexique
C’est samedi dernier que la ville de Mexico a tenu son grand défilé « traditionnel » de la « Sainte Mort » puisque ce véritable culte célèbre lui aussi la mort pour elle-même, non pas comme un passage obligé et douloureux vers une vie que l’on espère meilleure, mais comme une figure personnelle, puissante, capable de répondre aux besoins des hommes comme un saint que l’on invoque ou comme Dieu – ici un dieu que l’on idolâtre.
Le défilé de cette année à Mexico, samedi dernier, subventionné par le gouvernement mexicain, était dédié précisément aux centaines de victimes du tremblement de terre du 19 septembre. On a vu des secouristes défiler le poing levé pour cette deuxième édition d’un spectacle qui officialise le culte de la Santa Muerte depuis 2016. Comme l’a dit une participante au maquillage gothique et sur fond de têtes de mort : « C’est une célébration de la vie par laquelle nous fêtons aussi ceux qui sont partis d’une manière joyeuse, ancestrale, millénaire et mexicaine. » Le lien est bien fait avec les cultes païens de l’Amérique précolombienne…
Le carnaval macabre est ponctué de visages effrayants, de personnes déguisées en faux anges et en démons, de squelettes habillés en mariés et d’autres symboles ; l’image du diable est saluée aux cris de « Vive le Mexique » et « Salut au diable » tandis que la rumba résonne, lancinante.
Le culte de la Sainte Mort a longtemps été associé avec les mafieux. Mais avec ses 12 millions d’adeptes il gagne en importance et se démocratise. Un site d’information latino aux Etats-Unis donne l’exemple d’une transgenre mexicaine, Arely Gonzalez, qui a érigé une statue de la Santa Muerte dans son appartement new-yorkais – une tête de mort habillée d’une somptueuse robe rouge et couronnée d’argent – où elle réunit chaque mois famille et amis pour lui rendre hommage. Une dévotion qui date de plus de dix ans en ce qui la concerne : malade du pancréas, elle avait invoqué la fausse sainte au nom de laquelle elle organise désormais des repas mensuels dans son appartement, avec l’espoir de voir un jour quelqu’un bâtir une église vouée à son culte dans la mégapole américaine.
Un exorciste de Mexico met en garde contre le culte à Satan
Le P. Jil Portilla, exorciste du vicariat de l’archidiocèse de Mexico, a tenu cette année à mettre en garde contre cette croyance incompatible avec la foi catholique. Dans ACIPrensa, agence d’information catholique hispanophone, il a donné huit « clefs » pour comprendre la signification réelle de ce culte dangereux. Huit arguments qui s’adressent aux gens simples avec des mots simples, parce que ce sont les gens ordinaires qui se laissent prendre à ce mensonge.
1. La « Sainte Mère » n’est pas une personne ou un être.
La mort est un événement, rappelle le prêtre : le moment où l’âme d’une personne est séparée de son corps. Allégoriquement, il est vrai que l’on caricature la mort sous la forme d’un squelette portant une faucille, mais ce n’est rien de plus qu’une fantaisie.
2. La mort est en réalité la conséquence du péché.
Elle ne frappe l’humanité que du fait du péché, comme l’enseigne l’Ecriture Sainte. « Celui qui est bien l’auteur de la mort est le démon, qui est coupable de ce l’homme a péché et expérimente la mort. » Cela aussi est clairement affirmé par l’Ecriture Sainte, rappelle l’abbé Portilla, citant notamment la seconde lettre de saint Paul aux Hebreux (14-15).
3. Le culte de la Santa Muerte est satanique.
« Les images de la mort représentent les œuvres du démon. Par conséquent celui qui adore la mort, adore le démon et ses œuvres », affirme, lapidaire, l’exorciste.
4. La tête de mort n’est rien de plus qu’une image grossière.
« Certaines personnes demande à Dieu de leur concéder une sainte mort, c’est-à-dire qu’elles désirent mourir saintement. Mais en aucun cas ces personnes ne pensent que la mort puisse être un être saint. Sachant que la mort n’est pas un être, alors, aucune image de la Sainte Mort n’a quoi que ce soit de saint et ce n’est qu’une image grossière et laide », écrit le P. Portillo.
5. L’Eglise catholique n’a jamais approuvé ce culte.
« Il faut faire attention parce qu’il existe de faux prêtres dans certains lieux qui se font passer pour membres de l’Eglise catholique et qui rendent un culte à la mort », met en garde le prêtre, soulignant que de nombreux adeptes adorent la mort en une forme d’idolâtrie, par « ignorance ».
6. La mort ne rend pas de faveurs.
Argent, pouvoir, pouvoir, protection, guérison, séduction, on demande tout à la Sainte Mort : « Il est vrai que dans certains cas elle a donné aux gens ce qu’ils demandaient, mais à un prix très élevé, car ils souffrent de graves conséquences », note l’exorciste. Et de noter quelques-unes de ces conséquences constatées : rupture du mariage, perte de la paix et de la joie si les invocations ont rapporté de l’argent, misère, accidents mortels, dépression associée à la peur et à la tristesse… Mais les adeptes entendent aussi des bruits et des voix, ils voient des fantômes, ils s’éloignent de la foi… Et les problèmes peuvent affecter l’ensemble de leur famille.
7. Les personnes sont trompées et s’éloignent de Dieu.
Si elles ont érigé des autels ou qu’elles portent des images de la Sainte Mort, on les menace de subir la vengeance de celle-ci si elles cessent de rendre ce culte. C’est le Malin qui au bout du compte commence à les tourmenter avec de nombreuses souffrances, observe le P. Portillo. Mais il ajoute aussitôt : « Néanmoins, il ne faut pas avoir peur d’échapper à ses griffes. Si on invoque Jésus, c’est lui qui protège de toutes les œuvres du démon », rappelle-t-il, citant là encore l’Ecriture Sainte.
8. La mort est le pire ennemi de Dieu et des hommes.
« Parfois on nomme les œuvres pour désigner leurs auteurs. Par exemple, on parle de combattre le crime lorsqu’en réalité on se bat contre les criminels. De la même manière, lorsque la Bible parle d’annihiler la mort, il s’agit en réalité de détruire son auteur, c’est-à-dire le diable. C’est Jésus-Christ qui l’a vaincu pour toujours, lui et ses œuvres. »