L’essor du culte satanique de la Sainte Mort au Mexique – même chez des catholiques

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Culte satanique de la Sainte Mort au grand jour.

 
Le culte de la Sainte Mort, la Santa Muerte, connaît actuellement un essor inquiétant au Mexique où un nombre croissant de personnes – y compris de nombreux catholiques affichés – se sont laissé entraîner dans cette secte « diabolique ». L’Eglise catholique ne cesse de rappeler que la dévotion à la Sainte Mort, invoquée pour obtenir toutes sortes de bienfaits matériels, est en réalité un culte satanique, mais quelque 10 à 12 millions de personnes y adhèrent, au Mexique, aux Etats-Unis et en Amérique centrale. L’objet de leur vénération est un squelette habillé en « sainte », inspiré probablement des représentations de la mort, la « Grande Faucheuse », par les Espagnols au temps des colonies. Au XVIIIe siècle, on n’hésitait pas à détruire ses « chapelles » qui commençaient à se répandre.
 
L’Eglise catholique s’inquiète de cette dévotion croissante qui ne touche pas seulement la capitale mexicaine. « Ce nouveau mouvement religieux est celui qui se développe le plus rapidement non seulement au Mexique, mais partout dans les Amériques » note Andrew Chestnut, professeur d’études religieuses à l’Université Virginia Commonwealth.
 

La Sainte Mort, un culte satanique dénoncé par l’Eglise

 
Signe de la désorientation des catholiques ordinaires, même les mises en garde du cardinal-archevêque de Mexico, Norberto Rivera, n’ont pas empêché le culte satanique de croître. Interrogé par l’AFP à l’orée d’une visite de cinq jours du pape François, le cardinal vient de rappeler que ce culte est une « absurdité » : « Tout chrétien devrait être en faveur de la vie, pas de la mort. »
 
Mais la superstition, l’appât du gain, le désir de sécurité sont plus forts que les condamnations, et ils prennent d’autant plus facilement racine que la crise du catéchisme est passée par là…
 
La renaissance du culte de la Sainte Mort, enfoui après une brève réapparition dans les années 1940, doit tout à une femme, Enriqueta Vargas – Doña Queta – qui a commencé à exposer et à faire vénérer une statuette de squelette habillée dans sa maison du quartier mal famé de Tepito, lieu de tous les trafics. Les premiers fidèles, dit-on, étaient des membres du cartel de la drogue. Aujourd’hui ce sont des gens ordinaires qui viennent, mélangeant allègrement des éléments du culte catholique et des dévotions plus obscures, sans même comprendre leur antinomie.
 

L’essor du syncrétisme (et de la confusion) chez des catholiques au Mexique

 
Modèle de syncrétisme religieux, le culte de la Sainte Mort s’accommode fort bien de cette confusion, mimant le sacrement du baptême et créant l’illusion d’une religion qui permet d’obtenir ici-bas honneurs, richesses, santé, longue vie… Et même vengeance. Doña Queta est devenue « prêtresse » de la Sainte Mort en 2008, lorsqu’elle a supplié la fausse sainte de lui livrer les assassins de son fils… Tout cela n’est pas exempt de magie et de sorcellerie, et ce serait une erreur de croire que seuls les gens simples se laissent happer par la nouvelle idole : il y a certes beaucoup d’ouvriers et de pauvres mais aussi des médecins ou des professeurs.
 
Il n’est pas rare que la Sainte Mort soit représentée sous les traits de Notre Dame de Guadalupe, qui laissa miraculeusement son image imprimée sur la « tilma », le pauvre manteau de saint Juan Diego au début du XVIe siècle. Ce fut le moment de l’essor des conversions à la foi catholique : les indigènes du continent américain étaient libérés des déités malfaisantes et de leur masques effroyables pour découvrir la douceur de la Vierge Mère, la plus sainte des créatures qui les conduisait à adorer son divin Fils, à découvrir Dieu, un et trine.
 
La singerie opérée par le culte de la Sainte Mort porte décidément la signature infernale de celui qui ne supporte pas cette irruption de la vérité et du salut sur le continent américain.
 

Anne Dolhein