Échec de l’immigration : « On ne devient pas Danois en vivant au Danemark » pour la Reine Margrethe II

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Hier, c’était dans un entretien, aujourd’hui c’est dans un livre que la Reine Margrethe II du Danemark livre ses réflexions sur l’immigration. Son nouvel ouvrage « De Dybeste Rödder » (« Les racines les plus profondes ») est, certes, consacré à la longue histoire du pays ainsi qu’à son règne. Elle ne manque pourtant pas d’y évoquer les enjeux d’une immigration croissante et les questions qu’elle suscite, à travers un pays qui est « passé de la curiosité amicale au scepticisme »…
 
Ce n’est pas son premier coup d’essai. Mais selon Lars Hovbakke Sørensen, un professeur d’histoire expert sur la famille royale danoise, elle « devient de plus en plus tranchante dans ses commentaires ». Et les sourcils, danois et autres, commencent sérieusement à se froncer…
 

La Reine Margrethe II contre le multiculturalisme

 
« Nous pensions que les choses se feraient d’elles-mêmes. Que si vous marchiez dans les rues de Copenhague, buviez de l’eau municipale et montiez dans le bus municipal, vous seriez bientôt devenu un Danois. C’était si évident pour nous que nous avons pensé que cela devait l’être aussi pour ceux qui se sont installés et ont vécu ici. Il n’en a pas été ainsi ».
 
C’était évident il y a un siècle. Cela ne l’est plus.
 
Il y a comme une légère amertume dans les mots de la Reine, de celle qui dans les années 80, fustigeait certains de ses sujets pour leur frilosité à l’égard des immigrés. Et pour se rattraper, elle enfonce le clou : « Ce n’est pas une loi de la nature, on ne devient pas danois en vivant au Danemark. Ce n’est pas systématique ».
 

« Celui qui s’installe au Danemark doit se conformer aux normes et aux valeurs danoises ».

 
Bien sûr, est intéressant le fait qu’elle pointe très visiblement certains immigrants et réfugiés, pour leur difficulté d’intégration : « Ceux qui sont venus de l’Asie du Sud-Est ont généralement prospéré. D’autres ont eu plus de difficulté à s’adapter ». Dans une interview accordée à la presse, l’année dernière, pour son 75e anniversaire, elle avait même dit : « Ils peuvent se rendre dans les mosquées s’ils le veulent, mais s’ils font des choses incompatibles avec le modèle de la société danoise, ils doivent reconnaître que cela n’ira pas. »
 
Mais surtout, elle pose la question de ces normes et de ces valeurs auxquelles ces gens doivent s’adapter. « Nous pouvons les accueillir, mais nous devons aussi leur dire ce que nous attendons. Car il s’agit de notre société, dans laquelle ils se rendent. Ils doivent comprendre dans quel monde ils sont venus (…) et ne peuvent pas attendre pouvoir perpétuer leur modèle de société chez nous. (…) Si vous ne pouvez pas formuler ce que vous représentez, il est difficile de parler aux autres à ce sujet. »
 

L’identité en question

 
Qu’est-ce qui fait, in fine, un Danois ?! Son livre creuse d’ailleurs ce sillon en évoquant ces « racines les plus profondes »… qu’elle voudrait voir transmettre via une réelle intégration. Car ce sont précisément ces déterminants que la doctrine cosmopolite veut évincer, en abolissant les frontières, les caractères ethniques, l’héritage historique et culturel, la famille nationale, en soumettant les peuples à un brassage généralisé sous le prétexte de ces « valeurs de confiance, de solidarité et de générosité » que nous connaissons bien…
 
Mais les Danois les connaissent-ils seulement encore, ces valeurs, ces normes ? Le travail idéologique opéré par les institutions internationales depuis des décennies a creusé, lui aussi, son sillon dans les esprits… Le voisin de la reine, le roi Harald de Norvège, a fait début septembre un discours emblématique du genre, un chef d’œuvre de cosmopolitisme achevé, où il s’est plu à souligner que la Norvège moderne est un endroit pour tout le monde, peu importe d’où ils viennent, leurs croyances religieuses, les préférences sexuelles ou même leurs goûts musicaux….
 

Immigration-échec

 
La reine Margrethe, elle, ne semble pas vouloir d’un multiculturalisme à tout crin qui ruine l’identité de son pays. Elle l’a d’ailleurs dit au journal allemand « Der Spiegel », il y a quelques semaines : elle refuse de considérer le Danemark « comme un pays multiculturel », bien qu’elle assure être la représentante de tous ses habitants…
 
Certains l’ont fustigée pour cela, en disant qu’elle se faisait influencer par le parti anti-immigration, qu’elle courait le risque de diviser le pays, en se mêlant de politique… comme l’imam Fatih Alev, du Centre islamique danois ou le sociologue communisant Johannes Andersen. Mais comme l’a souligné le journal de droite « Berlingske », elle est le pouls même du peuple danois, qui s’inquiète – trop tard ?
 

Clémentine Jallais