Le déclin des églises protestantes du Canada s’explique par le virage progressiste

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Un universitaire de Wilfrid Laurier University au Canada s’est penché sur le déclin des principales dénominations protestantes du Canada depuis les années 1960. David Haskell cherchait à comprendre pourquoi les anglicans, les luthériens, les presbytériens et les membres de l’Eglise unie ont tous perdu entre 40 et 60 % de leurs membres, fait contradictoire par rapport au consensus selon lequel l’adoption d’une théologie libérale et progressiste est la clef de la croissance pour les églises chrétiennes. Consensus partagé par les théologiens « mainstream » qui ont toujours été favorables à une relativisation du dogme et à une interprétation métaphorique de la Bible.
 
Il apparaît que le public moderne est loin d’être séduit par ce virage progressiste qui est supposé correspondre à sa manière d’être en lui proposant un message plus acceptable à notre époque rationaliste.
 
« Nous avons constaté que c’est la théologie conservatrice – qui met l’accent sur la vérité factuelle de l’Ecriture sainte et sur l’action de Dieu dans le monde – qui alimente la croissance ecclésiale. La théologie progressiste conduit au déclin », constate l’étude de Haskell et de ses collègues.
 

Au Canada, le déclin des églises est lié aux idées nouvelles

 
Il leur a suffi de comparer des communautés affichant une croissance régulière de 2 % par an au moins avec d’autres dont le déclin était palpable. L’enquête les a conduits à interroger plus de 2.200 membres de ces églises, émanant pour moitié d’une congrégation en pleine croissance et pour l’autre moitié, d’une congrégation en déclin, ainsi que leurs pasteurs.
 
« Nous avons constaté, sans exception, que le clergé et les membres des grandes dénominations protestantes affichant une progression étaient plus fermement attachés au croyances chrétiennes traditionnelles, telle la croyance selon laquelle Jésus est physiquement ressuscité des morts et que Dieu répond à la prière. Le clergé des églises en croissance était le plus conservateur sur le plan théologique et le clergé des églises en déclin l’était le moins. Lorsque nous avons eu recours à une analyse statistique pour déterminer quels sont les facteurs qui influent sur la croissance, la théologie protestante conservatrice s’est révélée être un prédicteur significatif », écrit Haskell dans le Toronto Sun.
 
On leur a reproché d’avoir eu un échantillon trop petit, mais comme l’observe l’auteur, il est difficile d’étudier ce que l’on ne trouve pas, à savoir de nombreuses églises en croissance, d’autant que certaines se sont présentées comme telles mais ne l’étaient pas en réalité.
 

Le virage progressiste du clergé a causé le déclin des églises protestantes

 
Il rejette également l’idée que la croissance puisse être liée à la force de conviction des pasteurs, indifféremment de leur penchant progressiste ou traditionnel : « Les convictions différentes, quoique tout aussi fortes, produisent des résultats différents », assure-t-il.
 
Ainsi les congrégations les plus florissantes sont celles dont les pasteurs estiment important que les non chrétiens deviennent chrétiens, alors que la moitié des pasteurs interrogés originaires d’une communauté en déclin estiment qu’il n’est pas important de convertir les non chrétiens.
 
Il resterait maintenant à faire une étude semblable dans les communautés catholiques : le nombre de vocations dans les communautés traditionnelles est certainement un indicateur qu’il faudra prendre en compte. L’Eglise qui s’adapte au monde et qui ne va plus convertir les nations est une Eglise qui se meurt.
 

Anne Dolhein