Elections en Allemagne sur fond de migrants : la poussée de l’AFD antisystème laisse le système indemne

Elections Allemagne AFD Système Migrants Poussée
 
Les élections régionales de dimanche dans trois Länder d’Allemagne ont vu une forte poussée de l’Alternative für Deutschland (AFD), le parti antisystème, anti migrants et anti euro. Et un recul de la CDU de Merkel et du SPD de Sigmar Gabriel, les chefs de la coalition au pouvoir. Mais ceux-ci maintiennent leur politique d’ouverture des frontières, avec le soutien des Verts, qui progressent : le système mondialiste se moque du vote des peuples.
 
Les faits, d’abord. Trois Länder d’Allemagne organisaient dimanche des élections, le Bade-Wurtemberg, la Rhénanie-Palatinat et la Saxe-Anhalt. Partout, l’AFD a connu une forte poussée. Il arrive troisième avec 15,1% au Bade-Wurtemberg et 12,6 % en Rhénanie Palatinat, il atteint la seconde place, avec 24,3 % en Saxe-Anhalt. C’est un bond de géant par rapport aux législatives de 2013, où l’AFD, avec 4,7 %, avant manqué le seuil des 5 % ouvrant les portes du Bundestag. Il est dû au glissement à droite de l’AFD. Fondé en 2013 par des économistes libéraux opposés à l’euro (il était alors surnommé  « le parti des professeurs »), l’AFD a eu pour premier président Bernd Lucke, conseiller de la Banque mondiale et professeur d’économie aux Etats-Unis puis en Allemagne. Il a obtenu quelques sièges aux élections européennes de 2014 puis dans les Länder de Saxe, Thuringe et Brandebourg, mais en juillet 2015, Frauke Petry, représentant l’aile dure, était élue avec 60 % des voix des adhérents – ce qui provoqua le départ de cinq des sept députés, dont Bernd Lucke.
 

Les élections montrent une poussée de l’aile dure

 
Les politologues accrédités par le système prévoyaient dès lors une stagnation autour de 4 ou 5 %, mais au contraire le discours franchement anti-migrants de Frauke Petry a rencontré l’approbation d’une part croissante des électeurs allemands. Un sondage sortie d’urnes fait par la chaîne de télévision ZDF confirme en effet que les électeurs se sont déterminés en fonction de l’afflux des migrants en Allemagne. Et les déclarations de Frauke Petry demandant qu’on autorise les garde-frontières à faire usage de leurs armes contre des migrants qui voudraient entrer en Allemagne de force n’ont manifestement pas nui à l’AFD.
 
Ces trois élections apportent plusieurs enseignements.
 
D’abord, la combinaison d’un programme économique de droite et d’une politique restrictive sur les migrants et l’immigration est électoralement payante. Frauke Petry, qu’on peut voir comme une anti-Marine Le Pen, a gagné ces élections en se radicalisant. De leur côté, les libéraux comme il faut, anti-euro mais mondialistes, qui ont suivi Bernd Lucke dans son nouveau parti, l’ALFA, sont tombés à zéro.
 

Le réflexe de survie de l’Allemagne face aux migrants

 
Deuxièmement, l’AFD subit une diabolisation croissante. Elle n’est plus seulement décrite comme antisystème ou anti-euro, mais anti-migrants, « populiste », et « d’extrême droite ». Avec les habituelles variantes : « il n’a pas la capacité de gouverner », il « blesse notre pays », c’est « une honte pour l’Allemagne ». La presse allemande montre particulièrement du doigt la Saxe-Anhalt, « xénophobe et hostile aux immigrés », « dont la mauvaise image aura forcément des conséquences sur l’économie et le tourisme ».
 
Troisièmement, la sempiternelle rhétorique selon laquelle toute poussée de « l’extrême droite » serait due à la situation sociale, au chômage, se fracasse contre la réalité. Si la Saxe-Anhalt, qui appartenait à l’Allemagne de l’Est, est un Land pauvre, les deux autres sont riches, souffrant plus de pénurie d’emploi que de chômage, et à Francfort sur le Main, la cosmopolite capitale financière de l’Allemagne, l’AFD atteint 12 %. Il faut abandonner les explications marxistes à deux balles, les élections se sont jouées, comme ZDF l’a montré, sur les migrants, et plus généralement sur la submersion de l’Allemagne par l’invasion due à l’ouverture des frontières décidée par les élites mondialistes. Confrontée au fol accueil de onze cent mille migrants en un an décidé par Angela Merkel, l’Allemagne a senti que son identité chrétienne et européenne était en danger de mort, peut-être grâce à l’agression collective de Cologne le premier de l’An, et elle a eu un réflexe de survie.
 

L’AFD reste très minoritaire en Allemagne

 
Quatrièmement, hélas, quand on écrit « L’Allemagne », il faut lire une forte minorité d’Allemands. Les sondages varient sans cesse à ce sujet, mais il semblerait qu’une majorité d’électeurs soutiennent la politique migratoire d’Angela Merkel dans les trois Länder concernés, même si, dans l’ensemble de l’Allemagne, ils sont 56 % à la condamner. Quelle que soit la source que l’on choisisse, plus de 40 % des Allemands, malgré Cologne, malgré le danger évident que fait courir l’invasion à l’Europe, soutiennent encore l’idéologie des frontières ouvertes. Il faut y voir une conviction réelle, fruit d’un incessant lavage de cerveau, et d’une pression sociale sans précédent, qui s’exerce à travers l’éducation, les médias, l’entreprise. Et le Tageszeitung se félicite que 85 % des Allemands « restent cool » puisqu’ils n’ont pas voté AFD et soutiennent donc implicitement la grande coalition du système CDU-SPD.
 
Celle-ci va peut-être s’ouvrir aux Verts, qui ont augmenté leur score en Bade-Wurtemberg, pour faire barrage aux « populistes d’extrême droite » de l’AFD. C’est une chose probable, et ce serai un paradoxe amusant : un vote antisystème et anti-migrants aura pour conséquence de renforcer le système et d’accentuer l’accueil des migrants. Pour l’instant en effet, Angela Merkel doit louvoyer un peu avec une part des candidats et élus locaux CDU à l’écoute du terrain, qui lui demandent de changer sa politique migratoire, comme le fait son allié de la CSU bavaroise. Si le centre de gravité de la coalition se déplaçait à gauche, avec des Verts résolument hyper-mondialistes, Angela pourrait se séparer de la CSU et mener une politique d’ouverture des frontières encore plus extrémiste.
 

Comment le système utilise le vote antisystème

 
C’est une hypothèse pour l’instant un peu aventurée, mais que les dernières déclarations des chefs politiques d’Allemagne ne rendent pas impossible. On doit noter pour commencer que malgré un net revers, Angela Merkel n’est menacée ni en tant que chancelière, ni en tant que patronne de la CDU. Le système est d’une stabilité remarquable. Et puis le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a été formel : « Il n’y a nul besoin de modifier la politique des migrants ». Quant au numéro deux du gouvernement, le SPD Sigmar Gabriel, il a précisé : « Nous avons une ligne claire et nous n’en changerons pas ». On ne saurait être plus net.
 
Face au vote antisystème émis par le peuple, le système maintient le cap et serre les boulons. Sans autre justification qu’une vague rhétorique diabolisante. Jamais la volonté de nuire à l’Europe chrétienne et aux peuples qui la constituent ne s’est affirmée avec autant de cynisme : les justifications démographiques avancées par les rapports de l’ONU qui recommandent depuis les années 1990 l’installation de dizaines de millions de migrants en Europe ne sont plus que mollement agitées. Chacun sait bien qu’une autre politique démographique serait possible en Europe : l’invasion organisée a pour vocation explicite de détruire son identité, comme l’ancien secrétaire général de l’OTAN Wesley Clark l’a avoué en 1999 et l’ancien commissaire européen, ancien patron de Goldman Sachs, et multicarte du mondialisme Peter Sutherland répété en 2012. Face aux injonctions de l’ONU, des sociétés de pensée et clubs internationaux, de la haute finance, la colère populaire gronde en Allemagne. La pression monte. Mais la marmite est encore loin d’exploser. A suivre, donc. Mit brennender Sorge.
 

Pauline Mille