En Espagne, Podemos dépose une proposition de loi pour la légalisation de l’euthanasie

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Le groupe parlementaire populiste de gauche d’Espagne, Unidos Podemos, vient de déposer une proposition de loi visant à garantir le « droit » de tous les citoyens souffrant d’une maladie en phase terminale ou en proie à des souffrances physiques ou psychiques « intolérables » de « mourir dans la dignité ». Le groupe populiste, qui prétend lutter pour les droits des travailleurs contre les affres de l’ultra-libéralisme, a fait de la légalisation de l’euthanasie comme de la dénonciation des richesses de l’Eglise plusieurs de ses axes majeurs.
 
Assurant que l’Espagne « n’est pas un bon endroit pour mourir », notamment en raison de l’insuffisance de l’offre de soins palliatifs, Podemos propose ainsi une solution finale qui a l’avantage d’éliminer la nécessité de recourir à de nouveaux investissements pour mieux entourer les malades et les mourants.
 
La proposition de loi, enregistrée jeudi en vue d’un débat en séance plénière du congrès, vise à modifier le code pénal espagnol qui à ce jour, continue de considérer l’euthanasie et le suicide médicalement assisté comme des crimes passibles de lourdes sanctions.
 

En Espagne, la promotion de la légalisation de l’euthanasie vient de la gauche populiste

 
L’élue Eva Garcia Sempere a expliqué que la proposition de Podemos entend garantir, à travers le Système national de santé, l’universalité du droit à une mort digne pour toute personne confrontée à des « souffrances intolérables », dès lors qu’elle en a la capacité et qu’elle peut en faire la demande de manière consciente.
 
Ce « droit » de toute personne majeure serait étendu aux mineurs émancipés de 16 et 17 ans, par leurs parents ou par ordre d’un juge, ce qui revient à laisser à un magistrat le pouvoir d’autoriser une telle euthanasie contre la volonté des parents du mineur.
 
La proposition prévoit également la possibilité de faire des directives anticipées, ce qui permettrait à des personnes n’ayant plus de « capacité de discernement » de « bénéficier » d’une mort assistée sur la foi de leurs instructions préalables, et ce dans le cadre de la loi protégeant l’autonomie du patient.
 
Bien que la proposition prévoie une possibilité d’objection de conscience pour les professionnels de la santé, celle-ci serait fortement limitée par l’obligation faite aux médecins de renvoyer leurs patients demandeurs d’euthanasie à une équipe prête à accomplir le geste mortel.
 

Podemos favorise les lois révolutionnaires

 
Par ailleurs, les médecins auraient l’obligation d’informer les demandeurs de leur état de santé et des possibilités thérapeutiques, et seraient également chargés de vérifier que ceux-ci correspondent bien aux critères de la loi, et que leur demande est bien volontaire et personnelle.
 
La mobilisation de Podemos en faveur de l’euthanasie souligne une nouvelle fois, s’il le fallait, le caractère proprement révolutionnaire de ce parti, que d’ailleurs il partage avec tant de mouvements politiques à travers le monde, qu’ils soient dits de droite ou dits de gauche.
 
Lentement mais sûrement, comme le démontrent l’évolution de la pratique de l’euthanasie dans les pays où elle est légale, et les nouveaux cadres proposés dans les pays où elle ne l’est pas (encore ?), on s’achemine vers une part de plus en plus grande laissée à la « décision » des patients considérés comme autonomes, au détriment de la décision médicale qui pouvait au moins permettre à un médecin de s’opposer à une demande d’euthanasie. Tout cela laisse entrevoir le jour où la simple demande de mourir devra être honorée comme un droit du patient.
 

Anne Dolhein