Le Billet
France d’en bas, France d’en haut : c’est Soros qui pète, c’est Fillon qui pue

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L’affaire Fillon profite d’un vice commun dans la France d’en bas, l’envie, et d’un autre propre à la France d’en haut, le besoin de se défausser sur un bouc émissaire du discrédit où l’on est tombé. Au bénéfice des commanditaires du mondialisme.  Soros pète, Fillon pue.
 
Fillon est sûrement maladroit, peut-être malhonnête, je n’en sais rien, je ne suis ni le juge chargé du dossier, ni Dieu le Père. C’est en outre un homme politique dont les ambiguïtés et les repentirs ne me plaisent pas. Mais il faut reconnaître qu’il a des ennemis organisés et des concurrents avides, que son naufrage réjouit. On a tous aimé voir un premier de classe se vautrer dans une mare de boue ou se faire gauler la main dans le pot de confiture. L’affaire Fillon stimule les plus bas instincts, comme on dit, de la politique française.
 

Fillon pue parce qu’il incarne la France d’en haut

 
En prime, elle offre une issue de secours à ceux qui se lavent de leurs péchés dans son sang. Hier, plus personne ne croyait ni n’estimait en France ni les politiques ni les journalistes : aujourd’hui, le plus honnête d’entre eux a les menottes mentales aux mains, c’est cent fois mieux que DSK. Tout le monde est égal, tout le monde racheté : comme il n’y a plus d’honnêteté, il n’y a plus de malhonnêteté. Les malfrats ordinaires de la presse et de la politique jubilent.
 
C’est donc tout le système commandité par le mondialisme qui se trouve rédimé, d’autant que Fillon, dans le jeu de rôles politicien, avait choisi une pose gaulliste et chrétienne, c’est à dire plutôt souverainiste et traditionnaliste du point de vue « sociétal ». On n’a pas manqué de relever la réflexion d’une bonne dame, « Faire ça quand on va à la messe le dimanche et qu’on en appelle au général de Gaulle ».
 

La famille Fillon pète plus haut que son cul

 
L’opération n’est pas très subtile, mais elle marche : elle discrédite pêle-mêle la méchanceté, l’hypocrisie, la nation et le « conservatisme moral ». Et Odette, puisque la bonne dame s’appelle Odette, comme tout le monde, en oublie que si elle est dans la mouise, c’est à cause du mondialisme de monsieur Soros.
 
Mais ladite opération n’exonère pas seulement la France d’en haut de ses méfaits, elle défigure la France d’en bas. Car que reproche-t-on d’abord à François Fillon ? Des emplois fictifs ? Peut-être, mais depuis plus de dix jours, on n’avait pas la queue d’une présomption avant la vidéo de Pénélope. Ce qui fait le buzz, et l’indignation du populaire, ou du moins des médias, ce sont les montants dont on parle. Pensez donc, la famille Fillon s’est mis un million dans la poche parce qu’elle pète plus haut que son cul et a le goût du lucre. Alors que le salaire médian, patati…
 

Une OPA de Soros sur la France d’en bas

 
Cette campagne a pour but d’attiser l’envie de la France d’en bas et de l’absoudre à ses propres yeux. Quoi qu’elle fasse, ce sera moins mal que de posséder un château dans la Sarthe. Posséder un château dans la Sarthe pue, c’est beaucoup plus mal que de se faire couper les cheveux à 9.000 balles par mois, de se goberger pour 120.000 en 8 mois, ou de spéculer sur les monnaies. Beaucoup plus mal aussi, surtout, que de vivre d’absentéisme, de vol d’électricité, d’abus de sécurité sociale, etc. Tous les trafiquants et les profiteurs poussent un ouf de soulagement, il n’est plus légitime de leur demander le moindre sacrifice, c’est Bayrou qui l’a dit. Tous les escrocs à la sécu, les demandeurs d’asile bidon, les faux chômeurs se trouvent absous par la rhétorique anti-Fillon.
 
Il y a une vraie France d’en haut, cette hyper caste mondialiste qui n’a ni feu ni lieu, elle vient de se défausser sur les châtelains de la Sarthe. Et il y a une vraie France d’en bas, celle que méprise la France d’en haut, des Français de rangs sociaux et revenus divers, mais qui tous aiment la France, travaillent, déplorent son déclin et ne sont jamais entendus : cette France d’en bas réelle, on l’escamote au profit d’une France d’en bas virtuelle, un amas de petites magouilles cosmopolites et de privilèges du vivre ensemble que finance et promeut le mondialisme de monsieur Soros, et qui se trouvent justifiés d’un coup par la mise à mort de François Fillon.
 

Pauline Mille