Garde nationale : Marion Le Pen recrute pour Hollande, pourquoi ?

Garde Nationale Marion Le Pen Recrute Hollande
 
Marion Le Pen va s’engager dans la garde nationale dont François Hollande vient d’annoncer la création et appelle « les jeunes patriotes » à en faire autant. Quel est ce nouveau corps armé, pourquoi le crée-t-on, qu’est-ce que cela va changer, et qu’est-ce qui pousse la petite fille de Jean Marie Le Pen à recruter pour un système à la dérive ?
 
Marion Maréchal Le Pen a créé la surprise en annonçant par un tweet son engagement dans la garde nationale dont François Hollande annonce la création pour l’automne en réaction aux récents attentats. 2.500 volontaires se seraient déjà déclarés, aux dires des autorités, et le mouvement s’est accéléré. Le patriotisme, cantonné ces dernières années aux stades de foot, prendrait-il une forme nouvelle ? Ou bien la jeune femme politique travaille-t-elle pour le roi de Prusse comme son grand père, dont le courage ne fut pas toujours employé pour une bonne cause, à Suez par exemple. Autrement dit, pour qui exactement, et pour quoi, recrute Marion Le Pen ?
 

La garde nationale, un effet d’annonce ?

 
Après le cafouillage de Nice, l’exaspération née de Saint-Etienne-du- Rouvray, et le sentiment majoritaire depuis l’attentat contre Charlie en janvier 2015 que le pouvoir n’est pas à la hauteur, François Hollande devait annoncer quelque chose pour calmer la colère des Français : ce fut la garde nationale. En gros, il s’agit d’augmenter les effectifs de ce que l’on nomme « réserve opérationnelle », qui se compose d’un deuxième niveau d’anciens militaires d’active et d’un premier niveau de jeunes civils volontaires qui suivent une formation, participent à des périodes et sont rémunérés en conséquence. C’est pourquoi un expert militaire, Jean-Dominique Merchet, a pu parler sur son blog, Secret Défense, de « pur effet d’annonce », de « gesticulation politique » consistant à « coller une étiquette sur quelque chose qui existe déjà ». C’est techniquement vrai mais symboliquement faux, car l’expression garde nationale renvoie à des réalités qui nourrissent une controverse politique.
 

François Hollande dans un réseau de contradictions

 
Si l’on regarde l’histoire, la garde nationale en France fut un corps armé très politisé et assez mouvant, tantôt participant aux coups d’État, tantôt s’y opposant. Créée en 1789, ce fut pendant cent ans une milice bourgeoise et révolutionnaire, mais elle échappa partiellement à la bourgeoisie en 1871 et fut dissoute pour cette raison l’année suivante : le sang de la commune fut le baptême de la république opportuniste. Celle-ci préféra désormais la conscription pour une armée bien tenue en main. Aussi les républicains pur jus n’en aiment-ils pas trop le souvenir : on n’a pas manqué de remarquer que, bien qu’il soit porté sur les fonts baptismaux par des parlementaires socialistes, radicaux et UDI, le projet de Garde Nationale est d’abord apparu dans le programme du Front National et dans une proposition du républicain droitiste Jacques Myard. Certains reprochent donc à François Hollande de puiser dans le vivier d’idées de la droite et de l’extrême droite. D’autres déplorent qu’il lorgne vers les États-Unis et leur garde nationale. Mais sous les mêmes mots gisent des réalités différentes : forte de 350.000 hommes et disposant de 10 % du budget de la défense américaine, la garde nationale US est une armée qui opère sur les théâtres extérieurs.
 

Pourquoi l’Europe recrute contre Daech

 
Ces controverses secondaires et somme toute artificielles masquent une question simple et fondamentale : pourquoi, hormis l’effet d’annonce, une telle initiative ? Contre quelle menace ? La menace terroriste, comme Hollande l’allègue et comme les médias le répètent ? Sans doute, mais, il ne faut cesser de le répéter, cette menace, si elle n’est pas virtuelle, est en revanche provoquée, voulue, et elle pourrait cesser très vite si l’Euramérique le voulait. L’agitation patriotique autour du terrorisme, dont la garde nationale est une manifestation, vise donc à maintenir les citoyens en alerte contre un phénomène qu’on ne veut pas détruire réellement. On se mobilise contre les effets sans désigner la cause, dans un mouvement de militarisation et d’embrigadement croissants des civils. Un mouvement qui mène vers toujours plus de totalitarisme mondial.
 
Or ce qui est particulièrement pervers et dommageable, c’est qu’on y enrôle les meilleurs, les plus courageux, les plus décidés, les patriotes : l’État antinational, l’État maçon, peut ainsi les maîtriser et les mettre hors-jeu. Lénine jugeait plus efficace de subvertir une structure que de la supprimer, cela permet d’utiliser l’énergie de ceux qui la vénéraient ou lui obéissaient, les esprits qui respectent sans le vouloir les archétypes. Le pouvoir maçonnique et socialiste a procédé ainsi pour l’école, qui n’apprend plus rien sauf la soumission au système, pour la justice, qui n’est plus qu’une machine à subjuguer les citoyens, il tente de faire de même pour les forces armées. Car cette garde nationale est une garderie pour nationaux, mais ne sera pas employée dans de véritables opérations contre les vraies menaces, l’invasion, l’islam conquérant.
 

La garde nationale, simulacre au service d’une vraie avancée totalitaire

 
C’est un simulacre, mais c’est aussi un véritable moyen d’habituer les esprits à la militarisation croissante de notre société. Après les lois sur le renseignement, l’État d’urgence devenu permanent et Vigipirate. Les Français ne prennent pas garde que Vigipirate est une disposition de guerre, tout à fait exorbitante du droit ordinaire : ce sont les missions de police confiées à l’armée. Or les mêmes bobos frileux qui poussent des cris d’orfraie à l’évocation de la bataille d’Alger où les tâches de police furent confiées aux parachutistes, ce que les circonstances dramatiques rendaient concevables, regardent sans sourciller Vigipirate en temps de paix. Et maintenant la garde national va servir à capter les jeunes les plus courageux au profit d’une opération de sidération de la dictature mondiale. Marion Maréchal Le Pen, avec sa jeunesse enthousiaste et courageuse, tombe-t-elle dans le piège tendu par François Hollande et ses commanditaires ?
 

Marion Le Pen espère-t-elle des Français de souche ?

 
Une autre interprétation est possible. Peut-être a-t-elle appris de son grand-père l’histoire de la guerre d’Algérie, qui ressemble pas mal à notre actualité, et notamment celle des unités territoriales. Il s’agissait précisément d’une réserve opérationnelle du type de la garde nationale proposée par Hollande, son assiette étant exclusivement constituée par les habitants des neuf départements de l’Algérie. On comprendra facilement que ces unités, dont la valeur militaire était inégale, avaient la volonté farouche de conserver l’Algérie à la France et de vaincre le FLN. C’est un peu la même chose que l’on attend de la garde nationale : la volonté de défendre le territoire contre l’ennemi islamique. Or Marion Le Pen, si son dady l’a intéressée aux questions militaires, sait que depuis l’amiral Lanxades, sous Mitterrand, l’armée française, marine et aviation comprises, a été systématiquement beurisée. Quand elle s’engage dans la garde nationale et recrute les jeunes patriotes, Marion Le Pen espère peut-être rééquilibrer nos forces armées en faveur des Français de souche. Et déjouer ainsi le piège du système. Mais si elle a appris complètement son histoire, elle sait aussi que les unités territoriales furent dissoutes en 1960 parce qu’elles voulaient garder l’Algérie française, comme le serait probablement la garde nationale s’il lui prenait la fantaisie de garder la nation de l’invasion.
 

Pauline Mille