DARPA, l’agence scientifique de l’armée américaine, veut hacker les cerveaux pour améliorer l’apprentissage

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DARPA, c’est l’agence spécialisée de l’armée américaine chargée des projets de recherche avancée. Elle avance sans (trop) se cacher. Elle vient de rendre public un nouveau programme visant à améliorer, accélérer et rendre plus efficace l’apprentissage des aptitudes cognitives, ces compétences qui peuvent faire la différence dans le domaine militaire. Le programme s’appelle TNT : Targeted Neuroplasticity Training, ou Entraînement ciblé de la neuroplasticité. Son but : évaluer différentes méthodes de stimulation neurale offrant toute garantie de sécurité en vue d’activer la plasticité synaptique, autrement dit, la capacité du cerveau à modifier les points de connexion entre neurones, un processus nécessaire à tout apprentissage.
 
Le programme vise à développer des sortes de séances d’entraînement type permettant aux cerveaux humains d’apprendre plus rapidement. Au bout du voyage, même si on en est encore très loin : la possibilité de télécharger des connaissances, ce qui permettrait d’éviter les fastidieux apprentissages analytiques et exercices requis, par exemple, pour atteindre la maîtrise d’une langue étrangère. La logique est celle du transhumanisme…
 

Comment hacker les cerveaux sans danger

 
Cela passerait par la stimulation du cerveau pour qu’il se mette en mode hautement réceptif, capable d’adapter rapidement ses connexions neurales. La nouveauté du programme TNT, lancé en mars 2016, consiste à vouloir passer pour cela par le système nerveux périphérique. Dans sa nouvelle phase, on en est à rechercher les méthodes les plus adaptées et les moins dangereuses pour ce faire. Mais quoi qu’il en soit, il s’agit bien de modifier le fonctionnement du cerveau humain.
 
Tout part d’un constat : la stimulation de certains nerfs périphériques peut activer des régions du cerveau utilisées pour l’apprentissage. Ces signaux peuvent potentiellement activer la plasticité synaptique en libérant des substances neurochimiques qui réorganisent les connexions neurales en réaction à des expériences déterminées. Tout le travail des chercheurs de l’armée américaine consiste à identifier les mécanismes physiologiques qui pourraient permettre d’améliorer ce processus naturel au moyen de stimulations électriques des nerfs périphériques, ce qui rendrait le cerveau plus réceptif au cours de l’apprentissage.
 
Il ne s’agit donc pas simplement de se gratter la tête pendant qu’on tente de résoudre un problème de mathématiques…
 

L’armée américaine veut accélérer l’apprentissage et améliorer les performances cognitives de ses hommes

 
DARPA a annoncé la mise en place d’un programme de recherche coordonnée dans sept établissements universitaires américains, partant de la science fondamentale pour aboutir, a indiqué son porte-parole, à des essais sur des volontaires en bonne santé. Seront impliqués des spécialistes de l’analyse du renseignement ou de langues étrangères afin de mieux coller à leurs besoins et à leur manière de travailler. Le programme entend également vérifier s’il vaut mieux avoir recours à une stimulation extérieure ou à un dispositif implanté.
 
On nous promet même, c’est le pompon, que le programme sera accompagné d’évaluations éthiques – mais sur quel fondement ?
 

DARPA, une agence scientifique au service du transhumanisme

 
La liste des compétences que l’on cherche à améliorer à travers ce programme de stimulation non invasive est intéressante : cela va de l’analyse du renseignement, comme on l’a vu, à la surveillance, la reconnaissance, l’adresse au tir et la prise de décision. A l’université Johns Hopkins, une équipe se focalisera sur l’apprentissage des langues, par la discrimination des phonèmes, l’apprentissage des paroles et de la grammaire, et sur la prononciation exacte de certaines langues étrangères.
 
La liste est en réalité sans fin. Les premiers essais se feront sur des rongeurs… Mais c’est sur des êtres humains, bien sûr, qu’on travaillera tout ce qui concerne le langage et la grammaire.
 
Il s’agit à terme de fabriquer des militaires aux capacités cognitives hors du commun, entraînés à la prise de décision extrêmement rapide. Dans un premier temps, l’objectif est d’obtenir une amélioration d’environ 30 % avec le moins possible d’effets secondaires négatifs.
 
Quel sera le degré de conscience lors de ces apprentissages ? C’est toute la question.
 

Anne Dolhein