« Année Luther » : le Vatican sort un timbre à l’effigie de l’hérétique, et le diocèse de Pescara a invité un protestant à en parler

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Les célébrations des 500 ans de la Réforme instituée par Martin Luther continuent au sein de l’Eglise catholique, avec des initiatives multiples qui montrent que le rapprochement entre le pape François et les luthériens n’aura pas été un événement isolé. Le bureau philatélique et numismatique du Vatican a confirmé mardi à LifeSiteNews qu’un timbre à l’effigie de l’hérétique Luther, initiateur il y a 500 ans d’un schisme et d’une rupture aux conséquences désastreuses pour l’unité de l’Eglise et pour le salut des chrétiens, sortira en 2017. On apprend dans le même temps que l’archidiocèse de Pescara parraine un événement public où un théologien protestant viendra parler de la Réforme dans le cadre du dialogue œcuménique pour mieux présenter la pensée de Luther.
 
La parution d’un timbre au Vatican implique pour le moins une forme d’approbation, en cette occurrence. Que ce soient les voyages pontificaux, les années saintes ou les anniversaires d’événements qui ont marqué l’Eglise catholique, les sujets ne manquaient pas ; chaque année un timbre sort pour fêter Noël ou Pâques. On notera qu’il n’est pas prévu pour l’heure de créer un timbre pour saluer le centenaire de Fatima ou les 300 ans de l’apparition de Notre Dame d’Aparecida au Brésil…
 

Un timbre du Vatican pour saluer Martin Luther

 
Habituellement, lorsqu’un timbre du Vatican porte l’effigie d’une personne, il s’agit d’un Pape régnant, d’un bienheureux ou d’un saint canonisé.
 
Il y a bien sûr des exceptions : le Vatican a collaboré par le passé avec d’autres poste nationale pour honorer la mémoire d’un personnage connu comme Charlie Chaplin ou pour rappeler un événement historique comme la chute du mur de Berlin.
 
Mais porter le visage de Martin Luther sur un timbre « catholique », c’est autre chose : il y a là une connotation explicitement religieuse d’autant plus difficile à accepter que l’homme était un ennemi déclaré de l’Eglise catholique. En révolte ouverte contre l’autorité de l’Eglise, Luther fut excommunié en 1521 ; entre-temps, l’ex-moine augustinien s’était marié avec une religieuse qu’il avait aidée à quitter son couvent de manière rocambolesque… Sa « Réforme » allait provoquer une guerre sanglante et de nouvelles révoltes contre Rome.
 
S’agit-il aujourd’hui de passer l’éponge ? On n’en est plus, dans le dialogue œcuménique, à tenter de rétablir l’unité dans la vérité, mais à saluer les gestes, les actes, les écrits, bref l’histoire de celui qui a provoqué la désunion.
 

A Pescara, le diocèse laisse un théologien protestant évoquer Luther

 
C’est bien ce qui se passera à Pescara le 20 janvier prochain, en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le pasteur Hans Michael Uhl y étant chargé de prendre la parole et d’« enseigner » les catholiques, en somme, avec la bénédiction des autorités diocésaines.
 
Bonne nouvelle, cependant, dans le diocèse de Fribourg, où les autorités catholiques du lieu ont refusé de mettre à disposition des luthériens la cathédrale de la ville que ceux-ci réclamait pour la célébration des 500 ans de la Réforme protestante. L’Eglise luthérienne allemande, par la voix de son doyen Markus Engelhardt, avait avancé que la cathédrale n’est pas seulement l’église de l’évêque catholique, mais aussi une église des « citoyens ». Cela faisait deux ans qu’il s’était adressé au curé de la cathédrale, Wolfgang Gaber, pour obtenir la permission d’organiser un événement protestant dans l’Eglise. Curé qui dans un premier temps n’avait vu aucun inconvénient à ce que les festivités s’y déroulent…
 

Pas de protestants à la cathédrale de Fribourg pour fêter Luther !

 
Par la suite, le prêtre avait cependant consulté son évêque, l’archevêque de Fribourg Stephan Burger, qui mit le holà aussitôt, selon la presse locale.
 
L’abbé Gaber a donc expliqué au Badische Zeitung que « l’anniversaire de la Réforme est une commémoration éminemment luthérienne ». Il vaudrait mieux, a-t-il souligné, que les protestants choisissent une église luthérienne de la ville pour leur anniversaire plutôt que la cathédrale catholique, et ce d’autant que le 31 octobre, date de la célébration, se trouve être la veille de la Toussaint et que plusieurs messes seront célébrées dans la cathédrale ce jour-là.
 
 Les luthériens se sont rabattus sur le théâtre municipal, avec la volonté de « sortir dans le monde, là où la vie est représentée », comme l’a expliqué Engelhardt, un peu dépité.
 
Il ne semble pas qu’il se soit prévalu du discours actuel Rome qui qualifie Martin Luther de « témoin de la foi ».
 
Quant à la résistance de Mgr Burger, elle est remarquable, par les temps qui courent.
 

Anne Dolhein