Inconnu hier, aujourd’hui favori des sondages, Emmanuel Macron est une sorte d’hologramme produit par le système pour occuper la case « ni droite ni gauche ». Est-il centriste, gaulliste, fasciste, ou « ailleurs » comme se voulait naguère un Michel Jobert ? Son ascension force à poser la question, au cas où il serait élu.
Fillon est méchant, il est chrétien, il est gaulliste, il a envie de réformer la sécurité sociale pour éviter la faillite, il est copain avec Poutine, il discuterait le coup avec Bachar el Assad s’il était élu. Bref il est urgent de le stopper, et les sondages s’y emploient. Selon l’un 57 % des Français ont une mauvaise opinion de lui, selon l’autre 55 % d’entre eux lui préféreraient Macron au second tour, selon le troisième, qui porte sur les intentions de vote, Macron, qui ne serait pas sélectionné pour le second tour, est cependant testé, et battrait Fillon par 52 % contre 48 %. Étonnante, cette hypothèse d’école : vous n’êtes pas au deuxième tour mais vous le remportez quand même.
Ni à gauche ni à droite : favori des sondages
Macron est donc le favori du système, qui montre envers lui sa complaisance jusqu’à l’absurde, depuis que son ancien champion, Juppé, a mordu la poussière. C’est normal, c’est une pure créature dudit système, une mayonnaise montée en quelques mois. Avant-hier bébé à sa Brigitte, hier ectoplasme chouchou de Hollande, cet hologramme d’adolescent aussi pressé qu’attardé se prend pour un homme politique depuis qu’il a poussé quelques cris en s’éraillant la voix lors d’un meeting . Les internautes l’ont joliment croqué en héros de Dragon Ball Z, série cosmique pour enfants. La question est de savoir, maintenant que le système médiatique nous le présente comme un vrai candidat, où il compte aller. Mais le sait-il lui-même ?
Macron serait-il gaulliste ou fasciste ?
Le créneau ni droite ni gauche a été occupé en France par des gens qui prétendaient refuser « un clivage artificiel et dépassé ». C’est une posture aussi bien gaulliste que fasciste ou centriste. A quelle famille Macron appartient-il ? Quand il s’invite chez Villiers, célèbre Jeanne d’Arc à Orléans ou dit des choses surprenantes sur Louis XVI, on se demanderait presque s’il ne nous la jouerait pas « fasciste ». Quand on le voit refuser la primaire et les partis, faire de grands gestes avec ses bras, on lui trouverait un petit côté gaulliste. Quand on constate les excès où le portent la fièvre des meetings politiques, on se dit qu’il est résolument ailleurs, et même carrément à l’ouest.
Un parfait hologramme centriste
Mais quand on considère ses soutiens (par exemple, l’inusable Jean-Arthuis, ce concentré d’extrait sec de Sénat, de Parlement européen et de centrisme), et quand on ouvre son programme, son tropisme pour Bruxelles et la banque, on ne se pose plus de question, c’est un centriste pur jus. Macron c’est l’éternelle omelette coupée aux deux bouts, avec du ketch up dessus pour séduire les jeunes. C’est la bonne vieille ragougnasse centriste servie avec un peu de persil, quelques tomates cerises et présentée comme la nouveauté absolue. Reste à savoir s’il trouvera vraiment quelques clients en dehors des sondages ou si on le rangera comme Juppé, Veil, Rocard et quelques autres au vestiaire des hologrammes éteints avant d’avoir jamais servi.
Pauline Mille