Le nom des ministres que nomme aujourd’hui Macron n’a aucune importance, la procédure est tout, et le but : adapter la France au mondialisme. Pour accomplir cette réforme vitale, le rocardien juppéiste Edouard Philippe a composé un gouvernement optimal.
Remettre la France en ordre. C’était le slogan de Marine Le Pen, ce sera la réalité de Macron, président optimal. N’y voyez nulle ironie. Le tout est de savoir quel ordre, et pour quoi. Pour qui, pour quoi Macron sera-t-il un président optimal ? En quoi continuera-t-il l’œuvre du président normal élu chef d’Etat de l’année 2016, en quoi s’en distinguera-t-il ? Comment mettra-t-il en œuvre la réforme vitale que les médias appellent de leurs vœux et pour laquelle ses commanditaires l’ont installé à l’Elysée : adapter la France au mondialisme.
Un président optimal salue la foule même quand elle n’existe pas
Malgré la mauvaise humeur du FN et de Mélenchon, tout le monde s’accorde à dire que le président Macron fait un sans faute depuis qu’il a été élu. Un discours très digne inscrit dans la continuité de l’Etat, des cérémonies classiques avec la musique idoine, un hommage appuyé aux armées et à la police, l’image est parfaite, très « régalienne ». Bien sûr, ce n’est qu’une image, et le film de sa descente des Champs Elysées vers la Concorde, où l’on voit le président saluer avec application une foule qui n’existe pas, est assez loufoque : mais tout est dans la communication, et l’essentiel est le geste, présidentiel, et le sourire, celui d’un Jupiter encore juvénile. On est dans la représentation, l’étiquette, la posture, et dans ce travail Macron est optimal.
Macron nomme un gouvernement de réforme de la France
La chronologie de la nomination du nouveau gouvernement montre la même science. Depuis plusieurs jours, le nom du favori à la fonction de premier ministre avait transpiré, et quand, au bout d’une attente un peu rallongée à dessein, il a été confirmé, cela fut pour le public comme la fin heureuse d’une belle histoire : Macron et son équipe ont médité les leçons du cinéma américain, ils savent l’importance primordiale du Happy End.
L’attente prolongée a moins servi à exploiter un suspense quasi inexistant qu’à faire la pédagogie de ce que représente le nouveau premier ministre. Edouard Philippe incarne le coming out de ce que le FN nomme depuis des années « l’UMPS » et qui revient en fait à rendre officiel le nouveau paradigme de notre démocratie postmoderne : la fin de l’opposition droite gauche qui structurait notre vie politique depuis la révolution française. D’abord rocardien, puis juppéiste, fort critique envers Macron jusqu’à ces dernières semaines en raison de sa situation chez les Républicains, il entre maintenant au service du nouveau président pour signifier que ces catégories sont devenues obsolètes.
Macron : un processus optimal de nomination du gouvernement
Une fois nommé le premier ministre, la composition du gouvernement a occasionné un retard supplémentaire. Initialement prévue pour mardi, sa présentation a été repoussée à aujourd’hui. Là aussi, la chose a été pensée par le président optimal. Il s’agissait non pas de procéder à d’ultimes dosages d’appareil comme sous l’ancien régime, mais au contraire de montrer que Macron tient ses promesses : on a pris le temps de vérifier le patrimoine des uns et des autres, de façon qu’il ne puisse y avoir de mauvaise surprise de type Thévenoud ou Cahuzac. Petit bonus, la chose a déplacé le premier conseil des ministre à demain jeudi, ce qui fait passer le message suivant : le président, bien qu’il soit très attaché au décorum lorsque celui-ci manifeste l’autorité de l’Etat, sait bousculer les habitudes lorsqu’il s’agit de l’intérêt des contribuables et des citoyens. C’est ce processus qui est important (Macron tient ses promesses et renouvelle la vie politique), non pas la composition exacte du gouvernement : savoir si les espoirs d’un Le Maire, d’un Bayrou, d’un Le Drian ou d’une NKM ont été satisfaits n’intéresse pas les Français, l’essentiel est qu’ils sachent qu’il y a au gouvernement des hommes de droite, de gauche, du centre, de la société civile, tous prêts à mener la réforme vitale de la France avec Macron.
Remettre la France en ordre pour l’adapter au mondialisme
François Hollande et Nicolas Sarkozy, tout en essayant de la mener, n’y sont pas parvenus parce qu’ils restaient dans le cadre hérité de la révolution française, droite contre gauche. Avec l’élection de Macron, le PS et les Républicains associés à l’UDI ont été éliminés au profit des extrêmes, FN et France insoumise, que le nouveau président, nouveau Saint Georges a facilement terrassés en la personne de Marine Le Pen
Dans ce nouveau cadre, modernité et réforme contre extrêmes, mondialisme contre nation, Macron va pouvoir mener la réforme globale de notre pays, présentée comme vitale par ses partisans, c’est-à-dire l’adaptation de notre pays au mondialisme. Pour ce faire, il va remettre la France en ordre, il va mettre fin aux désordres révolutionnaires pour commencer à bâtir l’ordre révolutionnaire, le Nouvel Ordre Mondial dont il est le représentant.
La nécessité vitale pour Macron d’être un président optimal
Le boulot a été commencé par François Hollande dans le domaine dit « de la société ». Sur l’avortement, le mariage pour tous, la promotion LGBT, le mondialisme a imposé à peu près son ordre, il ne reste que du fignolage à faire, sur la GPA, l’euthanasie. Mais sur le reste, le désordre et les échecs de Hollande étaient si patents que le peuple n’en pouvait plus et se trouvait tenté par les extrêmes. C’est fini maintenant. Pour faire passer la pilule du mondialisme, Macron va être le meilleur des princes, le président optimal, il va tout remettre en ordre.
Pas seulement l’économie (à la vérité, ce sera le plus délicat). Mais l’école, avec lui on va réapprendre à lire et à compter, et pourquoi pas remettre un tablier. La sécurité, aussi. Il va mettre le paquet contre le terrorisme, et contre les « incivilités » de banlieue – il sera un président sécuritaire. Il faut montrer au petit peuple qu’on peut vivre en paix dans l’Empire du mondialisme. En même temps, Edouard Philippe, l’ami de l’islam en est le garant, on se fera bien voir de la communauté musulmane par la laïcité dite positive, qui reconnaît toutes les religions dans l’espace publique et leur donne pour ainsi dire un pouvoir de police communautaire. Ainsi l’ordre règnera et le peuple louera Macron. Macron, c’est le mondialisme à visage humain, enfin.
En France, les faux opposants servent la réforme du mondialisme
Le rôle des faux opposants est très important dans ce dispositif. Il y a d’abord la « droite traditionnelle » qui refuse de se rallier avant les législatives : elle affecte de se situer encore dans l’alternative droite gauche afin d’éviter que les électeurs radicalisés qui n’ont pas osé voter Marine Le Pen à la présidentielle ne se portent aux législatives sur des listes d’extrême droite pour faire barrage à Macron et à son gouvernement. Ces voix qui pourraient s’opposer au mondialisme sont ainsi dérivées sur des partis qui soutiendront plus tard le processus en cours.
De l’autre côté se situe « l’extrémiste » Mélenchon, dont l’emploi est d’être extrémiste pour dériver une part de la colère populaire sur l’altermondialisme, qui est une fausse opposition au mondialisme, qui n’est qu’une forme de gauche du mondialisme, et qui, tout en exploitant la colère que suscitent certaines institutions internationales, ne défend ni l’identité de la France ni sa souveraineté.
Avec ce système, pour peu qu’il ait le doigté suffisant pour circonvenir les syndicats et contenir la rue, Macron peut réaliser la synarchie de la banque et du socialisme et réussir à adapter la France au mondialisme.