Macron : les contradictions d’un président en chantier

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Dans son interview du 14 juillet reporté de dix jours pour cause d’émeutes, Emmanuel Macron s’est félicité sans complexe des résultats du chantier qu’il avait lancé pour « cent jours ». Il a également lancé quelques slogans (« L’ordre, l’ordre, l’ordre ! ») et promesses : « un professeur devant chaque classe » ; « plusieurs milliards d’euros en plus » pour la transition écologique « dès l’année prochaine » ; les ménages les moins aisés « accompagnés » pour régler leur facture d’électricité ; deux milliards d’impôts en moins « d’ici la fin du quinquennat ». A vouloir ainsi attraper tout et tout le monde, il a exhibé ses contradictions, les contradictions d’un président démagogue qui poursuit coûte que coûte sa politique, jusqu’à risquer l’explosion.

 

Premier chantier : celui de l’autorité

Le premier « chantier » que le président va lancer, « dès la fin de l’été » sera celui de « l’autorité parentale ». Parce que, pour rétablir l’ordre, « notre pays a besoin d’un retour de l’autorité à chaque niveau, et d’abord dans la famille ». Après cette déclaration lapidaire destinée à rassurer les Français et montrer qu’il y a un chef à la tête de l’Etat, Emmanuel Macron a laissé couler des paroles sinueuses et insignifiantes à force d’être prudentes, à propos d’une affaire capitale en matière d’ordre et d’autorité, celle du policier de Marseille accusé d’avoir tabassé un jeune délinquant, poursuivi pour cela par la justice et placé en détention provisoire. Macron a dit « entendre l’émotion des policiers » mais veut faire « respecter l’Etat de droit », en concluant : « Nul en République n’est au-dessus de la loi. » Cela ne mange pas de pain.

 

Quelques contradictions en matière d’ordre public

Rappelons les faits : quatre policiers, durant les émeutes qui ont ensanglanté la France avec le soutien des médias et de l’extrême gauche mélenchonistes, sont accusés d’avoir très violemment frappé un « jeune ». L’un d’entre eux a été mis en préventive. Cela provoque la grogne d’une police qui en a gros sur la patate, et « empêche de dormir » son directeur général, Frédéric Vaux, qui estime sans nier la gravité des faits incriminés, qu’en attendant un éventuel procès, « la place d’un policier n’est pas en prison ». Ces propos ont été tenus pour calmer une police que les récentes émeutes, et le travail qui lui est demandé, ont mise en rage. Mais ils ont eu pour effet d’exciter la gauche, laquelle accuse Vaux de léser la règle de séparation des pouvoirs. Le procès n’est pas bon, car ce n’est pas préjuger d’un procès que d’estimer que les conditions de la prison préventive ne sont pas réunies (et dans le cas des policiers de Marseille, elles ne le sont à l’évidence pas).

 

Macron, président du « et en même temps »

Au-delà du détail de l’affaire, c’est le réseau de contradictions dans lequel se trouve pris Emmanuel Macron qui est intéressant et qui régit son destin de président. En tant que président de la République, il se trouve à la fois forcé de rassurer le peuple et de rasséréner la police, qui reste la seule force qui le préserve de l’aversion massive et des émeutes qu’il a lui-même suscitées, donc d’entonner son couplet sur l’ordre et l’autorité, et de plaire aux élites progressistes dont il est le représentant, d’où l’autre couplet sur l’Etat de droit, « le cadre républicain » et « les lois démocratiquement votées ». C’est la tactique du « et en même temps » qui a illuminé le début du premier quinquennat et qui se perpétue dans tous les domaines. Par exemple l’immigration où il faut à la fois « que le pays soit mieux protégé dans ses frontières » et qu’il « intègre mieux ceux qui sont là ».

 

Edouard Philippe, l’ami du président Macron

Au-delà de cette rhétorique électoraliste qu’on pratiquait déjà sur les foirails de la Troisième République, le président illustre là une véritable conviction politique. Il l’a dit, il ne se sent qu’un maillon d’une chaîne. Et s’il a félicité son Premier ministre actuel, Elisabeth Borne, pour son efficacité, il a loué Edouard Philippe, « un ami », son premier Premier ministre. Interrogé sur sa succession, il a répondu : « Je tiens à ce qu’il y ait vraiment une suite à ce qu’on a mis en place. Et que celles et ceux qui m’ont accompagné depuis maintenant six ans puissent prendre le relais. » Le nom d’Edouard Philippe, l’homme qui a imposé le 80 km/h sur les routes, provoquant la fronde des gilets jaunes, l’homme aussi qui a mis en route en France l’extraordinaire exercice d’ingénierie sociale que fut le covid, est révélateur de l’intention de Macron de continuer dans cette voie.

 

Derrière les contradictions, l’ordre mondial en chantier

Edouard Philippe ou un autre, il faut bien comprendre qu’Emmanuel Macron n’est pas fondamentalement un président choisi par le peuple, mais un homme choisi par la Révolution mondialiste pour diriger le peuple au mieux des circonstances – et la ligne choisie pour lui devra être maintenue. La façon dont il exploite une crise des banlieues provoquée par sa politique d’immigration et sa politique en matière de sécurité est révélatrice. Puisque les Français souhaitent – à juste titre – plus d’ordre, il va en profiter pour instituer « un ordre public numérique » permettant « de prévenir les débordements » ! C’est merveilleux : puisque les réseaux sociaux auraient une responsabilité dans les émeutes (laquelle ? Où, quand ?), on va fliquer un peu plus internet, sous couleur de « cadre républicain ». Imposer un peu plus la pensée unique. Les émeutes de banlieue, certes bien réelles, ont été elles aussi un exercice d’ingénierie sociale : et cela montre la responsabilité de l’extrême gauche mélenchonienne dans la Révolution mondialiste. En langage populaire, quel chantier signifie quel désordre. Les chantiers du président Macron, dont il entend qu’ils soient continués, sont le chaos d’où sortira le Nouvel Ordre Mondial en France.

 

Pauline Mille