Mon maître d’école est un documentaire sur la dernière année scolaire d’un instituteur rural à la veille de la retraite. Ce type de sujet a rassemblé, lors de notre visionnage, un public d’enseignants, et plus encore d’enseignants retraités, très reconnaissables, dans une salle clairsemée. Pourtant, avec un scénario certes des plus consensuels, Mon maître d’école ne doit-il concerner que quelques anciens du métier ?
 
Bien au contraire, car il s’agit avant tout d’un beau film. Au-delà du portrait du vieil instituteur, compétent, il y a une intéressante approche d’une France qui se meurt, peut-être sans le savoir. Tous les enfants, sauf un, et encore est-il adopté, sont européens. Bien que vivants, ils sont bien élevés, capables de discipline. Lors d’une sortie en forêt, l’instituteur leur a proposé de prendre des bâtons, pour construire des cabanes. Nous avons frémi devant cette consigne « irresponsable » : avec des enfants de Seine-Saint-Denis, il est évident qu’ils se frapperaient violemment les uns les autres au moyen de cette arme primitive mais pouvant faire mal. Mais les enfants de cette campagne méridionale ont joyeusement respecté la consigne et édifié des cabanes…
 

Mon maître d’école : un portrait émouvant

 
L’ambiance qui règne est celle d’une véritable communauté humaine, à l’échelle des quelques villages autour de celui abritant l’école ; tous se connaissent, s’apprécient. Une solidarité réelle opère. Le handicapé mental est bien connu, intégré autant que possible, et suit même la classe de l’école primaire, ce qu’il a certainement de mieux à faire.
 
Toutefois, les discours dans l’air du temps de l’instituteur-maire ne nous ont pas séduis. Son radical-socialisme toulousain assez typique nous a mené où nous en sommes, même si les migrants ne sont pas encore arrivés à son village. Quant à sa pédagogie, elle reste fondamentalement assez traditionnelle et de bon sens, d’où des résultats appréciables.
 
Mon maître d’école est un film réussi, bien rythmé et bien monté. Il trace un émouvant portrait, même si l’on ne partage pas toutes ses idées, de cet instituteur rural.
 

Hector Jovien