Face à la menace de Brexit, David Cameron pose ses conditions

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Le Premier ministre britannique David Cameron vient de présenter indirectement, le 11 octobre, une liste de quatre conditions à respecter pour que le Royaume-Uni ne quitte pas l’Union européenne, selon le principe du fameux Brexit qui agite les esprits, tant à Londres qu’à Bruxelles, ces derniers mois. La menace semble, en effet, de plus en plus réelle, tant du fait de l’évolution de l’opinion britannique, que des discours tenus par les européistes, et les conditions posées par David Cameron apparaissent moins comme une exigence dans l’esprit du Premier ministre que comme le dernier rempart avant le divorce.
 

Les conditions de David Cameron

 
Selon ce qui ressort du document publié dans les colonnes du quotidien conservateur The Telegraph, David Cameron aimerait ainsi obtenir une exemption de la clause du traité de Rome prévoyant une « union toujours plus étroite » des Etats ayant adhéré à l’Union européenne. Il aimerait obtenir à cette fin une « déclaration explicite » de Bruxelles garantissant son pays contre toute évolution systématique vers davantage de fédéralisme, point crucial sur lequel l’opinion britannique pourrait définitivement basculer vers le Brexit.
 
Ces conditions principales et décisives sont au nombre de quatre :
 
• Le Royaume-Uni devra donc, comme le suppose le propos général, être tenu à l’écart de tout projet de super-Etat européen.
 
• Ensuite, l’euro devra être déclaré comme n’étant pas la devise officielle de l’Union européenne. Afin de protéger le statut de la livre sterling, le Premier ministre entend faire déclarer que l’Union reconnaît une « pluralité de monnaies ».
 
• Un système de veto devra en outre permettre aux parlements nationaux de pouvoir bloquer certaines directives européennes, voire d’abroger certaines lois européennes, qui ne correspondraient pas aux lois générales d’un pays.
 
• Enfin, le bloc des 28 (pour l’instant…) devra être réorganisé pour éviter que les 9 pays qui ne se trouvent pas dans la zone euro ne se voient imposer des vues qui leur sont étrangères par les 19 autres. Le point important étant, bien sûr, que nulle réglementation financière ne vienne contrarier les intérêts de la City…
 

La menace de Brexit

 
Evidemment, le Premier ministre britannique ne cherche pas à renforcer officiellement la position du Royaume-Uni, mais à faire admettre certains points qui seraient bons pour tout le monde…
 
… à commencer par le Royaume-Uni, bien sûr !
 
Mais, ce faisant, David Cameron se retrouve à la croisée des chemins, et l’Union européenne avec lui. Car, d’une part, il ne contente pas, par ses demandes, les eurosceptiques qui voudraient faire établir non des principes généraux, mais bien des points particuliers et spécifiques.
 
Mais surtout, il provoque Bruxelles sur des points fondamentaux qui semblent inacceptables, sauf à saper définitivement les fondements de l’Union européenne, telle qu’elle est actuellement conçue en tout cas.
 
En effet, si Londres obtient des dispenses, voire la possibilité de s’opposer à certaines dispositions européennes dans les domaines tant législatif, qu’économique et politique, et si chacun des Etats-membres peut faire de même, l’Union européenne est morte. On voit bien la difficulté qu’il y a, à chaque sommet, et quel que soit le propos, à obtenir un consensus des Vingt-Huit, pour ne pas mesurer que, leur offrir la liberté en ces matières qui fondent tant l’Union que ses traités, ce serait détricoter le machin. En tout cas, lui interdire définitivement d’aller plus avant.
 
Avant de s’opposer une nouvelle fois à David Cameron, les eurosceptiques feraient bien d’en prendre pleine conscience !
 

François le Luc