Mgr Reig Pla : « La famille et l’école catholique, des minorités créatives capables de changer la société »

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Dans un entretien publié par la presse espagnole, Mgr Reig Pla, évêque d’Alcala de Henares près de Madrid, affirme que notre « époque de renfermement idéologique, d’oubli de Dieu et de rejet du Christ conduit actuellement vers la destruction de ce qui est humain ». Pour lui il n’y a qu’une réponse possible : « La famille et l’école catholique doivent reconnaître qu’elles sont des minorités créatives capables de changer la société », a-t-il déclaré.
 
Le diocèse de Mgr Reig Pla, évêque connu pour son engagement public en faveur du respect de la vie – il avait notamment assisté à une Marche pour la vie à Paris – organise du 10 au 12 mars prochain un congrès sous ce titre : « La famille chrétienne et l’école catholique, minorités créatives pour la rénovation de la société ». De manière très symbolique, les conférences se dérouleront dans le cadre du palais épiscopal.
 

Mgr Reig Pla, un évêque qui n’hésite pas à descendre dans la rue pour défendre la vie

 
Le prélat donne comme premier objectif de la rencontre « l’encouragement à l’action adressé aux parents et aux enseignants catholiques dans la situation présente, marquée par la confusion et l’ambiguïté ». Mgr Reig Pla ne faisait pas référence à l’Exhortation Amoris laetitia, dont il continue d’affirmer qu’elle est susceptible d’une interprétation orthodoxe, mais à la « dérive des partis politiques, des grands regroupements sociaux et même de la majorité des moyens de communications qui ont déserté le patrimoine culturel catholique et qui sont même en train de mettre en place la censure publique à l’égard de Dieu et de la tradition catholique ». C’est une situation qui donne à beaucoup de catholiques d’Espagne le sentiment d’être « orphelins », a expliqué l’évêque.
 
Précisant sa pensée par rapport à l’actuelle « destruction de l’humain », Mgr Reig Pla a rappelé les paroles de Benoît XVI : « L’humanisme qui exclut Dieu est un humanisme anti-humain », avant de déclarer :
 
« En ce moment les grandes idéologies (le relativisme culturel, le techno-nihilisme, l’idéologie du genre que rejoignent les théories queer et ciborg, le transhumanisme et le posthumanisme, etc.) traversent de manière transversale l’exercice de la politique, l’activité syndicale, les moyens de communication etc., en se présentant comme le paradigme culturel hégémonique. Cette nouvelle version de la culture a pour vecteur la manipulation du langage, la construction artificielle de récits sur l’idée de l’homme, la promotion de nouveaux droits et de nouvelles lois qui portent atteinte à la dignité de la vie humaine, à la sainteté du mariage et au bien social de la famille chrétienne, parvenant à imprégner le système éducatif et la régulation de la santé ».
 

La famille et l’école catholique peuvent changer la société, contre « l’enfermement idéologique »

 
Avec le congrès de la mi-mars, le diocèse d’Alcala espère faire progresser une « anthropologie adéquate » selon le mot de Jean-Paul II, appuyée sur les contenus de l’anthropologie chrétienne : « l’unité de la personne (corps-esprit), la différence sexuelle (homme-femme), et, comme réponse à la blessure du péché (originel et actuel), la rédemption du corps et du cœur. Nous ne pouvons pas oublier que, comme nous le rappelait Benoît XVI, « il faut affirmer aujourd’hui que « la question sociale est devenue radicalement une question anthropologique » (Caritas in veritate, 75) » ».
 
Toutes choses nécessaires non seulement à l’éducation, mais à la possibilité même d’une éducation, selon le prélat. « Sans une saine conception de la personne humaine il est inutile de prétendre mettre en place des politiques familiales justes et des lois qui fassent la promotion de la perfection de la personne humaine et du bien commun. Il faut une nouvelle fois rappeler que la fin de la société est justement la fin de la personne. C’est pourquoi la famille, l’école, les relations sociales et la politique elle-même doivent toutes converger pour procurer les biens qui définissent la personne ».
 

Les minorités créatives face au rouleau compresseur de la politique et des médias

 
Pour Mgr Reig Pla, il faut des minorités créatives capables de transformer aujourd’hui la société, en l’occurrence la famille chrétienne et l’école catholique qui constituent le « germe d’espérance » au service de la nouvelle évangélisation. « C’est ainsi qu’il en a été tout au long de l’histoire, il suffit de rappeler la chute de l’Empire romain ou la situation de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale », a-t-il déclaré. En quelques mots : « Engendrer de nouveaux chrétiens » en redonnant à l’amour conjugal toute sa force, « non affaiblie par l’émotivisme », et retrouver le seul « art de vivre » possible qui nous a donné par le Christ. « Seul peut nous apprendre à vivre celui qui est la vie même est le vainqueur de la mort. Avec lui, nous devons récupérer l’héritage et le patrimoine culturel catholique qui à travers les initiatives de tant de saints a permis de vérifier la cohérence de l’éducation catholique », a-t-il expliqué.
 
Et cela suppose, a-t-il conclu, de ne pas s’en tenir au « réductionnisme » qui ne voit que « l’intérêt général » ou « la société du bien-être », incapables de réaliser le bien des personnes qui « jamais ne se réduit aux intérêts subjectifs des individus ni ne s’épuise avec le bien-être ». « Tant l’activité économique que la politique doivent de nouveau se poser la question du « bien intégral de la personne » », affirme Mgr Reig Pla : « Une société qui a des racines chrétiennes est celle qui se construit en fonction du bien commun comme anticipation du règne social du Christ ».
 
Où l’on comprend que la laïcité est sans issue.
 

Jeanne Smits