Fuyant le Barnevernet, les services sociaux de son pays avec son bébé, une Norvégienne demande l’asile en Pologne !

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Non, il ne s’agit pas d’une maman alcoolique ou violente : la Norvégienne qui demande l’asile en Pologne pour fuir les services sociaux est une maman normale à qui on veut arracher son bébé. Le Barnevernet, c’est-à-dire l’Office de protection des droits des enfants, ce sont les services sociaux d’un Etat qui souffre d’une vraie dérive totalitaire : la Norvège. Fait exceptionnel, 9 plaintes contre ce pays sont aujourd’hui examinées par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à propos des pratiques du Barnevernet en violation de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme qui a trait au respect de la vie privée et familiale.
 
De tous les services sociaux européens, le Barnevernet est celui qui a la main la plus lourde et qui arrache les enfants à leur famille pour les raisons les plus futiles et les plus arbitraires. Silje Garmo en sait quelque chose, elle à qui l’État norvégien a déjà pris sa première fille, aujourd’hui âgée de 12 ans, à la suite d’une simple dénonciation. On l’a accusée d’abuser des médicaments contre la douleur, d’avoir « un style de vie chaotique » et de souffrir de surmenage. Lorsqu’elle est tombée enceinte de son deuxième enfant, le Barnevernet s’est donc à nouveau intéressé à Silje Garmo, examinant systématiquement les résultats de ses prises de sang pour y déceler les traces d’une consommation excessive de médicaments. N’ayant rien trouvé, l’institution a malgré tout adressé un ultimatum à la pauvre maman : soit elle acceptait de séjourner dans un centre spécial, soit on lui enlèverait son enfant à la naissance pour le placer dans une famille d’accueil.
 

Même quand la justice norvégienne lui donne tort, le Barnevernet ne rend généralement pas les enfants à leurs parents

 
Or il faut savoir qu’une fois placés dans une famille d’accueil, les enfants retirés à leurs parents par le Barnevernet leur sont rarement restitués, même en cas de décision de justice renversant les accusations des services sociaux, car l’on considère que cela pourrait causer un traumatisme à l’enfant qui s’est habitué à son nouveau milieu. C’est aussi pour cela que le Barnevernet limite très fortement les contacts des parents biologiques avec leur enfant, comme dans le cas de la Tchèque Eva Michalakova, à qui l’on avait retiré ses deux enfants en 2011 sur des soupçons de sévices sexuels qui n’ont pas été confirmés par la justice. Ce n’est pas pour autant que Mme Michalakova a pu récupérer ses enfants, aujourd’hui âgés de 8 et 13 ans, et ses contacts avec eux ont été limités à deux fois quinze minute par an, en présence de fonctionnaires du Barnevernet et en norvégien uniquement ! L’affaire a causé des tensions diplomatiques entre la Norvège et la Tchéquie, mais c’est le Barnevernet qui a eu le dernier mot, à tel point que même le grand-père tchèque des deux enfants n’a pas eu le droit de les revoir une dernière fois avant de mourir il y a quelques jours de cela.
 

Ce n’est pas un hasard si la Norvégienne Silje Garmo a choisi la Pologne pour y demander l’asile

 
En 2011, une mère de famille polonaise avait réussi à faire enlever dans sa famille d’accueil sa fille de 9 ans, avec la coopération de cette dernière, pour la ramener en Pologne. Elle avait engagé pour cela un détective privé polonais et son équipe et avait bénéficié de l’aide du consul de Pologne, ce qui avait provoqué un incident diplomatique entre la Norvège et la Pologne. Silje Garmo a des amis polonais et elle sait que plusieurs familles polonaises se sont battues contre le Barnevernet et que leur cas a été très médiatisé en Pologne. Elle sait aussi que le pays de saint Jean-Paul II est attaché à l’institution familiale et respecte mieux que d’autres les droits des parents et des enfants.
 
Après avoir séjourné dans le centre spécial qui lui avait été imposé en Norvège, et où les mères sont contrôlées de très près par les services sociaux et terrorisées par le spectacle des colocataires auxquelles on finit en général de toute façon par arracher de force leur(s) enfant(s), elle a donc pris le parti de chercher refuge sur les bords de la Vistule. Elle a emmené avec elle Eira, sa fille de huit mois, en passant par la Suède, le Danemark et l’Allemagne. Arrivée en Pologne, elle vient de déposer une demande d’asile, pour éviter que la Norvège ne puisse demander son extradition. Sa fuite la rend passible d’une peine de deux ans de prison et lui fait perdre toutes ses chances de pouvoir conserver son enfant. Sa demande d’asile est en cours d’examen et, s’il lui est accordé, son cas pourrait faire jurisprudence. Selon le quotidien polonais Nasz Dziennik, qui a le premier dévoilé cette affaire, plusieurs autres ressortissants norvégiens s’apprêtent à demander l’asile en Pologne pour le même type de raisons.
 
Descendante de Christian Krohg, homme d’Etat norvégien du début du XIXe siècle, Silje Garmo témoigne dans Nasz Dziennik : « C’est très triste pour moi, parce que j’avais toujours été très fière de la Norvège. Mon ancêtre a écrit la constitution norvégienne, et moi je dois fuir ce pays. »
 

Les services sociaux norvégiens auront bien du mal à convaincre les tribunaux polonais de la nécessité de séparer l’enfant de sa mère

 
Le Barnevernet a informé la police norvégienne et demandé que l’enfant lui soit remis, mais Silje Garmo était déjà en Pologne. Même sans la protection provisoire que lui confère sa demande d’asile, les arguments avancés par les services sociaux norvégiens ont peu de chance de convaincre les tribunaux polonais. Et ce d’autant plus que la Norvégienne a subi en Pologne des examens médicaux, psychologiques et psychiatriques complets, et que les médecins n’ont constaté aucun trouble particulier. Son enfant Eira est en bonne santé et se développe normalement.
 

Olivier Bault