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I am not Madame Bovary ♥

 
I am not Madame Bovary est le titre de diffusion international d’un film chinois. Il s’agit d’une traduction-interprétation de l’original chinois Wo bu shi Pan Jin Lian, ce qui signifie je ne suis pas une Pan Jin Lian. Pan Jin Lian est dans la littérature chinoise, depuis l’époque ancienne des Songs (960-1279), le personnage typique de la mauvaise épouse : dans un des romans chinois les plus célèbres, Pan Jin Lian trompe son mari, puis le fait assassiner par son amant. Ainsi qualifier une femme de Pan Jin Lian est une des pires insultes possibles dans la culture chinoise. Il est dommage donc que le titre de diffusion en France fasse référence à Madame Bovary, le personnage central du roman de Flaubert. Outre que l’on manque l’occasion de faire découvrir dès le titre le personnage chinois culturellement important de Pan Jin Lian, Madame Bovary a été certainement une épouse calamiteuse et ô combien infidèle, mais qui n’a nullement fait tuer son mari. La comparaison n’est donc pas si pertinente.
 
I am not Madame Bovary propose une histoire singulière. Il renvoie au contexte de la Chine méridionale profonde d’il y a une vingtaine d’années. A cette époque et à cet endroit, l’attribution des logements s’effectuait encore suivant le cadre du socialisme, avec des critères administratifs complexes. Ainsi, un couple marié, qui se sent à l’étroit dans son appartement, peut espérer, en divorçant, puis se remariant, recevoir au final un plus grand appartement, lié non plus à la gestion socialiste du parc immobilier de la municipalité, mais à celui de l’entreprise du mari. La manœuvre est expliquée dans le film. Seulement, un an près le divorce, légal mais en principe factice par convention morale des époux, le mari épouse une autre femme. Evidemment, sa première épouse, légalement divorcée, est furieuse…
 

I am not Madame Bovary, un tableau de la culture chinoise volontairement long et répétitif

 
Curieusement, au lieu de se résigner, et de tenter de reconstruire son existence, elle réclame l’annulation du divorce. La requête paraît peu sensée, voire dangereuse, car elle impose d’avouer une manœuvre évidemment illégale, et ce, hier comme aujourd’hui, dans le cadre d’une dictature communiste. Le mari, agacé, la qualifie de Pan Jin Lian…Publiquement insultée de la sorte, elle s’obstine d’autant plus dans sa requête, ce qui s’explique dans le contexte culturel chinois. Aussi, elle fatigue durant dix ans la justice en place comme l’administration, de son village jusqu’à Pékin. Cette histoire tient là largement du conte. Les cadres communistes, au lieu de l’écouter, embarrassés, l’auraient fait enfermer comme folle, surtout qu’elle prétend vouloir faire annuler le divorce pour divorcer de l’infidèle…
 
I am not Madame Bovary intéresse par tout ce qu’il dévoile de la culture chinoise. Les cadres communistes veulent s’inscrire dans la filiation confucéenne, du moins dans la représentation très idéalisée du film. La grande faiblesse de cette œuvre réside dans sa longueur et son aspect répétitif, bien que parfaitement volontaire.
 

Hector JOVIEN

 
Not Madame Bovary Drame Film