L’ONU a son nouveau secrétaire général, Antonio Guterres

ONU nouveau secrétaire général Antonio Guterres
 
Le Conseil de sécurité des Nations unies vient d’exprimer son soutien unanime à l’élection d’Antonio Guterres, ancien Premier ministre – socialiste, bien sûr – du Portugal, au poste de secrétaire général de l’ONU, où il remplacera donc selon toute vraisemblance Ban Ki-moon, qui arrive au terme de son deuxième et dernier mandat à la fin de cette année. Sa candidature avait été proposée par le Portugal en janvier 2016, comme l’avait annoncé l’actuel Premier ministre Antonio Costa au quotidien (socialiste) Publico. Il a été préféré à des personnalités comme Irina Bokova, directrice de l’Unesco, ancien membre du parti communiste bulgare, qui avait la faveur de grands noms de la politique et de la finance en France notamment, comme nous le contions sur réinformation.tv il y a quelques mois. On attendait aussi une femme : Christiana Figueres, « Madame Réchauffement Climatique » était elle censée avoir de bonnes chances. Mais Guterres creusait son avantage depuis quelques mois.
 
La nomination d’un nouveau secrétaire général de l’ONU se fait sur candidature personnelle soutenue par le pays d’origine de l’impétrant, puis par élection qui passe d’abord par le Conseil de sécurité avant de venir devant l’Assemblée générale des Nations unies – dernière étape qui reste à franchir pour le Portugais. Drôle de processus pour un des hommes les plus influents au monde, même si son rôle est censé n’être qu’exécutif.
 

Le probable nouveau secrétaire général de l’ONU a le soutien unanime du Conseil de sécurité

 
Le Coréen Ban Ki-moon a montré par ses choix et ses prises de position idéologiques, notamment en faveur des « droits LGBT », combien peut peser le chef d’un organisme qui ne se substitue pas aux Etats souverains mais qui en rêve, dirigeant discrètement les politiques nationales vers un but clairement défini. Aujourd’hui, ce sont les Objectifs du développement de 2030, les fameux ODD qui mêlent lutte contre le « changement climatique » et rééquilibrage mondial des richesses entre les pays développés et les autres, et promotion de l’avortement, de la contraception et de la liberté sexuelle au nom des « droits des femmes », le tout dans le cadre d’un programme extrêmement précis et détaillé. C’est la course vers la gouvernance mondiale qui peut fort bien s’accommoder de l’existence formelle des nations, pourvu que chacun respecte la marche à suivre.
 
Catholique « fervent », selon la presse, Guterres se dit personnellement opposé à l’avortement, et lors d’un référendum sur sa dépénalisation en 1998 au Portugal, proposé par le parti socialiste, il avait refusé de faire campagne en sa faveur, et le projet avait été rejeté. Comment se sortira-t-il de cette contradiction alors que les agences de l’ONU militent ouvertement pour le « droit à l’avortement » ?
 
Une chose est sûre : si Guterres n’était pas un convaincu des ODD – et à cet égard l’appartenance socialiste est un « plus » – il ne serait pas arrivé en tête des neuf candidats encore en lice.
 

Antonio Guterres prêche « l’accueil des réfugiés »

 
Antonio Guterres a pour lui, du point de vue de la nomenklatura onusienne, d’être un habitué des lieux. Il vient d’achever son mandat à la tête du Haut-Commissariat pour les réfugiés où il a eu en particulier à s’occuper de la crise syrienne. Le simple fait qu’il soit lié de près ou de loin à cette crise des migrants qui a vu déferler sur l’Europe des centaines de milliers de « réfugiés », « demandeurs d’asile » et simples chercheurs de lendemains meilleurs devrait inciter à la prudence. Il avait fait pression pour « l’accueil » des réfugiés dans les pays d’Europe. Et l’ONU, qui vient certes en aide aux personnes déplacées, est aussi et surtout très favorable aux migrations et au mélange des peuples.
 
 A son poste au HCR, Antonio Guterres a milité pour le droit d’asile des « LGBT persécutés », comme le relevait avec satisfaction un site « chrétien pro-gay » hispanophone que nous citions ici en juillet. A cette date déjà, c’est le Portugais qui avait obtenu le plus d’« encouragements » de la part du Conseil de sécurité.
 
Pour la première fois lors d’une élection du nouveau secrétaire général de l’ONU, les candidats ont été invités à faire une sorte de profession de foi qui a été publiée en ligne pour chacun d’entre eux sur le site des Nations unies. Celle de Guterres fait six pages. Sa « vision stratégique » démarre sur le constat de « l’extrême inégalité » engendrée par « la globalisation et le progrès technique », responsables selon lui à la fois d’une « croissance économique extraordinaire et d’une extrême pauvreté » et d’« une exclusion encore plus intolérable ».
 
Comme tout globaliste qui se respecte – c’est-à-dire, celui qui face à la mondialisation qui est une réalité, prône des mesures qui relèvent de l’idéologie mondialiste pour imposer des solutions supranationales – Guterres énumère toutes les catastrophes qui nous attendent selon les marchands de peur : terrorisme, crime organisé international, épidémies dévastatrices, changement climatique. Guterres parle ainsi de « l’approche holistique » – un mot ; un concept du vocabulaire New Age – pour créer « des liens qui se renforcent mutuellement entre les trois piliers » que sont « la paix et la sécurité, le développement durable et les politiques de droits de l’homme ».
 

Guterres, ancien chef de gouvernements truffés de francs-maçons

 
Trois piliers ? Trois points ? La presse qualifie Guterres de « Socialiste modéré », qui a d’ailleurs présidé l’Internationale socialiste entre 1995 et 2000. Au Portugal, certains assurent qu’il a appartenu – ou qu’il appartient encore, qui sait – à l’Opus Dei. Il n’a jamais confirmé cette rumeur. Mais dans la grande presse portugaise, on souligne aussi sa proximité avec la maçonnerie, qui ne tarit pas d’éloges à son sujet. Et il faut souligner aussi qu’en tant que Premier ministre du Portugal de 1995 à 2002, il a dirigé des gouvernements qui comptaient tant de ministres et de secrétaires d’État appartenant à la loge Convergência, du Grand Orient Lusitanien, que celle-ci était connue parmi les francs-maçons comme « le cabinet ».
 
En tant que chef du gouvernement portugais, Guterres a mérité la reconnaissance expresse de la Conférence mondiale des Grandes Loges maçonniques régulières qui s’est tenue dans les villes balnéaires d’Estoril et de Cascais, près de Lisbonne en 1996. Dans leur déclaration finale, les Grands Maîtres de 43 Grandes Loges participantes disaient leur « profonde considération pour la manière dont les autorités portugaises considèrent la maçonnerie, ce qui a été confirmé au cours des réceptions données par Son Excellence le président de la République, M. Jorge Sampaio, Son Excellence le Premier ministre, M. Antonio Guterres » et quelques autres.
 
Il est vrai que l’histoire du Portugal est celle d’une longue connivence avec la maçonnerie, avec son lot de persécutions de l’Eglise catholique et des congrégations religieuses. Raison de plus pour un catholique « fervent » de ne pas favoriser ce type de réception quasi officielle…
 

Antonio Guterres et les Objectifs du développement de l’ONU

 
La télévision portugaise RTP elle-même souligne que l’actuel gouvernement, qui a donc si fortement soutenu la candidature Guterres, comporte au moins quatre maçons, et ne craint pas d’affirmer que « tous les Premiers ministres de l’ère démocratique eurent toujours un bras droit maçon », comme le rapporte le site portugalconfidencial.
 
Quoi qu’il en soit, les protestations de fidélité aux Objectifs du développement et aux accords de la COP 21 que multiplie Guterres dans sa « vision stratégique » sont rassurantes pour les globalistes. Pour atteindre les Objectifs de 2030, écrit-il, « le mot d’ordre est mis en œuvre, mise en œuvre, mise en œuvre » : une incantation qui a dû plaire.
 
Outre les droits de l’homme que Guterres veut voir au premier plan de toute l’action de l’ONU, il est comme Ban Ki-moon persuadé que « l’ONU doit être en premier rang du mouvement global vers l’égalité de genre, aspect inaliénable et indivisible de tous les droits de l’homme et des libertés fondamentales : il faut passer de manière progressive d’une perception des femmes et des jeunes filles comme sujets de protection vers la promotion de leur autonomie ; d’une focalisation isolée sur les femmes au “gender mainstreaming” », expressions qu’on peut traduire par « l’intégration des questions sexospécifiques » ou la « transversalisation de la question hommes-femmes ».
 
La migration ? « Elle doit être une option, et non pas une nécessité ; elle doit être le résultat de l’espoir, et non du désespoir. »
 
Et la paix ? Guterres rêve d’une « architecture opérationnelle pour la paix qui soit globale, moderne et efficace », axée sur la prévention et sur l’autonomie des femmes et des jeunes filles.
 

La vision stratégique du nouveau secrétaire général des Nations unies passe par les « valeurs » du Coran, des Evangiles, du canon bouddhique…

 
Face au terrorisme, il affirme « le droit légal et le devoir moral de la communauté internationale d’agir collectivement pour y mettre fin… sans jamais céder à la peur ni abandonner nos valeurs ». Ces valeurs constituent, poursuit-il, la « force vive de la mobilisation contre l’intolérance, l’extrémisme violent et la radicalisation », qu’il faudra empêcher en « promouvant l’inclusion, la solidarité et la cohésion des sociétés multi-ethniques, multiculturelles et multireligieuses ». Air connu. C’est là « le meilleur antidote au racisme, à la xénophobie, à l’islamophobie et à l’antisémitisme ». Guterres n’a jamais entendu parler de la persécution des chrétiens – ou alors elle lui importe peu.
 
Les trois partenariats qu’il veut voir développer sont ceux avec les organisations régionales, spécialement l’Union africaine, les institutions financières internationales, et la société civile.
 
Pour conclure, Guterres parle des valeurs. « La paix, la justice, la dignité humaine, la tolérance et la solidarité sont gravées dans la charte et nous lie ensemble. Ces valeurs sont centrales dans toutes les cultures et toutes les religions du monde et elles sont reflétées dans les livres saints – du Coran aux Evangiles et à la Torah, des Upanishad au canon de Pali… En des temps d’insécurité, lorsque les peuples sont inquiets quant à leur avenir, lorsque l’anxiété et les peurs sont promues et exploitées par les populistes politiques, les nationalistes à l’ancienne ou les fondamentalistes religieux, le succès de l’ONU et de la communauté internationale repose dans notre engagement commun à l’égard de nos valeurs communes. L’ONU doit être fière de sa diversité. Une diversité qui ne fait qu’enrichir la force d’expression de notre humanité commune. »
 
Voilà, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
 

Anne Dolhein