Le pape François récompense Lilianne Ploumen, commandeur de l’Ordre de saint Grégoire le Grand… et promotrice de l’avortement

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A l’heure d’écrire ces lignes, aucune explication, aucune réaction, aucune rectification ou démenti officiel n’est venu depuis Rome rétablir l’ordre alors que celui-ci a été très gravement atteint par la récente distinction offerte par le Saint-Siège à un ancien ministre néerlandais qui se glorifie d’avoir recueilli plus de 400 millions d’euros pour financer la contraception, l’avortement et l’accès à l’« éducation sexuelle » dans les pays en voie de développement. C’est par un entretien accordé par l’intéressée, Lilianne Ploumen, à une radio néerlandaise que la nouvelle de sa nomination en tant que Dame commandeur de l’Ordre pontifical équestre de saint Grégoire le Grand « par le pape », comme elle le dit, s’est répandue sur internet quelques semaines après l’événement. Ploumen rigole, brandissant sa croix enrubannée… « Et tu l’as eu bien que tu sois pour l’avortement », s’amuse le journaliste. « Eh oui, ça ne s’invente pas ! », répond l’ancien ministre travailliste.
 
Le cardinal Eijk, archevêque d’Utrecht, vient quant à lui de publier un communiqué officiel affirmant qu’il n’a été associé ni de près ni de loin à cette affaire, n’ayant pas été informé du fait que la distinction avait été demandée pour Mme Ploumen, et n’ayant pas participé au processus de décernement du titre de commandeur de l’Ordre de saint Grégoire le Grand.
 

Une nouvelle figure promue par le pape François : Lilianne Ploumen, militante de l’avortement

 
A première vue l’affaire est incompréhensible. Qui donc s’occupe de des affaires diplomatiques et politiques du Vatican pour qu’une telle bourde ait pu se commettre ? L’explication la plus charitable veut qu’une peau de banane ait été glissée sous la mule du Saint-Père – mais il ne porte plus de mule et il est plutôt connu pour jouer « solo ». Quoi qu’il en soit, s’il ne porte aucune responsabilité dans l’affaire, il a au moins un pouvoir, celui de retirer la décoration à une femme qui de toute évidence est délibérément aux antipodes de l’enseignement de l’Eglise et qui ne mérite pas d’être ainsi honorée. C’est en tout cas ce que réclame un jeune prêtre de paroisse de Heemstede près d’Amsterdam, le P. Van Peperstraten, qui s’est pris des volées de bois vert sur Twitter pour avoir osé suggérer la chose.
 
Mme Ploumen, qui fut ministre de l’aide au développement, n’est pas une inconnue dans les cercles du pouvoir et, baptisée catholique, elle ne fait pas mystère de son agnosticisme ni de sa préoccupation envahissante à l’égard de la défense des « droits des femmes ». Et son militantisme ne date pas d’hier… En 2010, elle avait par exemple appelé à manifester dans la cathédrale de Bois-le-Duc aux Pays-Bas et participé à l’interruption d’une messe pour protester contre le refus de l’accès à la communion d’un activiste homosexuel de la cause LGBT.
 
Mais c’est dans la facilitation de l’accès des femmes du tiers-monde à l’avortement « sûr et légal » qu’elle a déployé ses efforts les plus remarqués. Dès que le président Donald Trump, à peine arrivé au pouvoir, avait réinstitué la « politique de Mexico » qui interdit au pouvoir fédéral de financer des avortements à l’étranger, Lilianne Ploumen avait lancé une campagne de collecte de fonds pour compenser le manque à gagner des organismes internationaux qui travaillent sur le terrain pour aider les Africaines et autres populations « défavorisées » à éliminer leurs tout-petits.
 

Commandeur de l’Ordre de saint Grégoire le Grand pour services rendus à la papauté ?

 
Sous le titre « SheDecides » (elle décide), le fonds international créé en janvier 2016 devait rassembler en l’espace de six semaines la somme colossale de près de 400 millions d’euros. C’est cet exploit qui vaut actuellement à l’ancien ministre de récolter une véritable pluie de récompenses internationales.
 
Ainsi le prix Machiavel – le maître du cynisme en politique –, un prix néerlandais qui récompense des personnalités qui ont joué un rôle important pour promouvoir la communication publique entre la politique, les pouvoirs publics et les citoyens, lui a-t-il été explicitement décerné il y a une semaine pour la mise en place de « SheDecides ».
 
Comme l’a annoncé le jury, « Jamais la réponse internationale à une initiative néerlandaise n’a été aussi rapide et aussi importante. Celle qui en a pris l’initiative, Lilianne Ploumen, ancien ministre de l’aide au développement, est elle-même, grâce à sa détermination consciente, un miracle de la communication. Elle a gardé les yeux sur l’objectif afin d’éviter que des femmes et des jeunes filles dans les pays en voie de développement soient reléguées dans leurs droits ».
 
A la fin de 2017, Lilianne Ploumen se voyait également désigner comme récipiendaire du prix Aletta Jacobs qui lui sera décerné le 8 mars prochain à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes pour son travail en faveur de l’émancipation des femmes. Cette récompense décernée tous les deux ans salue chez le ministre l’ensemble de son œuvre mais le jury a voulu signaler particulièrement, lui aussi, l’initiative « SheDecides » qui constitue une « réponse forte et très réussie à la politique du président américain Trump ».
 

Lilianne Ploumen : avec “SheDecides”, elle a levé 400 millions d’euros pour l’avortement

 
Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a tweeté ses félicitations à Lilianne Ploumen, « championne des droits des femmes de niveau mondial. Tout à fait mérité. Bravo ! ».
 
De fait, Mme Ploumen n’a pas attendu 2016 pour participer et agir au service de la culture de mort : en 2014, c’est elle qui avait mis fin à l’aide des Pays-Bas à l’Ouganda qui venait de légiférer contre la sodomie et le « mariage » gay.
 
Comment et pourquoi le Vatican a-t-il choisi de récompenser cette femme qui n’est pas seulement « pro-choix » – comme elle le dit – mais qui œuvre pour que des fortunes viennent soutenir l’avortement à travers le monde ? Pourquoi lui avoir décerné un rang dans un ordre censé honorer des personnes de pouvoir qui ont particulièrement bien mérité de la papauté et qui ont su servir les intérêts de la religion catholique ?
 
Un brin de réponse, peut-être, dans un entretien accordé par Lilianne Ploumen à consciencemag.org où elle explique avoir « beaucoup parlé » avec le Vatican pour faire remarquer que si ceux qui y travaillent ne sont pas pour l’avortement, il y a des questions relatives aux droits des femmes où un terrain d’entente peut exister. « La hiérarchie de l’Eglise non plus ne veut pas voir des gamines données en mariage à 11 ans. Elle aussi condamne la violence sexuelle. Alors nous avons recherché des possibilités pour nous soutenir mutuellement sur ces questions », explique-t-elle, rêvant de voir la hiérarchie catholique modifier son système d’alliances à l’ONU par exemple.
 

Le cardinal Eijk se désolidarise, tandis qu’une certaine presse dédouane Lilianne Ploumen

 
Il faut savoir aussi que Mme Ploumen a fait partie de la délégation entourant le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et son épouse Maxima lors de la première visite d’Etat de l’histoire d’un chef d’Etat néerlandais au Saint-Siège : les titres de commandeur de l’Ordre de saint Grégoire le Grand auraient alors été distribués comme autant de médailles en chocolat pour marquer l’événement. Passez muscade… C’est en tout cas l’explication avancée par le journaliste néerlandais catholique – et grand admirateur de François – Hendro Munsterman.
 
Mais cela n’enlève rien au scandale… Le Vatican a ses services de vérification. Et à supposer qu’il n’y ait pas eu d’arrière-pensées, voire un simple manque de prudence de la part des diplomates du Saint-Siège, ils doivent maintenant tenir compte du fait que Lilianne Ploumen se vante bruyamment d’avoir été distinguée alors qu’elle « finance » l’avortement international.
 
Henk Rijkers, ancien rédacteur en chef du journal catholique néerlandais Katholiek Nieuwsblad, a une autre explication. Il souligne qu’en 2015 Lilianne Ploumen avait eu une rencontre des plus cordiales avec le pape François, dont elle était sortie en s’émerveillant des déclarations pontificales sur le changement climatique. Alors que les Pays-Bas participaient à l’organisation d’une conférence sur le climat à Vatican, elle avait pris la parole pour parler de la lutte contre le réchauffement et ses liens avec l’économie, se réjouissant publiquement de ce que le pape fasse peser son autorité morale dans la balance.
 
Le pape François avait reçu Mme Ploumen avec la même affabilité que celle qu’il réserve à l’avorteuse revendiquée Emma Bonino et aux grandes voies de la lutte contre le « réchauffement » comme Joachim Schellnhuber, autre partisan du contrôle de la population.
 
Tout cela n’est ni sans fil conducteur, ni sans logique.
 

Jeanne Smits