Le 5 novembre dernier le pape François s’exprimait, pour la troisième fois, devant les participants à la rencontre mondiale des Mouvements populaires, ce mouvement indigéniste qui réclame « terre, toit et travail » pour tous. Cette fois c’était au Vatican – la précédente rencontre avait lieu en Bolivie – et à cette occasion, le pape a tenu un discours qui a été perçu comme une dénonciation des projets politiques de Donald Trump. Une nouvelle fois, mais à quelques jours seulement des élections américaines, François s’en prenait aux « murs » et plaidait contre le refus de laisser entrer les migrants dans nos pays.
Les Mouvements populaires ne sont pas catholiques. D’ailleurs, en rappelant leurs revendications, le pape François a précisé que les participants à la réunion n’étaient « peut-être pas d’accord sur tout » et, ajouterons-nous, sans doute pas sur l’essentiel. Mais pour ce qui est du « changement », tout le monde s’accorde selon lui sur ses demandes : « Un travail digne pour les exclus du marché du travail, une terre pour les paysans et les peuples originels, un logement pour les familles sans toit, l’intégration urbaine pour les quartiers populaires, l’éradication de la discrimination, de la violence contre la femme et des nouvelles formes d’esclavage, la fin de toutes les guerres, du crime organisé et de la répression, la liberté d’expression et de communication démocratique, la science et la technologie au service des peuples. » De vrais lendemains qui chantent, les droits concrets des post-communistes…
Le pape François s’élève une nouvelle fois contre les « murs »
Le pape a dénoncé « le colonialisme idéologique globalisant qui cherche à imposer des recettes supra culturelles qui ne respectent pas l’identité des Peuples ». Comment ne pas être d’accord ? A ceci près que dans la logique indigéniste, même l’apport de la foi chrétienne est une forme de colonialisme.
Félicitant les Mouvements populaires pour tout le travail entrepris, le pape met en garde contre la présence d’un « mécanisme destructif qui œuvre en sens contraire ». « Il y a des forces puissantes qui peuvent neutraliser ce processus de maturation d’un changement pouvant écarter la primauté de l’argent et mettre de nouveau au centre l’être humain, l’homme et la femme. Ce “fil invisible” dont nous avions parlé en Bolivie, cette structure injuste qui englobe toutes les exclusions dont vous souffrez, peut devenir plus dur et se convertir en fouet, un fouet existentiel qui, comme dans l’Egypte de l’Ancien Testament, réduit à l’esclavage, vole la liberté, fustige sans miséricorde les uns et menace constamment les autres pour amener tout le monde, comme du bétail, là où le veut l’argent divinisé », a-t-il affirmé. Un argent qui dès lors « gouverne » au moyen de la peur – « violence économique, sociale, culturelle et militaire qui engendre toujours plus de violence dans une spirale descendante qui paraît ne jamais atteindre le fond »…
C’est ce que le pape appelle le « terrorisme de base », répétant qu’« aucun peuple, aucune religion n’est terroriste ».
Les Mouvements populaires, ces indigénistes des périphéries…
« Aucune tyrannie, aucune tyrannie ne peut rester en place sans exploiter nos peurs. C’est une réalité clef. D’où vient le fait que toute tyrannie est terroriste. Et quand cette terreur, qui a été semée dans les périphéries, s’accompagne de massacres, de pillages, d’oppression et d’injustice, explose dans les centres à travers différentes forme de violence, y compris les attentats odieux et lâches, les citoyens qui ont conservé encore quelques droits sont tentés par la fausse sécurité des murs physiques ou sociaux. Des murs qui enferment les uns et privent de terre les autres. Des citoyens emmurés, terrorisés d’un côté, des exclus, des sans terre, davantage terrorisés encore, de l’autre. Est-ce cela la vie que Dieu notre Père veut pour ses enfants ? »
Et de dénoncer la généralisation de la « xénophobie », des « propos intolérants »… « Chers frères et sœurs, tous les murs tombent. Tous », promet-il plus loin. Et de parler de nouveau des migrants victimes de la « peur qui durcit les cœurs » : ces migrants victimes des trafiquants, exploités… « ou que simplement, on ne laisse pas entrer ».
Le pape François a-t-il pris position contre Trump ?
Derrière les bons sentiments, toujours ce même refus face aux réalités de l’islam, face aux réalités d’une migration-invasion qui a moins de rapport avec l’idolâtrie de l’argent qu’avec la haine de l’ordre naturel. Et toujours, aussi, l’idée que le terrorisme trouve son terreau dans la pauvreté et l’exclusion, et non – pour ce qui est du djihad – dans les préceptes d’une religion guerrière.
Good vibes
Ce long discours devant des gens de toutes religions, se termine sur ces mots : « Je vous demande s’il vous plaît de prier pour moi, et ceux qui ne peuvent prier, vous le savez déjà, veuillez-moi du bien et envoyez-moi de bonnes ondes. »
Cela ne s’invente pas.