Peur de l’islamophobie au Royaume-Uni : une policière antiterroriste dénonce le refus de traquer l’extrémisme chez ses collègues

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Javaria Saeed.

 
Elle est jeune, d’apparence moderne, déterminée. Javaria Saeed, musulmane pratiquante qui a travaillé dans la division de l’antiterrorisme du corps le plus prestigieux de la police britannique, Scotland Yard, vient de critiquer publiquement la police de Londres dans le Times pour son refus de traquer « l’extrémisme » parmi ses collègues musulmans. C’est la peur de se voir taxer d’islamophobie qui paralyse les officiers de Londres, assure la jeune femme : le même politiquement correct qui a empêché de prendre au sérieux les accusations de violence pédophile de la part des Pakistanais dans une ville comme Rotherham au Royaume-Uni.
 
Elle s’est décidée à parler et à se plaindre à ses supérieurs après avoir été témoin des propos d’une femme officier musulmane comme elle soutenant que l’excision – pourtant illégale au Royaume-Uni depuis 1985 – était une « pratique propre et honorable » qui ne devrait pas être qualifiée de « délit ».
 

Politiquement correct : ne pas dénoncer l’extrémisme musulman

 
La même collègue musulmane, travaillant au sein d’une unité d’antiterrorisme, soutenait mordicus, selon Javaria Saeed, que les victimes musulmanes féminines de violences domestiques ne devaient pas appeler la police au secours, mais s’adressait plutôt à un tribunal islamique appliquant la charia, hormis dans les cas les plus graves.
 
Mais les supérieurs n’ont rien voulu entendre. Avertis des propos pour le moins séditieux d’une femme supposée défendre l’application de la loi britannique, ils sont restés sans réagir : selon Javaria Saeed, c’est de peur d’être accusés de racisme.
 
Voilà qui rappelle la récente décision de la police des West Midlands d’autoriser les officières musulmanes de porter le niqab, ce voile complet du visage qui laisse seulement paraître les yeux. L’idée était qu’elles devaient être « à l’image de la communauté » au service de laquelle elles travaillaient. C’est peu de dire que les Britanniques n’ont pas avalé l’explication : le politiquement correct agace de plus en plus. Sans compter que le conseil musulman de Grande-Bretagne a déclaré que les femmes voilées de la sorte « n’auraient probablement aucune envie de travailler dans la police » en raison de leur convictions très rigides…
 
Saeed elle-même, forte de son expérience de 10 ans au sein de la police, se plaint d’être « diabolisé » par certains collègues officiers musulmans qui l’accusent d’être une « mauvaise musulmane » parce qu’elle ne porte pas le foulard : « Tu ferais mieux de rester chez toi à t’occuper de ton mari », lui disaient-ils.
 

La peur de islamophobie a empêché d’écouter une policière antiterroriste

 
Face à cette situation, Javaria Saeed a préféré démissionner. A 35 ans, en mars dernier, elle est partie en dénonçant la culture du « nous et eux » au nom de laquelle certains officiers musulmans s’autorisent à penser qu’ils sont au-dessus de la loi dès lors qu’il s’agit de mettre en œuvre leurs convictions religieuses – ui dans le cas de l’Islam sont des convictions étatico-religieuses…
 
On compte aujourd’hui quelque 600 officiers musulmans au sein de la police métropolitaine de Londres. Lorsqu’ils font l’objet d’une plainte, souligne leur ancienne collègue, on leur applique d’autres normes qu’aux officiers non musulmans. « Le racisme au sein de la “Met” n’était pas le fait des officiers blancs en ce qui me concerne, mais d’officiers musulmans à propos desquels les services ont refusé d’enquêter de manière normale de peur d’être qualifiés d’islamophobe et de raciste », assure-t-elle aujourd’hui.
 
Alors qu’elle a travaillé pendant un temps au sein d’une unité créée pour améliorer les relations entre la police et la communauté musulmane, Mme Saeed témoigne de son expérience : « C’étaient les officiers musulmans qui étaient racistes à l’égard de mes points de vue personnels ; en privé, en outre, ils avaient une vision raciste des officiers blancs, et une vision sexiste à l’égard des femmes. Si les officiers blancs avaient de tels points de vue et les exprimaient, ils seraient virés. »
 

Au Royaume-Uni, le refus de dire du mal des musulmans cache leur racisme à l’égard des Blancs

 
Javaria Saeed fait parti de ces musulmans de bonne volonté, horrifiée en ce qui la concerne par les attentats de Londres en 2005, qui cherchent à arrondir les angles entre la communauté musulmane et les autorités. Elle raconte qu’à l’époque, en prenant la décision de rejoindre les forces de police, elle avait été critiquée par les siens et mise en garde contre la « discrimination raciale » dont elle ferait forcément l’objet de la part des officiers blancs. « Mais si j’ai démissionné, c’est en raison des points de vue et du comportement écœurants de certains officiers musulmans », explique-t-elle aujourd’hui.
 
La police métropolitaine de Londres assure avoir enquêté et pris des mesures à propos de plusieurs faits soulevés par Mme Saeed, aujourd’hui avérés. Les enquêtes ont abouti à des sanctions de pure forme, tels des programmes de formation permanente.
 

Anne Dolhein