La gauche et l’extrême gauche en Espagne n’en finissent pas de s’opposer à l’Eglise catholique pour tenter d’exproprier des bâtiments appartenant historiquement à celle-ci. Le mouvement de gauche populiste Podemos participe cette semaine à une initiative au parlement andalou pour demander que la cathédrale de Cordoue soit désignée comme étant la propriété de la Junte d’Andalousie, histoire de mettre fin au droit de l’Eglise de la considérer comme un lieu de culte exclusivement catholique.
La controverse, déjà ancienne, s’inscrit dans le contexte d’une croissante immigration islamique depuis l’Afrique du Nord et d’un afflux de touristes musulmans qui viennent visiter à Cordoue ce qui fut, au temps de l’occupation mauresque, une mosquée monumentale… elle-même construite autour du noyau de la basilique catholique de Saint-Vincent dont les chrétiens furent chassés dès le 8e siècle lorsque les musulmans furent assez nombreux, et donc assez puissants pour s’imposer.
Podemos et toute la gauche veulent exproprier la cathédrale de Cordoue
Cela fait longtemps que la gauche andalouse cherche au nom de la diversité à donner raison aux musulmans qui considèrent la cathédrale comme leur propriété – de même qu’ils jugent toute terre d’Islam comme devant un jour revenir dans le giron de la « Soumission ».
La dernière manœuvre en date avait été menée par des députés européens du parti socialiste espagnol, de Podemos et de la Gauche unie (Izquierda Unida) demandant à la Commission européenne de se prononcer sur la propriété légale de la « mosquée-cathédrale », après des tentatives infructueuses devant la justice espagnole. Fin janvier, les élus reçurent une réponse écrite de la Commission par laquelle celle-ci se déclarait incompétente pour intervenir puisque la question relève des juridictions nationales.
En 2014 déjà, le ministère des finances espagnol affirmait clairement que la cathédrale appartient bel et bien à l’Eglise catholique.
Haro sur la propriété de l’Eglise au profit de la Junte d’Andalousie
Mais Podemos et les autres composantes de la gauche espagnole reviennent à la charge par un nouveau biais : le vote d’une proposition « non de loi » – autrement dit, une proposition de décret demandant à l’exécutif de prendre une décision qui ne relève pas du pouvoir législatif – demandant à la Junte d’Andalousie d’affirmer son droit de propriété sur la cathédrale et sur des bâtiments, lieux de culte et autres biens que l’Eglise catholique a enregistrés à son nom depuis 1978 si elle ne parvient pas à apporter des documents écrits attestant de son droit de propriété dans un délai de six mois. Ils accusent l’Eglise de s’être approprié des « prérogatives de l’Etat ».
La proposition cherche également à proposer au gouvernement de récupérer tous les bâtiments qui étaient du « domaine public », et de s’approprier la gestion de l’ensemble. Il s’agit notamment de récupérer les impôts relatifs à ces biens.
La cathédrale de Cordoue, jadis mosquée, attise la haine anticléricale de Podemos
Mais plus encore, la gauche et plus particulièrement Podemos veulent en finir avec l’identité catholique de ce patrimoine. A propos de la cathédrale de Cordoue, que leurs documents désignent uniquement sous le vocable de « Mosquée de Cordoue », et qui est inscrite au Patrimoine de l’Humanité sous le nom de « Mosquée-Cathédrale »,il est même reproché à l’Eglise de la désigner sur les feuillets mis à disposition des touristes comme « Cathédrale de Cordoue ». Elle est aujourd’hui « soumise à la séquestration de son identité et de son histoire », affirme la proposition qui sera débattue jeudi.
C’est donc une offensive de grande envergure qui vise les biens de l’Eglise. Son extrémisme est évident mais la réponse du gouvernement autonome de gauche de la province d’Andalousie pourrait ne pas être défavorable : il est bien souvent en pointe pour prendre des décisions laïcistes.
Plusieurs autres procédures similaires sont en cours devant des parlements régionaux en Espagne – au Pays Basque et à Navarre – sans compter des municipalités de gauche qui participent à ce mouvement de fond.
L’histoire contemporaine de l’Espagne, avec ses milliers de martyrs catholiques, oblige à le prendre au sérieux.