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Police du genre : s’étant dĂ©clarĂ© « beau Â», un Ă©tudiant US en chinois est mis en rééducation par son universitĂ©

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Benjamin Sweetwood


 
La police US de la pensĂ©e Ă  l’universitĂ© mène Ă  des choses encore inimaginables chez nous : lors d’un cours de chinois, un Ă©tudiant ayant dit qu’il Ă©tait « beau Â», le « bureau des mauvais comportements liĂ©s au genre Â» (ça existe) de l’UniversitĂ© de Columbia l’a convoquĂ©. Et mis en rééducation.
 
Narcisse irait en prison. La Castafiore aussi, qui rit de se voir si belle en son miroir. Et la belle-mère de Blanche Neige sans doute. Mais il est vrai qu’ils ne frĂ©quentent pas l’universitĂ© de Columbia ni n’émettent la prĂ©tention d’y apprendre le chinois. Pour y entrer et y travailler tranquille, il faut en effet montrer patte blanche – enfin, disons, patte correcte, patte grise. Ne rien faire qui puisse discriminer, offenser, tomber sous le coup des officines spĂ©cialisĂ©es dans la surveillance des transgressions du politiquement correct, dont le vigilant « bureau des mauvais comportements liĂ©s au genre Â». L’étudiant Benjamin Sweetwood, pour avoir voulu faire le malin, a dĂ» subir une « rééducation Â».
 

L’étudiant arrive à dire qu’il est beau en chinois

 
C’était en classe de chinois Ă©lĂ©mentaire Ă  l’automne 2014. Benjamin Sweetwood est un Ă©tudiant qui aime Ă  plaisanter et la ramène volontiers. La jeune femme qui enseigne le chinois, Ă  lui et ses camarades, leur demande de composer une phrase simple. Il parvient Ă  prononcer trois mots : « Je suis beau Â». Et il rentre chez lui comme tout le monde après la cloche. Mais le lendemain la prof le garde après la classe. Elle a l’air soucieux, s’assied Ă  cĂ´tĂ© de lui et commence une sorte de sermon empĂŞtrĂ©. Elle aime bien sa personnalitĂ© joueuse, son humour. Elle n’a nullement Ă©tĂ© choquĂ©e. Mais elle ne veut pas d’ennuis, et quelqu’un a Ă©tĂ© offensĂ© par ces mots : « Je suis beau Â». S’il a envie de plaisanter, Benjamin peut venir la voir dans son bureau, mais pas devant des camarades que cela peut heurter.
 
L’étudiant demeure un peu surpris de cette remontrance. Il le sera plus encore de recevoir dans la foulĂ©e un courriel du doyen de l’universitĂ© de Columbia faisant mention de l’affaire et le convoquant : le bureau des mauvais comportements liĂ©s au genre a Ă©tĂ© saisi !
 

La police US de la pensée est hyper sensible

 
A ce moment de l’histoire, le lecteur français est encore plus Ă©tonnĂ© que Benjamin Sweetwood, il ne comprend absolument pas de quoi il s’agit, et il aura du mal Ă  comprendre jusqu’à la fin. L’étudiant US s’amuse d’être poursuivi et refusera, on va le voir, de faire amende honorable : mais du moins ne s’étonne-t-il pas, il sait ce qu’on lui reproche apparemment, puisqu’il se prĂ©vaut pour sa dĂ©fense de son tempĂ©rament « d’humoriste Â». Nous en revanche, nous sommes dans le bleu. Nous ne saurons jamais en quoi exactement le fait de dire « Je suis beau Â» transgresse le code du politiquement correct US, pourquoi ces mots justifient que leur auteur suive une « rééducation Â». Nous constatons seulement que les tabous sont de plus en plus nombreux, tatillons, et qu’ils frappent des comportements et des paroles qui non seulement ne sont pas (encore ?) scandaleux en Europe, mais semblent tout Ă  fait anodins.
 

L’Université US courbe l’échine devant le politiquement correct du genre

 
Quoi qu’il en soit, Sweetwood se rend Ă  la convocation du doyen, en l’espèce une doyenne, et subit un sermon analogue au premier. Son « comportement envers l’enseignante de chinois Ă©lĂ©mentaire Â» a provoquĂ© une « plainte d’un (une ? Impossible de le savoir : en anglais « a Â») camarade de classe auprès du bureau des mauvais comportements liĂ©s au genre de l’universitĂ©. La doyenne lui demande de promettre de ne pas recommencer. Il refuse. Il remarque en prime que le bureau du genre tire sa poudre aux moineaux et ne l’utilise pas contre les vraies cibles, le harcèlement sexuel, les abus. Elle lui rĂ©pond : « MĂŞme si j’étais d’accord avec vous, je ne pourrais Ă©videmment rien dire Â».
 
L’affaire suit sont cours. L’étudiant pĂ©cheur est convoquĂ© Ă  un entretien de « rééducation Â» par le responsable du bureau des mauvais comportements liĂ©s au genre. Rééducation. Le mot est le mĂŞme dans l’universitĂ© US qu’en français, et la chose est ce qu’elle Ă©tait en URSS. Rebelote, Sweetwood subit un laĂŻus semblable aux deux premiers, et au bout d’un Ă©change d’arguments aussi conventionnels qu’inutiles tombe le mĂŞme aveu d’impuissance du patron du bureau du genre : « MĂŞme si j’étais d’accord avec vous, vous savez que je ne peux rien dire Â».
 

Sweetwood mis en rééducation par le totalitarisme participatif US

 
Finalement, l’affaire sera classĂ©e. Mais on peut tirer quelques enseignements de première importance de ce typhon dans un gobelet de coca light. D’abord, la toute puissance de la règle, de l’interdit, devant qui tous courbent l’échine, qu’il s’agisse de genre ou de racisme : beaucoup n’en pensent pas moins, mais aucun n’ose redresser la tĂŞte. On dĂ©fère automatiquement celui qui la transgresse devant la juridiction compĂ©tente, ici le terrible bureau des mauvais comportements liĂ©s au genre.
 
Deuxièmement, il a suffi pour provoquer cette ridicule chasse Ă  l’homme d’une dĂ©nonciation anonyme. On ne dit plus dĂ©lation, on dit lĂ©gitime « signalement Â» d’un « abus Â», expression d’un « malaise Â» : un ou une camarade de classe a Ă©tĂ© « offensĂ©(e) Â» par les paroles de Benjamin Sweetwood. Quand il a dit « je suis beau Â», cette manifestation de l’arrogance du mâle machiste blanc a « humiliĂ© Â», quelque part, quelqu’un. La police du genre, une fois saisie, ne pouvait que faire son travail, sans passion. Le moment dĂ©cisif, c’est la dĂ©nonciation. Le signalement. Le coup de sifflet du lanceur d’alerte. Le « whistle blower Â» est dans la sociĂ©tĂ© US et dans le monde « moral Â» qui se prĂ©pare une grande figure positive. Notre morale politique est fondĂ©e sur la dĂ©lation positive.
 

L’université forme les supplétifs de la police de la pensée

 
Orwell est bien dépassé avec son big Brother modèle Staline. Le totalitarisme d’aujourd’hui, je ne le répéterai jamais assez, est bien plus performant parce qu’il est participatif. Pas besoin d’un œil énorme pour vous surveiller, il dispose de millions de petits capteurs, de petits cafards entraînés à cafter dès la cour de maternelle. Des little brothers and sisters, des little others, de terribles et dictatoriaux little others. Des whistle blowers sûrs d’eux et dominateurs.
 
Ces auxiliaires de totalitarisme sont si bien formatĂ©s qu’ils rĂ©agissent, comme un papier tournesol ultra sensible, aux plus petites atteintes qui blessent le politiquement correct : d’oĂą notre surprise de Français devant le cas Sweetwood. Ils ont Ă©tĂ© tenus Ă  l’écart de la rĂ©alitĂ© par les couveuses du politiquement correct, ils ressemblent Ă  de grands prĂ©maturĂ©s qui doivent rester Ă  l’abri de la vie pour survivre, que le moindre souffle d’air venu de l’extĂ©rieur bouleverse. Ils resteront le plus souvent coupĂ©s de la rĂ©alitĂ© jusqu’à leur mort, simples agents d’un système totalitaire.
 
C’est lĂ  notre enseignement principal : l’universitĂ© US, comme l’éducation nationale française, comme naguère les camps de rééducation soviĂ©tiques, a pour première fonction de former de fidèles sujets de la rĂ©publique mondiale humaniste, d’efficaces supplĂ©tifs de la police mondiale de la pensĂ©e.
 

Pauline Mille