Jordan Peterson devra suivre une rééducation pour conserver sa licence de pyschologue : la décision est définitive

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Le psychologue clinicien Jordan Peterson vient de voir rejeter par une haute cour canadienne sa demande de faire appel d’une décision qui l’oblige à suivre un cours de formation pour l’utilisation des réseaux sociaux afin de pouvoir conserver sa licence professionnelle dans l’Ontario. La décision prise par le collège des psychologues de la province devient ainsi définitive, obligeant le pourfendeur mondialement connu du wokisme et de l’idéologie du genre à choisir entre ce qu’il appelle un « camp de rééducation » – aux relents soviétoïdes – et la possibilité d’exercer sa spécialité.

Dans un message sur X, Peterson congratulait jeudi le collège des psychologues pour leur victoire lors de ce premier round, mais ajoutait : « Notez bien mes paroles cependant : la guerre ne fait que commencer. Il n’y a rien que vous puissiez m’enlever que je ne sois pas prêt à perdre. Alors faites attention. Sérieusement. Vous avez été prévenus. » Elon Musk en personne a répondu : « Wow » (waouh, en bon français !).

 

Jordan Peterson n’en restera pas là

L’affaire a commencé il y a deux ans alors que Peterson avait affirmé sur Twitter qu’une population de 9,5 milliards d’être humain était viable. Alors qu’un commentaire rétorquait que la surpopulation menace l’écosystème, Jordan Peterson avait simplement répondu : « Vous êtes libre de partir à n’importe quel moment. » Libre de quitter la discussion ou la planète ? Quoi qu’il en soit, si charité bien ordonnée commence par soi-même, il faut sans doute être prêt aussi à s’impliquer lorsqu’il s’agit de sauver la planète, ce que Peterson contestait justement. Mais il faut croire que le collège des psychologues n’a pas saisi la plaisanterie, et a suivi l’argumentation de la « victime » selon laquelle il s’agissait d’une incitation au suicide de la part d’un membre d’un corps médical.

Intéressant, alors que des structures médicales font impunément la promotion de l’euthanasie auprès de personnes vulnérables…

Quelques mois plus tard, lors des protestations des camionneurs à Ottawa, Peterson avait osé demander où la police comptait envoyer les enfants – comme elle l’avait elle-même annoncé – avant d’intervenir. Un plaignant expliqua au collège que cela sapait la confiance qu’on pouvait avoir en lui en tant que professionnel chargé de signaler des cas de maltraitance sur les mineurs.

 

Choisir entre la licence d’exercice en tant que psychologue et la liberté de parole

Un autre plaignant dénonçait les opinions de Peterson sur l’ornithologie, le risque de rouille sur les voitures japonaises, les accords de libre-échange ou encore le capitalisme telles qu’il les avait exprimées lors d’une émission en janvier 2022, le qualifiant de « honte pour la profession ». Le plaignant, psychologue lui-même, accusait Peterson d’être « désinhibé, tangentiel, adepte des circonlocutions et grandiose »… Tout cela ne s’invente pas.

Il faut y ajouter la dénonciation de Justin Trudeau et de sa politique par Peterson, tout comme sa montée au créneau pour l’obligation de porter le masque. Il avait même osé déclarer « pas belle » une femme mannequin en maillot de bain : « Désolé. Pas belle. Et aucun degré de tolérance autoritaire ne pourra rien y changer. » Il s’était vu traiter de raciste. Il avait également dénoncé la mastectomie pratiquée sur Elliot Page comme l’œuvre « d’un médecin criminel », ce qui lui a valu l’accusation de manquer de professionnalisme face à la « dysphorie de genre ».

Peterson a répondu dans un premier temps qu’il s’était entouré d’une équipe chargée de veiller sur ses messages sur les réseaux sociaux et en vérifier le caractère approprié, accusant ses accusateurs de motivations politiques.

Le collège de psychologues a néanmoins ordonné des séances de rééducation à ses frais, et en première instance, la cour divisionnaire de l’Ontario a donné raison au mois d’août dernier à l’entité de régulation.

 

Jordan Peterson a promis d’enregistrer sa rééducation, s’il s’y soumet

A la suite de la décision de la Haute Cour de l’Ontario, qui n’est pas motivée comme le veut le système judiciaire canadien, l’avocat de Jordan Peterson, Howard Levitt, a déclaré qu’elle allait faciliter l’agressivité des organismes de réglementation professionnelle, et il a ajouté avoir été étonné de voir que les tribunaux n’aient pas voulu vérifier de quelle manière ces organismes pèsent sur la liberté d’expression des professionnels.

Que fera Jordan Peterson ? Professeur émérite de psychologie à l’université de Toronto, il n’exerce plus cette fonction depuis 2017 et vit essentiellement de ses livres, de ses tournées de conférences et de ses interventions et sessions de formation sur Internet, extrêmement suivies. Le retrait de sa licence, dans le contexte actuel de bridage de la parole et de la pensée, prendrait plutôt l’allure d’une plume à son chapeau.

Cependant, Peterson a précédemment déclaré qu’il était prêt à suivre la session de rééducation et qu’il les enregistrerait et les publierait « afin que le monde les voie ». Si telle est sa décision définitive et qu’il parvient à diffuser ce qui lui aura été « enseigné », on pourrait se réjouir d’ores et déjà de pouvoir assister à quelques spectacles croquignolets.

Sauf que c’est tragique.

 

Jeanne Smits