Jordan Peterson, débouté en appel, devra suivre des cours de rééducation woke

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Le célèbre psychologue canadien aux 7,4 millions d’abonnés sur YouTube n’a pas eu gain de cause dans son appel dans le cadre du procès que lui intentait le Collège de Psychologie de l’Ontario. Jordan Peterson vient de voir confirmer sa condamnation pour avoir eu une conduite en ligne « insatisfaisante » aux yeux de la doxa woke qui sévit au Canada – mais pas seulement. S’il n’accepte pas de suivre la formation obligatoire à la communication sur les médias sociaux qui lui est imposée, il perdra sa licence professionnelle. 225 dollars : ce sera le prix, à l’heure, de son « programme d’accompagnement » comme il est notifié.

Parlons plutôt de rééducation et de lavage de cerveau. Mais connaissant Jordan Peterson, à la lumière de ses prises de paroles, il y a fort à parier que les préposés aient quelques difficultés. Ennemi déclaré du communisme, du totalitarisme et de la cancel culture, le champion de la liberté d’expression a un certain nombre de cordes à son arc.

 

La rééducation idéologique d’un psychologue

Dans une décision rendue publique mercredi, trois juges de la Cour divisionnaire de l’Ontario se sont unanimement rangés du côté de l’Ordre des psychologues de l’Ontario, pour confirmer la condamnation de Jordan Peterson, prononcée initialement le 22 novembre dernier.

Le psychologue a argué que ses déclarations n’avaient pas été faites en sa qualité de psychologue clinicien, mais étaient plutôt des « opinions hors service » – un argument que le tribunal a rejeté. La Cour a déclaré que la réglementation d’un ordre professionnel pouvait limiter sa liberté d’expression. « Le Dr Peterson ne peut gagner sur deux tableaux : il ne peut parler en tant que membre d’un organisme réglementé de sa profession sans assumer la responsabilité du risque de préjudice qui découle de sa parole en sa qualité d’expert de confiance. »

Or, selon elle, le comportement du psychologue, en particulier ses déclarations en ligne, présentait bien un risque modéré de nuire au public.

Plusieurs plaintes avaient en effet été déposées à son sujet, devant l’Ordre, entre janvier et juin 2022 par différentes personnes. A noter que celles-ci ne faisaient pas partie de ses patients – il ne pratique plus, d’ailleurs, depuis 2017. L’Ordre avait attaqué, victorieusement, dans la foulée, Jordan Peterson qui avait demandé, à la fin juin 2023, une révision judiciaire.

 

Désolé, c’est moche !

« Réveillez-vous, citoyens : les professionnels sont désormais tenus de se taire s’ils croient en quelque chose de politiquement verboten ! » avait tweeté, en début d’année, le professeur retraité de l’Université de Toronto.

Quels étaient les propos qualifiés par l’Ordre de « dénigrants » et de « non professionnels » ?

Celui qui est devenu célèbre, en 2016, pour avoir fustigé la législation canadienne pour sa soumission à l’usage des pronoms « non genrés », s’est montré, depuis, sans langue de bois et a diffusé sans discontinuer, sur les réseaux sociaux, un discours vigoureux, sain et bien senti, à l’opposé de l’idéologie woke. Evidemment, sur toute une série de questions, comme le genre, le changement climatique ou l’adulation des communautarismes, Jordan Peterson tient un discours légèrement différent de la doxa ambiante.

Les plaintes spécifiques répertoriées dans l’affaire portée devant la Cour concernaient des messages dirigés contre des politiciens canadiens : en février 2019, il s’en est pris à un ancien membre du conseil municipal d’Ottawa, qui préférait utiliser le pronom iel dans ses communications, en qualifiant son approche de « bien-pensance moralisatrice épouvantable ».

Il s’en était également pris à l’acteur transgenre Elliot Page, qui se disait fier qu’une personne transgenre obtienne un rôle à la télévision. « Vous souvenez-vous du temps où l’orgueil était un péché ? », avait-il tweeté. « Eh bien, Ellen Page a subi l’ablation de ses seins par un médecin criminel. »

En mai 2022, il n’avait pas hésité à dire ce qu’il pensait d’une couverture du magazine Sports Illustrated où s’étalait, en maillot de bain, la mannequin ronde Yumi Nu : « Désolé. Pas magnifique. Aucun autoritarisme fanatique n’y changera rien. » Intolérance intolérable !

Contraires à l’éthique des psychologues, ces déclarations ? Opposées à la cancel culture, oui… tout simplement conformes à l’orientation vers le vrai, le bien, le beau.

 

Droit à la liberté d’expression selon Jordan Peterson – le « wow » d’Elon Musk

La veille de la publication de la décision de la Cour, Peterson a publié une déclaration sur le site de médias sociaux X, anciennement connu sous le nom de Twitter : « Je maintiens ce que j’ai dit et fait et je souhaite (à l’Ordre des psychologues de l’Ontario) bonne chance dans la poursuite des poursuites. Ils en auront besoin. » Il n’a pas manqué d’ajouter son opposition au Premier ministre Justin Trudeau ainsi qu’à « ses acolytes » et aux « menteurs marchands d’apocalypse climatique ».

A l’annonce du jugement, il a annoncé que le tribunal avait statué « en faveur de la rééducation forcée ». Il s’est engagé à rendre publics tous les aspects de son cas. « Nous verrons ce qui arrivera lorsque la transparence totale sera la règle. »

« Si vous pensez que vous avez droit à la liberté d’expression au Canada, vous vous trompez. » Cette phrase a valu à Peterson, une réponse d’Elon Musk himself, le propriétaire de X : « Wow ». Tout un programme.

Celui dont la première des 12 règles de vie (12 règles pour une vie : Un antidote au chaos, plusieurs millions d’exemplaires vendus) est de se tenir droit, tient justement tête aux oukazes de gauche qui chapeautent les institutions. Rayonnant par là sur ses millions de suiveurs du média X ou d’abonnés de la chaîne YouTube (80 % d’hommes selon lui). Il est une bouffée d’air frais dans le paysage médiatique des réseaux sociaux perclus de wokisme, une brèche dans ce magma confus et souvent infâme qui nous cache le Ciel. Quoiqu’il n’ait pas la foi et que certains éléments lui échappent, il fait montre d’une remarquable intuition sur le sens de la civilisation, la question de la lutte entre le bien et le mal et l’esprit religieux.

 

Clémentine Jallais