Membre de l’Espace économique européen mais pas de l’Union européenne, la Norvège doit, comme l’Islande et le Liechtenstein, contribuer financièrement au développement des régions les plus pauvres de l’UE en contrepartie de son accès au Marché unique. C’est ainsi que la Pologne doit encore recevoir de la Norvège plus de 800 millions d’euros sous forme d’aide financière non remboursable d’ici à 2021. Seulement de 2013 à 2016, c’est une fondation de la galaxie Soros qui était chargée de la distribution d’une partie de cette aide, celle destinée au développement de la société civile et de la démocratie, soit 37 millions d’euros. La fondation Batory, créée par George Soros à la fin des années 1980 avec l’accord du régime communiste et toujours financée par le milliardaire américain, avait été choisie par concours sous le gouvernement de l’actuel président du Conseil européen, Donald Tusk.
L’aide de la Norvège utilisée pour promouvoir l’idéologie du genre et les revendications du lobby LGBT
Le gouvernement polonais actuel, dirigé par le parti conservateur Droit et Justice (PiS), ainsi qu’une cinquantaine d’ONG qui ont publié un appel à ce sujet critiquent l’utilisation idéologique de ces fonds norvégiens, même si cela semble convenir à la Norvège. Il semblerait en effet que la Fondation Batory privilégie les ONG et les projets conformes à l’idéologie libérale-libertaire des donateurs, comme par exemple un projet « Egalité du mariage pour tous » visant à mettre en place une stratégie de lobbying en vue de remettre en cause la conception traditionnelle du mariage reconnue dans la constitution polonaise, ou encore les nombreuses subventions à l’organisation Lambda qui se spécialise dans les formations et événements pour militants LGBT, ainsi que des fonds versés à des ONG dont le but est de faire supprimer l’enseignement (non obligatoire) du catéchisme dans les écoles publiques polonaises ou bien de promouvoir l’idéologie du genre et défendre les revendications du lobby LGBT. Il est aussi reproché à la Fondation Batory de concentrer la distribution des fonds norvégiens dans la capitale et les grandes villes au détriment des municipalités plus modestes et de la campagne.
La Pologne négocie avec la Norvège afin que les fonds n’aillent plus à la galaxie Soros
Le gouvernement polonais de Beata Szydło est donc entré en négociation avec le gouvernement norvégien, en proposant d’abord que l’aide de la Norvège soit gérée par une organisation sous le contrôle du premier ministre, tout en se disant ouvert à d’autres solutions qui permettraient une utilisation moins idéologique de ces fonds. Comme la Norvège, la majeure partie des ONG polonaises ne souhaitent en effet pas que ces aides au développement de la société civile soient sous contrôle gouvernemental. Mais Oslo acceptera-t-il de ne plus se servir de cette aide pour promouvoir son propre modèle de société libérale-libertaire ? Le même conflit l’oppose à la Hongrie depuis 2013, même si le gouvernement de Viktor Orbán a provisoirement fait marche arrière en 2015 pour débloquer le versement des fonds norvégiens à ses ONG alors que la Norvège demandait à Bruxelles, pour faire pression sur Budapest, d’envisager aussi la suspension des subventions de l’UE. Des fonds européens qui eux aussi sont parfois instrumentalisés pour imposer l’idéologie libérale-libertaire occidentale aux sociétés plus conservatrices de l’ancienne Europe de l’Est.