Réunie hier sous la présidence du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, la Commission européenne a annoncé son intention d’engager des procédures d’infraction contre la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie qui refusent officiellement de participer au programme de relocalisation des « migrants » adopté en septembre 2015 à la majorité des voix du Conseil de l’Union européenne (contre l’opposition de la Tchéquie, de la Slovaquie, de la Hongrie et de la Roumanie). Contrairement aux trois pays du Groupe de Visegrád (V4), l’Autriche, visée elle aussi en mai par l’ultimatum du Grec Dimitris Avramopoulos, le commissaire chargé des questions d’immigration, a pris des engagements pour commencer à accueillir une partie des « réfugiés » dans le cadre de son quota obligatoire.
La Pologne, la Tchéquie et la Hongrie refusent officiellement de participer au programme de relocalisation des « migrants »
A ce jour, l’Autriche, la Pologne et la Hongrie n’ont fait venir personne au titre du programme de relocalisation de 120.000 immigrants arrivés illégalement en Grèce et en Italie. La Tchéquie, elle, en a fait venir 12, mais a fait savoir le 5 juin dernier, par la voix de son ministre de l’Intérieur, qu’elle se retirait de ce programme jugé inefficace et dangereux en raison du risque terroriste qui accompagne l’accueil d’immigrants musulmans dont l’identité est difficilement vérifiable, et qui refusent souvent de coopérer avec les services tchèques dans leurs centres d’accueil de résidence en Italie et en Grèce. Quant à la Slovaquie, qui n’est pas visée par l’annonce faite mardi par la Commission, elle a accueilli à ce jour 16 personnes au titre du programme de relocalisation mais n’a pas signifié officiellement son refus de participer, même si elle a attaqué devant la Cour de Justice de l’UE, aux côtés de la Hongrie, la décision du Conseil de l’UE de septembre 2015.
Le Groupe de Visegrád solidaire face aux procédures d’infraction annoncées par la Commission européenne
Réunis lundi à Varsovie alors que la décision imminente de la Commission européenne était déjà connue, les ministres de l’Intérieur de la Pologne, de la Tchéquie, de la Slovaquie et de la Hongrie (les quatre pays qui forment le V4) ont confirmé leur opposition commune au programme de relocalisation. La position du V4 « est claire depuis le début », ainsi que l’a redit le ministre slovaque, et elle est que l’UE doit fermer ses frontières extérieures à l’immigration illégale et aider les vrais réfugiés dans leur pays ou dans les pays voisins, en attendant qu’ils puissent rentrer chez eux. C’est aussi ce qu’a répété le ministre des Affaires étrangères polonais, Witold Waszczykowski, après le communiqué de la Commission européenne où sont annoncées les procédures de sanction et après les reproches formulés par Juncker et Avramopoulos quant au manque de solidarité européenne des trois capitales visées par ces procédures : pour le ministre, la Pologne fait au contraire preuve de solidarité en s’engageant dans la protection des frontières extérieures de l’UE et en amplifiant (par rapport aux gouvernements libéraux de Donald Tusk et d’Ewa Kopacz) son engagement humanitaire au Moyen-Orient. A Prague, le premier ministre Bohuslav Sobotka a affiché sa détermination et s’est dit comme Varsovie prêt à aller devant la Cour de Justice de l’UE. Et à Budapest enfin, le ministre des Affaires étrangères Peter Sijjarto a rejeté mardi en bloc ce qu’il qualifie de chantage de la Commission européenne, tout en réaffirmant la souveraineté de son pays quand il s’agit de décider qui peut franchir les frontières nationales et avec qui les Hongrois choisissent de vivre.
Comment retenir les « migrants » relocalisés en l’absence de frontières dans l’Espace Schengen ?
Outre ces considérations, les quatre pays du Groupe de Visegrád pointent du doigt l’impossibilité de retenir des immigrants relocalisés contre leur volonté. Car ce qu’oublie de dire la Commission quand elle se flatte d’avoir relocalisé 20.869 personnes (sur 120.000 !) au 9 juin 2007, c’est que dans les pays peu populaires chez les immigrants clandestins, comme par exemple le Portugal et les Pays Baltes, une bonne partie de ces « réfugiés » relocalisés se sont déjà fait la belle. Ainsi que l’a dit hier le président polonais Andrzej Duda en visite en Croatie, Varsovie ne veut pas que « des gens soient amenés de force en Pologne » ni que « ces gens soient emprisonnés en Pologne » pour les empêcher de repartir.
Le combat contre la folie des élites bruxelloises des pays qui ont déjà connu l’absurdité des régimes communistes
Mais cela, c’est la réalité, et à Bruxelles on se moque bien de la réalité. Les procédures d’infraction seront engagées par l’envoi, annoncé pour ce mercredi, d’une lettre de mise en demeure aux trois capitales concernées et pourraient déboucher dans quelques années sur des sanctions financières décidées par la Cour de Justice de l’UE. D’ici là, combien de centaines de milliers – ou de millions – d’immigrants clandestins supplémentaires auront-ils été débarqués sur les côtes d’Italie et de Grèce ? Combien d’attentats islamiques auront-ils à nouveau ensanglanté les villes d’Europe occidentale ? « Nous n’accepterons aucun chantage de la part de l’Union européenne. Nous n’allons pas prendre part à la folie des élites bruxelloises ! », clamait le premier ministre polonais Beata Szydło le 24 mai dernier devant la Diète, en lançant cet appel à tous les Européens : « Où vas-tu, Europe ? Sors de ta léthargie, car sinon tu pleureras tous les jours tes enfants ! »