Pour le philosophe catholique Josef Seifert, Amoris Laetitia pourrait « diriger de nombreuses âmes…
en enfer »

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Son premier essai, en août 2016, lui avait valu de cesser d’enseigner à l’Institut Edith Stein de Grenade. Son second lui vaut d’être carrément révoqué depuis le 31 août dernier, par l’Archevêque Javier Martínez Fernández. Sa deuxième critique d’Amoris Laetitia n’est pas passée… Le professeur Josef Seifert, philosophe catholique autrichien éminent, est accusé de vouloir semer la discorde quand il voulait lever la confusion et prévenir, avec charité et respect, des dommages conséquents pour l’Église de Pierre et ses fidèles.
Dans une longue interview publiée par le site OnePeterFive, il parle d’une « obligation stricte », dans le but de servir le pape et l’Église – LifeSiteNews en fait écho.
 

Amoris Laetitia : « la vision d’une immense menace »

 
Jeanne Smits l’avait évoqué dans ces pages, Amoris Laetitia recèle, selon Josef Seifert, une logique de dissolution du caractère absolu de la loi morale, si le pape François ne révoque pas certains points et n’en éclaire pas d’autres. Et il est revenu une seconde fois sur ce texte tant il y voit « une immense menace », aux conséquences logiques et potentielles « terribles ».
« Je me suis senti obligé d’écrire ceci, afin d’éviter une bombe atomique destructrice morale-théologique qui pourrait transformer l’ensemble de l’enseignement moral de l’Eglise. Ainsi, j’ai eu l’intention, en posant cette question avec la plus grande clarté possible, de fournir une aide au Magistère du pape François pour éviter un tel dégât ».
 

« Ce que Dieu veut qu’ils fassent dans la complexité de leur situation »

 
Il soulève à nouveau les points cruciaux d’Amoris Laetitia, à savoir ce caractère (affolant) qu’on donne à Dieu de pouvoir demander aux personnes d’accomplir des actions mauvaises…
L’adultère, peut-on lire dans l’exhortation, « c’est ce que Dieu lui-même demande » à certains couples dans des situations « irrégulières » : très exactement, « ce que Dieu veut qu’ils fassent dans la complexité de leur situation ». Car une abstinence temporaire pourrait mener l’un et l’autre à commettre des péchés pires… Il n’y a pas de péché mortel, car soit il n’ y a pas de compréhension parfaite, soit il n’y a pas la force de la volonté libre pour observer le commandement divin.
La faute est donc en fonction… de la bonne volonté du prêtre ? Et, chose encore plus grave, s’il y a des cas où l’adultère est concédé, permis, il n’y a alors plus rien qui empêche tout autre acte intrinsèquement mauvais, comme la contraception et l’homosexualité, d’être finalement justifié – malgré tout l’enseignement de l’Église sur le sujet.
« Je suis convaincu que, si le pape Francis ne révoque pas l’enseignement que j’analyse dans mon dernier article, et s’il ne répond pas aux dubia des cardinaux, en établissant clairement qu’il y a des actes intrinsèquement mauvais et que ces actes ne sont jamais justifiés dans aucune situation, Humanae Vitae sera interprétée comme un idéal qui ne peut être exigé de tout le monde ; et que, après discernement, ceux qui pratiquent la contraception (avec ou sans effets abortifs) peuvent être admis dans les sacrements et que Dieu lui-même, dans certaines situations difficiles, veut qu’ils utilisent la contraception ».
Détail révélateur, à aucun moment Amoris Laetitia ne cite les mots de « blasphème » ou de « sacrilège ».
 

Pour Seifert, elle peut se révéler un chemin vers l’enfer

 
Josef Seifert s’inquiète des résultats dramatiques qui pourraient en découler, comme l’inévitable damnation de certaines âmes. « Si seulement un ou plusieurs, et encore plus, la plupart des nombreux couples dans des « situations irrégulières » qui reçoivent maintenant les sacrements commettent un sacrilège et un péché grave, Amoris Laetitia aura évidemment des conséquences spirituelles dévastatrices. Et les mots du Christ à un « vidente » (un voyant) à Grenade sont vraies, selon lesquelles ces « enseignements gravement erronés amènent beaucoup d’âmes sur le chemin de l’enfer »
Il voit aussi le mal causé aux prêtres. A ces vocations qui, sans doute, ne s’accompliront pas, les séminaristes craignant de donner contre leur conscience les sacrements à ces catholiques remariés. A ces prêtres opprimés par leurs évêques parce qu’ils ne veulent pas appliquer cette nouvelle « pastorale », et sont menacés d’être congédiés de leurs paroisses. A ces hommes d’Église, enfin, qui se sentent encouragés à recevoir les sacrements et à célébrer la messe, malgré un manque de volonté libre de s’abstenir d’actes homosexuels ou de relations sexuelles avec des femmes…
Une énorme confusion règne et beaucoup perdent leur foi à cause d’elle. Les quatre cardinaux, auteurs des dubia, ont agi « avec une grande retenue et respect pour le pape et avec une justification complète ». C’est l’absence de réponse à leurs questions qui crée la confusion.
 

Oui et oui : le relativisme absolu

Confusion savamment entretenue par le pape François qui dit « oui » à tous, sans jamais éclaircir sa pensée. Louant les évêques de Buenos Aires qui affirment que « la seule lecture correcte d’Amoris Laetitia » est d’admettre les adultères impénitents et d’autres couples, après discernement, aux sacrements, ou encore ceux de Malte. Et acceptant en même temps le refus unanime et courageux des évêques polonais de « changer » les règles…
Ainsi, il semble que le Magistère ne doive pas avoir un seul enseignement sur ces questions et tolérer la diversité culturelle et nationale des « traditions morales »… Le relativisme s’installe bel et bien.
L’archevêque Javier Martínez Fernández prétend que l’article de Seifert « endommage la communion de l’Église (…) sème la méfiance envers le Successeur de Pierre (…) ne sert pas la vérité de la Foi, mais plutôt les intérêts du monde » – quelle contre-vérité absolue !
 

Clémentine Jallais