Plus de la moitié des enseignants du Royaume-Uni connaissent des élèves qui utilisent les médias sociaux pour partager des messages, des images et des vidéos sexuellement explicites : la pratique du sexting – l’envoi de textos à contenu sexuel, ou « sextos » – est aujourd’hui tellement répandue qu’elle touche jusqu’à des enfants de 7 ans. C’est par milliers que les enfants britanniques tombent dans les griffes d’une pornographie qui ajoute l’agressivité et la méchanceté à l’immoralité : un fléau que les professeurs dénoncent parce qu’ils en sont eux-mêmes victimes.
Une très récente étude évalue à 44.112 le nombre d’élèves du secondaire qui se sont livrés à de telles pratiques ces trois dernières années, mais il ne s’agit que des cas effectivement découverts par les enseignants. Le chiffre réel est très probablement bien plus élevé. L’étude montrait notamment que des jeunes n’hésitent pas à envoyer des images à des adultes inconnus alors que les pédophiles utilisent de plus en plus souvent internet pour « séduire » leurs victimes. En outre, un tiers des cas découverts concernent des jeunes de 12 ou 13 ans.
Les collégiens britanniques exposés au fléau du sexting
Le syndicat britannique d’enseignants NASUWT a interrogé ses membres sur le sexting, avec des résultats tout aussi inquiétants. Son étude montre comment des jeunes filles de quatrième avaient mis la main sur des « selfies » sexuellement explicites d’une de leurs camarades de classe, et les montraient à qui voulaient les voir. Pour appeler les choses par leur nom, elles diffusaient des images pédopornographique, un délit puni par la loi.
Le partage d’images pornographiques révèle le degré de licence qui sévit dans les classes du collège. 45 % des professeurs interrogés lors de cette étude ont ainsi affirmé être au courant de telles pratiques parmi des élèves âgés de 13 ans ; la proportion passe à 63 % des professeurs pour des élèves de 14 ans. Souvent les images sont obtenues par la ruse ou la pression : l’étude évoque le cas d’une jeune fille prétextant un « intérêt romantique » pour un garçon pour obtenir de lui des photos de son sexe qu’elle a ensuite partagées sur internet. Le fléau est très loin de ne frapper que les garçons…
Des enfants de 7 ans échangent des images pornographiques
Les professeurs sont également victimes de l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes : plus d’un tiers d’entre eux ont vu en ligne des photos prises sans leur consentement et un dixième ont fait l’objet de menaces, assurait l’étude récente. Chose confirmée et davantage par celle de NASUWT : ici la moitié des enseignants fait été de commentaires négatifs ou injurieux à leur égard découverts sur internet, souvent assortis d’images. L’une des présentations préférées consiste à trafiquer leurs photos pour les faire ressembler à Djihadi John. Les accusations diffamatoires sont aussi légion – ils sont volontiers taxés de pédophilie – et on ne compte plus les menaces de viol, étrangères à la culture européenne.
Le tiers des enseignants s’abstient de signaler les faits qui les mettent en cause personnellement, souvent parce qu’ils estiment qu’il n’y a rien à faire. Cela correspond à l’inaction des responsables scolaires qui très souvent ne réagissent pas lorsque des cas de sexting et d’autres cas d’utilisation traumatisante des réseaux sociaux.
Les conséquences de ces pratiques – auxquelles s’ajoutent les messages de dénigrement physique, « racistes », « homophobes » – peuvent être dramatiques, parfois même tragiques lorsqu’elles poussent un jeune au suicide. Les professeurs de NASUWT demandent la « tolérance zéro » et on les comprend. Mais les études sont également prétexte à réclamer davantage d’éducation sexuelle dans les écoles. Or il ne s’agit pas d’éducation – qui relève d’ailleurs de la responsabilité des parents – mais de sexualisation précoce. Elle fait partie du problème.