« Terre Mère » : les droits de l’homme… pour une rivière en Nouvelle-Zélande

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La religion de la planète qui invente toujours de nouvelles idoles est en même temps une religion de la négation de la nature propre de l’homme. Après les animaux, les êtres inanimés… Une manifestation concrète de cette propension à vouloir doter la « Terre Mère » de droits semblables aux droits de l’homme nous vient de Nouvelle-Zélande. Le 15 mars dernier, le Parlement de ce pays des antipodes a adopté la loi « Awa Tupua », qui vise à donner la personnalité juridique et des « droits humains » à la rivière Whanganui. Le texte est l’aboutissement d’une négociation avec la population autochtone maorie au motif de leurs croyances religieuses.
 
On voit ici dans un raccourci saisissant le sens profond de l’écologisme et de la défense de la nature dont les droits sont affirmés aujourd’hui par la classe médiatique dominante : cet écologisme renvoie à une réhabilitation du culte de la matière, de l’animisme, du chamanisme et de toutes ces religions traditionnelles panthéistes bénéficiant aujourd’hui de la tendance syncrétiste, tellement à la mode.
 

La religion de la Terre Mère : l’idolâtrie de la matière

 
La religion traditionnelle des Maoris est polythéiste et repose sur la communication avec les esprits ; les sacrifices humains et le cannibalisme en faisaient partie. Elle affirme que les Maoris et la rivière Whanganui sont « un ».
 
Au nom de la tribu Whangaui Iwi, le négociateur en chef Gerrard Albert a expliqué : « La raison pour laquelle nous avons toujours adopté cette approche, c’est que nous considérons la rivière comme un ancêtre et que nous l’avons toujours fait. De notre point de vue, traiter la rivière comme une entité vivante est la manière correcte de l’aborder, comme un tout indivisible, au lieu d’adopter le modèle traditionnel de ces 100 dernières années qui consiste à la traiter du point de vue de la propriété et de la gestion. »
 
Soit dit en passant, si les évolutionnistes ont raison et que l’homme a pour ancêtre l’océan qui aurait engendré le premier micro-organisme, il est somme toute logique de considérer la « Terre Mère » comme une personne organique dont l’homme ne serait qu’un infime et turbulent élément.
 

En Nouvelle-Zélande, les Whanganui Iwi font reconnaître des droits à leur rivière

 
Ce sont des conservateurs néo-zélandais qui ont pris la responsabilité de cette loi idéologique. Le ministre néo-zélandais chargé des négociations du traité, Chris Finlayson, a clairement posé le cadre de la nouvelle loi : « Te Awa Tupua aura sa propre identité juridique avec tous les droits, devoirs et responsabilités correspondants à la personnalité juridique. Cette approche qui consiste à donner la personnalité juridique à une rivière est unique », a-t-il précisé. On s’en serait douté. Mais on aurait tort de penser qu’il s’agit là d’une originalité : la nouvelle religion de la Planète ne dit pas autre chose, au fond.
 
Te Awa Tupua, c’est le nom donné au « Règlement des revendications à propos de la rivière Whanganui », et désigne cette reconnaissance de sa « personnalité juridique ». On peut lire dans l’exposé des motifs de la loi : « A travers ce règlement, la couronne reconnaît que Te Awa Tupua est une entité indivisible et vivante comprenant la rivière Whanganui depuis les montagnes jusqu’à la mère, comprenant ses affluents et tous ses éléments physiques et métaphysiques. » Oui, métaphysiques… le règlement ne reconnaît-il pas que la rivière a assuré aux Whanganui Iwi « leur subsistance à la fois physique et spirituelle depuis des temps immémoriaux » ?
 
On a affaire ici à une loi votée par le Parlement d’un pays développé, christianisé. On croit rêver…
 

Personnalité juridique pour une rivière : la fin des droits de l’homme

 
Le responsable du parti des Verts néo-zélandais, James Shaw, n’a pas caché son enthousiasme. Il a souligné que la rivière peut désormais « jouir du droit de ne pas être polluée, du droit de ne pas être dégradée et de ne pas être sur-exploitée avant de pouvoir se remplir elle-même » –non parce que cela ferait du tort aux êtres humains qui dépendent de ses ressources, mais en elle-même. C’est un glissement de sens extrêmement dangereux. Une novation juridique que Shaw qualifie de « don pour le monde ». Elle a déjà fait des émules, en tout cas : en Inde, une cour de justice a déjà proposé de reconnaître des « droits humains » au Gange et à la rivière Yamuna, calqués sur les « droits, devoirs et responsabilités » reconnu à la rivière Whanganui, et au Royaume-Uni une initiative en ce sens vise la rivière Frome.
 
La responsabilité sans la conscience ? C’est un effarant retour à la pensée magique, la fin de cette civilisation qui repose sur la prise en compte de la rationalité qui retient plutôt – comme le droit français – la « responsabilité du fait des choses que l’on a sous sa garde ».
 
Le même parti Vert néo-zélandais qui a porté le projet Te Awa Tupua fait partie des plus virulents partisans du « droit » à l’avortement.
 
Il n’y a là aucune contradiction, aucune ironie sauf apparente. Face au grand tout de la matière, avec sa spiritualité infernale, les droits des hommes, et plus encore les droits des enfants conçus ne pèsent pas lourd. Il serait temps de s’en rendre compte.
 

Anne Dolhein