L’université jésuite de Georgetown, Etats-Unis, engage un chapelain hindou

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C’est pour répondre aux « besoins spirituels » de ses quelque 300 étudiants hindous que l’université catholique de Georgetown, à Washington DC, vient d’engager un chapelain hindou. La prestigieuse institution jésuite a accueilli Brahmachari Vrajvihari Sharan, en cette rentrée 2016 : dimanche dernier, il célébrait son premier culte hebdomadaire, « dominical », en présence d’une petite cinquantaine d’étudiants ravis du ton patelin adopté par le brâhmane.
 
Cela fait des années que les étudiants hindous se débrouillent seuls pour célébrer le puja. L’arrivée d’un chapelain à part entière leur change la vie, expliquent-ils. Même si cela pose aussi quelques problèmes, déjà rencontrés par les célébrants laïques d’hier : comment bricoler une cérémonie qui réponde aux attentes très diverses des étudiants en raison des très grandes différences de prières et de croyances d’une région de l’Inde à l’autre, sans compter la présence de nombreuses sectes, la multiplicité des divinités qui ne sont pas les mêmes pour chacune ? Il semblerait que Sharan s’en soit tiré sans accroc.
 

Une université jésuite au service de la « croissance spirituelle » des étudiants hindous

 
C’est qu’il a su leur parler, à ces étudiants, dans un milieu qu’il connaît bien : il a démarré le culte en les invitant à se vider l’esprit : « Fermez tous les onglets ouverts, comme vous le feriez dans une fenêtre Firefox. » Le ton a plu. Sharan passe mieux auprès des universitaires que les moines hindous – moins savants que les brahmanes – ou chapelains laïques engagés par d’autres universités américaines. A 31 ans, il a lui-même été formé dans des ashrams en Inde, et il est diplômé de sanskrit à l’université d’Édimbourg. Son précédent emploi était celui d’enseignant d’université au pays de Galles et à Londres.
 
En choisissant un « aumônier » intellectuellement armé pour faire face à des étudiants que l’on suppose de niveau élevé – et même en allant délibérément le chercher pour répondre à une « nécessité », comme le dit un responsable de Georgetown – les autorités jésuites de l’université estiment être pleinement dans leur rôle. Fièrement catholique – note le Washington Post – l’institution considère que « le désir de former de la personne tout entière » fait partie de sa « mission » de son « ethos ». C’est ce qu’a expliqué le Révérend Greg Schenden, l’un des aumôniers catholiques. Georgetown, commente l’article, veut voir ses étudiants vivre une croissance spirituelle au cours de leurs années d’études : tous les étudiants, et pas seulement ceux qui sont catholiques.
 

Des chapelains hindou, musulman et juif à Georgetown, établissement catholique

 
De telle sorte que l’université compte déjà un rabbin et un imam parmi son équipe de chapelains… Comme exemple de relativisme, il est difficile de faire mieux : c’est la manifestation sans conteste que l’on considère toute spiritualité comme équivalente. Qu’une université catholique se soucie de la « croissance spirituelle » des musulmans, des juifs et maintenant des hindous dans leur propre croyance indique une renonciation à vouloir leur faire découvrir et aimer la vérité qu’en tant que telle, elle devrait avoir à cœur de partager.
 
Sharan a bien compris de quoi il retourne, lui qui salue la philosophie des responsables de l’université jésuite : « Ils aimeraient voir les étudiants quitter Georgetown munis d’une compréhension plus profonde de leur moi spirituel et de leur place au sein d’une société inter-religieuse. »
 

Aux Etats-Unis, l’université de Georgetown irrite les catholiques fidèles

 
L’institution jésuite n’en est pas à son coup d’essai. Au mois d’avril, Georgetown a accueilli Cecile Richards, directrice générale du Planned Parenthood America, principal pourvoyeur d’avortements aux Etats-Unis, pour évoquer les « droits reproductifs » devant une salle de 400 auditeurs enthousiastes qui l’ont gratifiée d’une ovation debout.
 
Cela fait d’ailleurs longtemps que l’université jésuite est entachée d’une réputation bien méritée de progressisme et de libéralisme. En 2013, William Peter Blatty, ancien élève de Georgetown, auteur du roman L’exorciste qu’il a également porté à l’écran, a lancé une pétition demandant au Vatican de priver cette université de ses titres de « catholique » et de « jésuite » au motif qu’elle avait abandonné son identité catholique.
 
Inutile de dire qu’il n’a pas été entendu.
 

Anne Dolhein