Fille de marquis et lointaine descendante de Mathilde de Canossa, qui avait accueilli le pape saint Grégoire VII alors que l’empereur germanique Henri IV menaçait de le déposer, en 1077, elle naquit à Vérone le 1er mars 1774. Orpheline de père en 1779, elle fut placée avec ses frères et sœurs sous la tutelle d’un oncle, alors que sa mère se remariait.
Profondément pieuse, elle tenta par deux fois, en 1791, d’entrer chez les Carmélites, mais comprit rapidement que là n’était pas sa vocation. Elle rentra donc dans son domaine pour en gérer l’administration. Entre 1797 et 1807, elle reçut par trois fois Napoléon, qui fut fort impressionné par ses vertus.
Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes entraînèrent dans sa région une aggravation de la misère. Elle se rendit alors à Venise pour y porter secours aux malades et aux pauvres. Puis, de retour à Vérone, elle mit à profit son temps et ses biens pour aider les miséreux. Alors que ses proches la blâmaient pour ce qu’ils considéraient comme des excès de zèle, elle leur dit : « Le fait d’être née marquise m’empêcherait-il d’avoir l’honneur de servir Jésus-Christ dans ses pauvres ? »
En 1808, Napoléon lui fit don de l’ancien couvent des Augustines de Vérone, dans lequel, après avoir été rejointe par plusieurs femmes, elle fonda le 8 mai 1808 les Filles de la charité de Vérone, congrégation vouée à l’enseignement et au catéchisme ainsi qu’à l’aide aux malades. Plusieurs couvents furent ouverts dans les années qui suivirent en Italie, et la congrégation fut officiellement approuvée par Léon XII le 23 décembre 1828.
Madeleine, qui s’épuisait pour son œuvre, mourut à Vérone le 10 avril 1835. Béatifiée par Pie XII le 7 décembre 1941, elle fut canonisée par Jean-Paul II le 2 octobre 1988 : « Elle a su “perdre sa vie” pour le Christ. Lorsqu’elle prit conscience des terribles fléaux que la pauvreté matérielle et morale répandait parmi la population de sa ville, elle comprit qu’elle ne pouvait pas aimer son prochain “comme une dame”, c’est-à-dire continuer à jouir des privilèges de sa classe sociale et se limiter à partager ses biens, sans donner d’elle-même. La vue du Crucifix l’en empêcha. “Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ…” (Phil II, 5). “Dieu seul et Jésus crucifié” devient la règle de sa vie. »