21 avril : Saint Anselme

21 avril Saint Anselme
 

Il naquit vers 1033 à Aoste. Lorsque sa mère mourut vers 1056, il s’enfuit de la maison de son père, qui ne parvenait pas à assurer son éducation, pour se rendre en France dans le but de s’instruire. Après quelques hésitations, il devint bénédictin à l’abbaye Notre-Dame du Bec en 1060 ; il y fut le disciple du prieur Lanfranc, et, lorsque celui-ci fut envoyé dans une autre abbaye en 1063, devint lui-même prieur.

Anselme rédigea dès cette époque plusieurs traités spirituels, avant d’être élu abbé de son monastère en 1078 ; il reçut la crosse des mains de Guillaume le Conquérant. Théologien de premier plan, il montra notamment la complémentarité de la foi et de la raison. Son maître Lanfranc était devenu archevêque de Cantorbéry, et il se rendit par deux fois outre-Manche pour le visiter.

En 1093, après la mort de Lanfranc, le siège de Cantorbéry lui fut offert par le roi Guillaume II le Roux, qui souhaitait réformer l’Eglise pour améliorer les revenus de l’Etat. Attaché à la réforme grégorienne, Anselme considérait ne tenir sa charge que du pape Urbain II.

L’épiscopat d’Anselme fut marqué par son opposition au pouvoir royal des deux souverains successifs Guillaume II le Roux et Henri Ier. Il connut un premier exil en 1097, après la saisie des revenus ecclésiastiques par Guillaume. En 1098, il participa au concile de Bari, où il précisa la doctrine du filioque contre les Eglises d’Orient ; son argumentaire est développé dans son traité Contra Graecos. Il se rendit aussi à Rome pour le concile de 1099, qui condamna notamment la simonie.

En 1100, le nouveau roi, Henri Ier Beauclerc, le rappela à Cantorbéry. Il put, en 1102, faire promulguer la réforme grégorienne pour l’Eglise d’Angleterre. Mais, à partir de 1103, le roi commença de nommer lui-même les évêques et les abbés. Anselme s’exila une nouvelle fois, et ne revint en Angleterre qu’en 1106, après qu’Henri eut renoncé aux investitures. Il ne parvint toutefois jamais à obtenir une pleine communion du Royaume avec la papauté.

Anselme mourut à Cantorbéry, le 21 avril 1109. Sa canonisation, demandée par saint Thomas Becket en 1163, fut réalisée en 1494 par Alexandre VI ; il fut proclamé Docteur de l’Eglise par Clément XI en 1720 : on le connaît comme le Doctor Magnificus (Docteur Magnifique). Nombre de ses écrits, des traités théologiques d’une grande richesse, sont conservés.

Dans son audience générale du 23 septembre 2009, Benoît XVI déclara : « La clarté et la rigueur logique de sa pensée ont toujours eu comme fin d’“élever l’esprit à la contemplation de Dieu”. Il affirme clairement que celui qui entend faire de la théologie ne peut pas compter seulement sur son intelligence, mais qu’il doit cultiver dans le même temps une profonde expérience de foi. L’activité du théologien, selon saint Anselme, se développe ainsi en trois stades : la foi, don gratuit de Dieu qu’il faut accueillir avec humilité ; l’expérience, qui consiste à incarner la parole de Dieu dans sa propre existence quotidienne ; et ensuite la véritable connaissance, qui n’est jamais le fruit de raisonnements aseptisés, mais bien d’une intuition contemplative. A ce propos, restent plus que jamais utiles également aujourd’hui, pour une saine recherche théologique et pour quiconque désire approfondir la vérité de la foi, ses paroles célèbres : “Je n’essaie point, ô mon Dieu, de sonder les profondeurs mystérieuses de votre nature ; mon intelligence bornée ne peut mesurer l’immensité de vos perfections ; mais je désire comprendre, autant qu’il est en moi, les saintes vérités que mon cœur aime et que ma foi reconnaît en vous. Je ne cherche pas à comprendre afin de croire, je crois afin de comprendre ; je ne puis avoir l’intelligence qu’à condition d’avoir d’abord la foi.” »