400.000 emplois créés grâce au Brexit : un “think tank” britannique en est persuadé

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Michael Gove

 
Le think tank britannique Change Britain a fait les comptes : si le Royaume-Uni quitte l’Union douanière européenne dans le cadre des négociations du Brexit, il deviendra « le phare du libre-échange global » avec à la clef, près de 400.000 nouveaux emplois créés. La prophétie est amusante. Après avoir hurlé sur tous les tons que l’économie britannique allait sombrer si le Royaume-Uni quittait l’Union européenne, voici qu’au nom du mondialisme libre-échangiste, on lui promet un avenir radieux.
 
Certes, l’analyse qui aboutit à cette annonce enthousiasmante émane d’un groupe lui-même favorable au Brexit, et qui dispose du soutien de Michael Gove, l’ancien secrétaire d’Etat à la justice. Aux côtés de Boris Johnson, celui-ci mena campagne pour la sortie de l’Union européenne. Voilà qui prouve au moins que les chiffres peuvent être utilisés dans tous les sens ; au moins sait-on, plus de six mois après le référendum, que le Royaume-Uni n’est pas en train de sombrer…
 

Le “think tank” Change Britain annonce des lendemains qui chantent

 
Mais 400.000 emplois nouveaux ? La promesse se fait sous forme de pression sur le gouvernement en vue des négociations. L’analyse de Change Britain repose sur une hypothèse simple : la sortie de l’union douanière de l’UE et la mise en place d’accords commerciaux avec huit pays étrangers suffiraient à entraîner cette conséquence on ne peut plus désirable en créant de nouveaux postes aussi bien dans l’industrie manufacturière que dans les services.
 
Le think tank estime que l’union douanière permet certes de commercer librement entre partenaires, sans droits de douane, mais qu’elle constitue une entrave dans la mesure où elle oblige les Etats membres à appliquer solidairement les mêmes droits de douane aux biens importés depuis des pays tiers.
 
C’est en se fondant sur des données de la Commission européenne sur des accords potentiels avec des pays comme l’Inde, la Chine, Japon et le Canada, que l’organisme aboutit à la conclusion que le Royaume-Uni pourrait gagner jusqu’à 20 milliards de livres des exportations supplémentaires et créer très exactement – on admire la précision – 387.580 emplois en négociant de manière indépendante des accords avec ces pays. A l’heure actuelle, le Royaume-Uni n’a pas le droit de négocier de tels accords, ayant cédé sa souveraineté à la Commission de Bruxelles sur ce chapitre.
 

400.000 emplois créés à la faveur de la rupture avec l’union douanière ?

 
Le fait de sortir ou non de l’union douanière est une question épineuse dans le cadre des négociations du Brexit, mais la prise de position de Change Britain rejoint celle de Boris Johnson, actuel ministre des affaires étrangères britanniques, qui s’était exprimé en ce sens en affirmant que le Royaume-Uni sortirait « probablement » de l’union douanière, pour se faire retoquer un peu plus tard par le Premier ministre.
 
Michael Gove a renchéri sur la publication du rapport en déclarant : « Le Royaume-Uni va au-devant d’un avenir prospère si nous quittons l’union douanière de l’UE et que nous devenons un phare du libre-échange global. A mesure que nous conclurons de nouveaux accords commerciaux avec les économies croissantes du XXIe siècle, cela va créer des centaines de milliers d’emplois dans l’ensemble du pays, renforçant les communautés partout dans le Royaume-Uni et assurant à chacun de profiter des bienfaits de la croissance économique. Mais pour y arriver, il nous faut reprendre le contrôle de notre politique commerciale. Ce n’est que dans cette mesure que nous arriverons à réaliser tout le potentiel de cette grande nation commerçante. »
 
Et ce en tant que membre à part entière de l’OMC, où le pays reste actuellement sous la coupe de l’Union européenne qui négocie en son nom…
 

Le Brexit, ouverture sur une nouvelle forme de mondialisme

 
Le choix se pose en ces termes, selon les négociateurs du Brexit et ceux qui les pousse à aller dans un sens ou dans l’autre : il faut choisir entre la signature d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne, qui impliquerait de rester au sein de l’union douanière, ou bien l’adoption complète et indépendante des règles de l’Organisation mondiale du commerce.
 
Tim Martin, président fondateur de la chaîne de pubs JD Wetherspoon, estime que les choses sont donc très simples. La solution lui est égale mais, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec la BBC, « nous ferons plus d’argent dans le cadre des règles de l’OMC parce que nous bénéficierons des droits de douane. Il faut simplement être prêt à s’en aller – et il est tout à fait clair que la grande erreur de Cameron, une espèce de type naïf pensant que nous y arriverions par une manœuvre de relations publiques, a été de ne pas être prêt à s’en aller ».
 
Il y a dans cette vision du Brexit un nouveau paradoxe. Dans l’esprit des Britanniques, il s’agissait de retrouver la souveraineté et sans aucun doute, une forme de préférence nationale. L’opération pourrait bien servir à créer un nouvel équilibre finalement assez semblable à celui existant au sein de l’Union européenne mais dans un nouvel espace d’échange sans protection aux frontières. Quoi qu’il arrive on restera, probablement, dans une logique parfaitement mondialiste.
 

Anne Dolhein