Elle naquit le 16 octobre 1890, à Corinaldo, dans les Marches italiennes, dans une famille pauvre et très catholique ; en 1899, sa famille fut contrainte de déménager à Le Ferriere di Conca, au sud de Rome, où elle partagea un minuscule logement avec Giovanelli Serenelli, veuf, et son fils Alessandro, âgé de 17 ans.
Le père de Maria mourut la même année de la malaria, et elle dut s’occuper de ses frères et sœurs et de leur logement pendant que sa mère travaillait aux champs. Maria se démarquait par sa grande piété et son dévouement au service de sa famille.
Mais son jeune voisin se mit à la poursuivre, désirant abuser d’elle. Ferme, elle se réfugia dans la prière, évitant autant que possible de se retrouver seule avec lui. Le 5 juillet 1902, il tenta de la violer et, comme elle se refusait à lui, il la poignarda à quatorze reprises avec un poinçon de 27 cm de long.
Après des heures d’agonie et après avoir reçu le viatique, Maria Goretti mourut le 6 juillet 1902 ; elle avait déclaré au prêtre : « Oui, pour l’amour de Jésus, je pardonne. Je veux qu’il vienne lui aussi avec moi au Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi, je lui ai pardonné. » Reconnue martyre, elle fut canonisée par Pie XII le 24 juin 1950 : ce fut à Rome la première canonisation qui se déroula non dans la Basilique Saint-Pierre, mais sur la place Saint-Pierre, pour permettre aux 500.000 fidèles d’étant déplacés d’y assister.
Alessandro Serenelli fut condamné à 30 ans de prison. Libéré en 1929, il se rendit à la Noël 1934 auprès de la mère de Maria pour implorer son pardon, qu’il obtint. Il devint ensuite membre du Tiers-Ordre franciscain, et vécut jusqu’à sa mort le 6 mai 1970 dans un monastère à Ascoli Piceno, où il fut réceptionniste et jardinier. Il rédigea en 1961 un testament fort édifiant :
« J’ai presque 80 ans et je suis sur le point de finir ma vie. En regardant en arrière, je reconnais que, dans ma prime jeunesse, j’ai emprunté une fausse voie : la voie du mal, qui m’a conduit à la ruine. J’ai découvert, à travers la presse, les spectacles et les mauvais exemples que la plupart des jeunes suivent sans se soucier du monde : moi non plus, je ne m’en souciais pas. J’avais près de moi des gens croyants et pratiquants, mais je n’ai pas fait attention à eux, aveuglé par une force brute qui m’a conduit sur une voie diabolique. J’ai commis un crime passionnel à l’âge de 20 ans, dont le simple souvenir m’horrifie aujourd’hui.
« Maria Goretti, aujourd’hui sainte, a été le bon ange que la Providence avait placé devant mes pas pour me sauver. Ses paroles de réprimande et de pardon sont encore gravées dans mon cœur. Elle a prié pour moi, intercédé pour son meurtrier. 30 ans de prison ont suivi. Si je n’avais pas été mineur, j’aurais été condamné à la perpétuité. J’ai accepté la peine méritée, avec résignation : je comprenais ma culpabilité. La petite Marie fut vraiment ma lumière, ma protectrice ; avec son aide, je me suis bien comporté pendant les 27 ans de prison et j’ai essayé de vivre honnêtement quand la société m’a accepté à nouveau dans ses rangs.
« Les fils de saint François, les mineurs capucins des Marches, avec une charité séraphique, m’ont accueilli parmi eux non pas comme un serviteur mais comme un frère. Je vis avec eux depuis 24 ans. Et maintenant, j’attends calmement le moment d’être admis dans la vision de Dieu, d’embrasser à nouveau mes proches, d’être près de mon ange protecteur et de sa chère mère, Assunta.
« Puissent ceux qui liront cette lettre apprendre l’heureuse leçon de fuir le mal et de suivre toujours le bien, dès l’enfance. Qu’ils comprennent que la religion avec ses préceptes n’est pas quelque chose dont on peut se passer, mais qu’elle est le vrai réconfort, le seul chemin sûr en toutes circonstances, même les plus douloureuses de la vie. Paix et bien. »