Le 7 octobre et le souvenir de Lépante

7 octobre souvenir Lépante
Notre-Dame donne le rosaire à saint DominiqueLawrence OP)

 

Les musulmans radicaux – on le voit avec leurs efforts pour « récupérer » comme mosquées Sainte-Sophie de Constantinople ou la cathédrale de Cordoue – ont un fort sens de l’histoire, et si l’attaque contre Israël s’est déroulée un 7 octobre, il y a tout juste un an, impossible de ne pas y voir une référence à cet autre 7 octobre qui en 1571, vit la victoire des alliés catholiques contre l’ennemi ottoman à Lépante. Un 7 octobre où la chrétienté était en péril de mort face à une armée numériquement puissante, animée par le désir de reprendre l’Europe où l’islam avait jadis atteint le nord de l’Espagne, et puis Poitiers, mais aussi Vienne atteinte, puis perdue en octobre 1529, puis assiégée une nouvelle fois par les Turcs en 1683, sans succès.

Cette histoire de la pression ottomane sur la chrétienté fut marquée par de nombreuses victoires miraculeuses, de la bataille d’Ourique au Portugal en 1139, où le roi Afonso Enriques reçut une vision du Christ crucifié qui lui annonçait, la veille, sa victoire sur les Almoravides.

 

La bataille de Lépante, remportée un 7 octobre grâce au rosaire

L’histoire de la Reconquista abonde elle aussi de faits miraculeux marqués par l’intervention de Dieu – considéré comme l’acteur le plus important de ces combats – ou de la Vierge Marie : un étendard à son effigie permit aux rois hispaniques de traverser sans dommage le plus fort des troupes almohades lors de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, gagnée par les rois de Navarre, de Castille et d’Aragon. Décisive sur le plan stratégique et psychologique, elle préfigurait déjà la victoire finale de 1492, permettant la reconquête rapide de la moitié de la péninsule.

La délivrance de Vienne sous le commandement de Jean III Sobieski en 1683 face à des Ottomans en surnombre donna lieu la même année à l’institution de la fête liturgique du Saint Nom de Marie, au 12 septembre. Le roi de Pologne, avant de lancer l’offensive avec 24 heures d’avance, avait fait célébrer une messe en l’honneur de la Mère de Dieu, et invoqua lui-même le nom de Marie, avant de se lever avec ses hommes au cri de « Marchons sous la toute puissante protection de la Mère de Dieu ! », de telle sorte que la victoire fut attribuée à son intercession. Les chrétiens étaient trois à cinq fois moins nombreux que les Turcs…

Mais ne dit-on pas que Marie est forte comme une armée rangée en bataille ?

 

Le souvenir de Lépante et de tant d’autres batailles

Le 7 octobre 1571, ce fut donc la grande bataille navale de Lépante, que les chrétiens devaient perdre selon la logique humaine. D’ailleurs, ils avaient à un moment battu en retraite. Mais on sait que le vent tourna soudain en leur faveur, et que les Ottomans ont fui devant la vision d’une Dame habillée comme une reine, alors que son regard « terrible » les vidait de tout courage. Pie V, le futur grand saint unificateur de la liturgie latine, avait lancé les forces chrétiennes à l’assaut des Turcs qui rêvaient d’Europe : l’Espagne, Venise, Gênes avaient répondu à son appel et aux côtés d’une petite escadre du pape, affrontèrent l’ennemi bien plus puissant. Et, ayant invoqué la Vierge, ils remportèrent là encore une victoire miraculeuse dont saint Pie V fut averti à Rome à l’instant même par une vision, et qu’il attribua au rosaire dont il était dévot. Le 7 octobre fut aussitôt célébré en l’honneur de Notre Dame de la Victoire, avant de devenir la fête de Notre Dame du Rosaire par décision de Grégoire XIII, 21 ans plus tard.

Aujourd’hui le monde s’effraye devant de nouvelles guerres, et l’islam n’a pas fini de vouloir étendre son emprise.

Et on se sent impuissant…

A tort. Le rosaire n’a rien perdu de sa force, et il est à la portée des plus faibles et des plus humbles. A Fatima, Notre Dame a demandé avec insistance sa récitation, pour la paix et pour le triomphe de son Cœur Immaculé.

« Les hommes d’armes batailleront, et Dieu donnera la victoire », disait Jeanne d’Arc. Mais jamais sans la prière, à laquelle elle était assidue.

« Il n’y a pas de problème, je vous le dis, peu importe combien il est difficile, que nous ne puissions résoudre par la prière du Saint Rosaire », disait sœur Lucie de Fatima.

La Vierge Marie n’a pas laissé les chrétiens sans arme.

 

Jeanne Smits