C’est à qui s’appropriera le cadavre. Russie et Chine ont envoyé des délégations de haut rang auprès des dirigeants du Venezuela pour discuter ce lundi d’un plan destiné à enrayer l’effondrement économique de leur principal allié marxiste en Amérique latine. Le hasard faisant bien les choses, l’entreprise d’Etat Petroleos de Venezuela SA (PdVSA) devait précisément ce lundi rembourser un emprunt de 949 millions de dollars. La Russie avait fourni voici un an une ligne de crédit d’urgence de 3 milliards de dollars en rééchelonnement de la dette du régime de Nicolas Maduro. Les hauts fonctionnaires russes ont été envoyés lundi pour s’assurer de récupérer leur dû. Les investisseurs, qu’on qualifiera désormais de spéculateurs tant la dette vénézuélienne est « pourrie », détiennent un montant estimé de 7.000 milliards de dollars. Le Venezuela a beau abriter les premières réserves pétrolières au monde, le montant laisse pantois alors que le régime est en état de banqueroute.
La délégation russe veut aider le Venezuela en banqueroute
Selon le porte-parole du ministère russe des Finances, Andrei Lavrov, la délégation russe présente à Caracas « devait fournir une assistance au Venezuela pour concevoir des mesures destinées à gérer l’économie dans une situation de crise ». Mais pour Bob Adelman, spécialiste économique pour thenewamerican.com, c’est « un peu comme si on demandait à un alcoolique son avis pour se désintoxiquer, les remèdes proposés par la Russie et la Chine ayant peu de chance de sauver le Vénézuélien moyen », dont le pays est en banqueroute.
La situation du Venezuela paraît absurde à qui connaît les bases les plus simples de l’économie domestique. Alors que ce pays est assis sur un tas d’or (noir), on estime à 90 % le taux de la population en état de pauvreté, la moitié étant même en état « d’extrême pauvreté », c’est-à-dire disposant d’un revenu ne lui permettant pas de se nourrir. La plus grande partie dépend des boîtes alimentaires fournies par l’Etat, qui les achète à la Turquie et les lui paie en tapant dans ce qui reste de ses réserves d’or. Près de la moitié des entreprises du pays ont fermé en raison des réglementations gouvernementales, du contrôle des prix et, surtout, d’une inflation himalayesque qui a transformé le bolivar en papier toilette. Le « bolivar souverain » a remplacé le « bolivar fort » le 19 août dernier à raison de un pour cent-mille, ce dernier ayant déjà remplacé le « bolivar » tout court, dix ans auparavant, à raison de un pour mille.
La malaria est revenue au Venezuela et le taux d’homicide est le 2e plus élevé au monde
La malaria est réapparue au Venezuela alors qu’elle était éradiquée depuis des décennies. Le taux d’homicides est le deuxième plus élevé au monde après le Salvador – plus de cinq Vénézuéliens sur cent sont assassinés chaque année. Conséquence : ceux qui peuvent fuir le pays le font, principalement vers la Colombie qui abrite actuellement 600.000 anciens ressortissants du paradis bolivarien. Les associations humanitaires anticipent un flux supplémentaire d’émigration de 1,6 à 2 millions de personnes cette année, si toutefois le régime leur octroie des passeports.
La production d’hydrocarbures a été divisée de moitié en deux ans grâce aux petits copains incompétents de Maduro qui ont remplacé les techniciens expérimentés au cours de sa « révolution populaire ». Les Vénézuéliens qui demeurent au pays sont tellement préoccupés par leur survie qu’il y a peu de chances que Maduro soit renversé par la population. Le régime maintient un système d’étroite surveillance truffé d’espions cubains et il s’assure le contrôle total de l’opinion par des médias nationalisés qui ont remplacé les médias privés. Ces organes d’Etat déversent « un barrage de propagande », selon le Washington Post, dépeignant le pays comme un paradis. « Les télévisions publiques montrent des enfants impeccablement vêtus, se rendant joyeusement à l’école », écrit son correspondant, alors que dans la réalité la plupart d’entre eux sont victimes de malnutrition et portent des chaussures trouées.
Nicolas Maduro se maintient grâce à la corruption, à la Russie et à la Chine
Nicolas Maduro, marxiste-léniniste, ancien garde du corps de politiciens socialistes puis syndicaliste conducteur de bus, formé à l’école des cadres du parti communiste cubain et passé par le gourou indien syncrétiste Sathya Sai Baba, a succédé à Hugo Chavez et se maintient au pouvoir grâce à un clientélisme échevelé et une corruption généralisée. L’assistance de ses amis de Russie et de Chine, qui voient dans le Venezuela une plate-forme géostratégique majeure – et richement dotée de surcroît face aux Etats-Unis –, devrait permettre à Nicolas Maduro de se maintenir au pouvoir tant qu’il satisfera à leurs desiderata. Après tout, les réserves pétrolières du Venezuela sont estimées à 300 milliards de barils, premières au monde. Comme la réunion de lundi l’a montré, le régime de Maduro tient par la seule grâce de ces deux géants. Quoi qu’il en coûte à une population désespérée.