L’imam Haitham al-Haddad est un intellectuel islamiste britannique d’origine palestinienne. C’est son droit le plus strict. Il lui arrive de prêcher, et singulièrement au mois d’août au centre musulman de Greenwich, dans le sud de Londres. Jusqu’ici, ça va. Il a dit à ses ouailles, parlant des Anglais ayant pris part aux récentes émeutes : « Certains d’entre eux ont un programme – et peut-être ce programme est-il lié au sionisme au sens large. Oui, nous le savons. » On ignore d’où il le sait, mais il a continué : « Et nous savons que certains d’entre eux veulent distraire l’attention du gouvernement et l’empêcher de condamner ce que le sionisme est en train de faire. » Là, on entre dans l’interprétation sans bride, et l’on voit bien que l’opinion de l’imam tourne à l’obsession. Mais là où cela tourne à l’aigre, c’est que cet intellectuel islamiste a nommé « victoire », sans un bémol sur les moyens, l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le sept octobre 2023. La commission gouvernementale contre l’extrémisme le suit depuis 2018 et le décrit d’ailleurs comme « misogyne, raciste et homophobe ». Malgré cela, la BBC l’a invité à participer à une émission sur les émeutes du mois, le présentant aux auditeurs comme un « imam très respecté ». Evidemment, cela a suscité quelques réactions de surprise, notamment du côté conservateur et chez ceux qui suivent les déclarations antisémites. Un porte-parole de la BBC a fini par répondre : « Nous avons invité Haitham al-Haddad pour parler de conciliation après les désordres qui ont touché notre pays. Nous reconnaissons que nous aurions dû être plus clairs au sujet des propos qu’il avait tenu antérieurement et lui poser plus de questions à ce sujet. Cependant, nous nous attachons à écouter toutes sortes de contributeurs et d’experts pour donner une pluralité de vues et d’opinions sur ces questions complexes. » Pourquoi n’invitent-ils donc pas de représentant du parti national-socialiste ?