Le patriarche Kirill justifie l’enseignement de la théorie darwinienne de l’évolution

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Le patriarche Kirill coche décidément toutes les cases de la bien-pensance. Très en pointe dans la promotion de la lutte contre le « changement climatique », compagnon de route du pape François dans la marche vers le syncrétisme et la révolution mondiale, comme le soulignait déjà en 2016 Pauline Mille sur RITV, il vient de donner son « imprimatur », version orthodoxe, à la théorie darwinienne de l’évolution, en affirment que celle-ci non seulement ne contredit pas l’idée du « plan divin » sur l’univers et l’apparition de la vie, mais la « renforce ».

Le Patriarche de Moscou s’est ainsi exprimé lors d’une visite à l’université scientifique et technologique Sirius dans le nouveau territoire fédéral du même nom créé en 2020 par Poutine sur les rives de la Mer Noire pour accueillir des structures éducatives au service des enfants et jeunes « doués ».

Il est même allé jusqu’à dire qu’à son sens, comme à celui de Darwin qu’il a qualifié d’« homme très religieux », la théorie de l’évolution n’a jamais été un facteur propre aux arguments anti-religieux mais qu’il fallait la comprendre comme un outil intégré dans l’univers et que l’humanité peut apprendre à utiliser.

 

Le patriarche Kiril, un darwinien qui s’assume

Darwin, cet « homme très religieux » s’est lui-même dit vaguement « déiste », et de façon bien plus ferme, « agnostique », ne croyant ni en un Dieu personnel ni en une « existence future avec rétribution et récompense ». Présenter cela comme chrétien et même « religieux » relève au moins d’une drôle de gymnastique de l’esprit (sinon d’une tromperie pure et dure).

« Dieu a créé un univers extraordinaire, il nous a donné la capacité de nous développer. Parfois, on dit que l’évolution va à l’encontre du plan de Dieu – mais ce n’est pas le cas, elle témoigne d’un dessein divin incroyable, si on imagine qu’une personne en s’appuyant sur des facteurs externes, puisse se développer seule de la même manière que cela s’est produit à la suite de l’évolution », a déclaré le patriarche, en précisant cependant : « Il est important que l’intervention humaine ne nuise en aucune manière à ce développement déterminé par Dieu de la personnalité humaine et de la nature en général. »

Ces commentaires interviennent alors que certains membres du clergé et plusieurs hommes politiques russes ont récemment qualifié la théorie de Darwin de « non scientifique » et de « trompeuse ». Début septembre, Muslim Khouchiev, assistant du Premier ministre russe et ancien Premier ministre de Tchétchénie, avait suggéré que les enseignements de Darwin soient supprimés des manuels scolaires du pays.

« Tout le monde sait qu’il s’agit d’une fausse théorie, qui va à l’encontre de la religion. C’est la première étape, je crois, de la corruption spirituelle des enfants. Nous pouvons simplement la supprimer. Elle n’est pas vraie, elle est contraire à l’éducation religieuse et toutes les religions l’ont reconnu », avait-il affirmé, appelant le ministre de l’Education, Sergey Kravtsov, à bannir cette théorie des écoles. Plusieurs représentants de l’Eglise orthodoxe russe avaient soutenu sa proposition – mais le porte-parole du patriarcat de Moscou, Vladimir Legoida, a affirmé que l’évolution et le créationnisme n’étaient pas nécessairement en conflit et que les deux approches devaient être enseignées aux enfants.

 

La théorie darwinienne de l’évolution, l’une des grandes idéologies révolutionnaires

Voilà qui passe sous silence le rôle éminemment révolutionnaire joué par L’Origine des espèces de Charles Darwin, publié à peu près à la même époque que le Manifeste du Parti communiste de Marx, deux textes fondateurs de la course au « Progrès », ce Moloch qui a déjà englouti tant de victimes. Et ce au nom de la « science », alors que l’évolution des espèces telle que l’a postulée Darwin n’a jamais été vérifiée par l’expérience et ne correspond pas à ce que nous voyons de l’ordre de la nature. Et qui dit ordre, dit organisation en vue d’une fin.

Le tort de Darwin est d’avoir rejeté cette téléologie, cette idée de la « cause finale » que l’on rencontre aussi bien à l’intérieur des organismes individuels chez qui tous les organes se coordonnent en vue d’une fin, mais même entre individus et même entre espèces à travers leur interdépendance. Darwin ne retenait que la « cause matérielle », cette matière à qui « l’évolution » dans son système donne forme au hasard de ses développements plus ou moins bénéfiques, refusant que la matière puisse être organisée par ce qui en constitue l’essence (la « cause formelle » de la philosophie réaliste), en vue d’une fin (cause finale).

Au fond, le darwinisme est un matérialisme au même titre que le marxisme, et qui s’appuie, qui plus est, sur la théorie de Malthus selon laquelle la population d’une espèce surpassera toujours les ressources à sa disposition et qu’il faut donc la mort d’un grand nombre d’individus de chaque espèce.

A l’heure de la contraception frénétique et souvent précocement abortive, ainsi que des centaines de millions d’avortements légaux qui ont déjà endeuillé l’humanité depuis la première légalisation du crime par la Révolution bolchevique, comment ne pas voir la cohérence de toutes ces idéologies mortifères ?

 

Kirill approuve la théorie darwinienne qui réduit l’être au devenir

Fondamentalement, « la théorie de l’évolution Darwin réduit l’être au devenir », observe Jeffrey Bond du Kolbe Center for the Study of Creation dans son article de fond sur la critique philosophique de L’Origine des espèces. Et un devenir permanent rendrait impossible toute observation et toute science… Et même, si on pousse le raisonnement au bout, toute classification des espèces, chaque groupe n’étant qu’une étape vers autre chose.

A quoi s’ajoute du point de vue de la foi, le fait de l’Incarnation. Bond note : « Si l’homme n’est pas un miroir intemporel de la réalité, si l’homme doit encore évoluer vers un accident de devenir plus parfait, alors cela n’aurait aucun sens de dire que Dieu s’est fait homme, une doctrine qui serait totalement absurde si l’homme ne possédait pas déjà cette forme d’image de Dieu qui reflète le plus parfaitement Dieu lui-même. Il est clair que la nature humaine du Christ deviendrait méprisable si elle n’était pas du tout une nature, mais simplement une fantaisie passagère. »

Mais quid alors de l’évolutionnisme théiste que revendique Kirill (et qui veut contredire le point de vue matérialiste de l’évolutionnisme) ? Celui-ci pose le principe selon lequel l’évolution a été « utilisée » par Dieu pour arriver à l’homme, contrairement à ce qu’affirme explicitement la Genèse qui décrit la création de chaque être, chacun selon son espèce ; et contrairement à l’expérience empirique qui n’a jamais réussi à confirmer la théorie de Darwin. Jamais on n’a vu une mouche drosophile mutée parvenir à se reproduire avec autre chose qu’une mouche drosophile (à moins d’être délibérément soumise à une modification génétique par l’homme qui la rend capable de reproduction asexuée…).

Mais quelle que soit la manière dont on l’aborde, la théorie de l’évolution « relativise » l’homme dans la hiérarchie des espèces. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui on affirme la possibilité de l’être humain de s’autodéterminer homme, femme ou chat, et qu’on parle tant de la possibilité d’un homme « augmenté », d’une humanité qu’il faut métisser avec l’ordinateur sous peine de sa propre obsolescence… Le mythe du progrès n’a pas disparu. Ni en Occident, ni en Russie.

 

Jeanne Smits