Barnier au service du mondialisme socialiste et écologiste

Barnier mondialisme socialiste écologiste
 

Il a parlé : on peut cesser enfin les procès d’intention pour faire le procès de ses intentions. Barnier a choisi le registre du père noble, solennité, gravité, responsabilité. Le gros de son discours ne mange pas de pain, il va falloir retrousser nos manches en se serrant la ceinture, dans la justice et la solidarité. Tout le monde ou presque peut y trouver motif à satisfaction – ou presque, à aigreur, comme Gabriel Attal, ou à indignation, comme les Insoumis. Même le et en même temps n’est pas oublié : on va faire des économies et en même temps payer plus d’impôts. Les rares points saillants disent cependant à quel service s’est mis le Premier ministre. En augmentant les impôts, il maintient la France champion de la pression fiscale, c’est-à-dire premier pays socialiste au monde. En présentant la dette comme un danger mortel, il y suggère une issue mutualisée, donc européiste et mondialiste, en même temps qu’il pose le mur de l’argent en obstacle infranchissable à d’éventuelles aventures nationalistes. En mettant le projecteur sur la dette écologique, il ne fait pas seulement un appel du pied à l’opinion écologiste, il reconnaît le moyen principal par quoi la France se soumet au mondialisme et ses redistributions.

 

En paroles, Bernier est économe, en actes, il reste socialiste

On connaît les chiffres. Bon an mal an, la France est devant la Finlande et quelques autres l’Etat le plus frappé par les prélèvements obligatoires, qui oscillent entre 42 % et 48 % du PIB, très au-dessus de la moyenne de l’Union ou de la zone euro, parfois battue, hors UE, par la Norvège. C’est le pays le plus imposé d’Europe. Quant à la dépense publique, elle se trouve aussi en tête, et de loin, avec 57 ou 58 % du PIB. Ponction fiscale et redistribution au plus haut, c’est donc le pays le plus socialiste, tel est le fait décrit par les données. En promettant que la réduction des déficits sera couverte aux deux tiers par la réduction des dépenses de l’Etat, Michel Barnier va en paroles dans le bon sens. Mais il détruit cet effort en annonçant en même temps un surcroît d’impôt pour les plus riches et les sociétés qui font de gros profits. Sans doute le présente-t-il comme temporaire, mais la vignette, la CSG et la CRDS aussi devaient être temporaires. Le socialisme n’est jamais une solution économique, il fait fuir les investisseurs et freine l’activité économique, même aux Etats-Unis : les hausses d’impôts en Californie ont poussé Elon Musk à déménager au Texas.

 

Le socialisme crée la dette qui rend l’Etat esclave du mondialisme

Cette tare économique se répercute bien sûr sur la dette. Calculée en euros, la dette française n’atteignait pas 95 milliards en mai 1981 : en mai 1995 elle dépassait 600 milliards. Or il n’y avait eu ni pandémie ni crise pétrolière mais une catastrophe humaine naturelle : le socialisme. En deux septennats, Mitterrand a plus que sextuplé la dette française, qui a depuis, en trente ans, quintuplé. Rapportée au PIB, c’est tout aussi frappant : de 21 % au 10 mai 1981, la dette est passée à 60 % en 1995 et plus de 110 % aujourd’hui. C’est d’autant plus grave que la croissance, forte dans les années 1960 et 1970, est atone, et que la balance commerciale, à peu près en équilibre ou positive jusqu’en 1980, puis excédentaire dans les années 1990, est devenue gravement déficitaire depuis 25 ans. Le dernier quart de siècle peut se décrire ainsi en France : activité faible, commerce déficitaire, budget en constant déficit, et dette de ce fait toujours plus lourde, jusqu’à ce que le service de cette dette devienne, comme l’a relevé Michel Barnier, le deuxième poste de dépenses du budget. Aucun particulier ne pourrait supporter cela, et même un Etat riche de gros actifs ne le peut pas.

 

Fillon dut se taire, Barnier en service peut parler

D’ailleurs François Fillon, au début du septennat de Nicolas Sarkozy, voilà dix-sept ans en septembre 2007, avait parlé d’un « Etat en faillite ». Mais, après avoir alimenté le babil des médias pendant quelque temps et fait grogner deux anciens Premiers ministres, Villepin et Jospin, le mot avait été retiré, et la politique au jour le jour repris son cours. Pourquoi le sommet de l’Etat et les médias surjouent-ils aujourd’hui la peur d’une dette qu’ils écartaient hier du champ de vision des Français ? Un exemple ne trompe pas, François Lenglet, le journaliste économique de TF1 est invité quasi quotidiennement à donner des leçons de calcul aux téléspectateurs. Pourquoi cette découverte soudaine ? Cela fait un quart de siècle, nous venons de le voir, qu’un gros endettement se conjugue à une activité atone et une gestion laxiste. C’est, à mon sens, que l’échelon supérieur au tandem Barnier/Macron juge le moment venu pour passer au pas suivant dans la construction mondialiste, la fédéralisation de l’Europe. Le discours de politique générale confirme l’analyse que je donnais voilà dix jours sur le moment Hamiltonien : par la mutualisation de la dette, l’Europe va avancer vers le fédéralisme.

 

La dette sert aussi de mur d’argent contre les populismes

Sans doute la France, comme les Länder de l’Est de l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et l’Autriche, vient-elle d’exprimer lors des dernières élections son inquiétude devant les conséquences de l’abandon de souveraineté, en matière d’immigration notamment. Mais justement, les promoteurs du mondialisme socialiste à travers l’Union européenne intègrent cette donnée : la peur du « populisme » croissant en Europe, en même temps que les difficultés économiques et l’endettement croissant, sont pour eux un motif de hâter le processus. Pour la première fois, on souligne que le moteur économique de la zone euro, l’Allemagne, cafouille, que la croissance n’est plus là : le chancelier socialiste Olaf Scholz à la tête d’une coalition fragile, face à une AfD en pleine croissance, et une économie malade, se rapproche de la situation de Macron et cela ouvre des possibilités. Or la dette présente à cet égard un avantage politique supplémentaire : dans l’hypothèse où le RN en France, et d’autres en Europe, surfant sur l’exaspération des peuples, parviendraient au pouvoir, l’énormité de la dette leur imposerait un cadre contraignant, dont les mondialistes espèrent qu’il les empêcherait de mener, notamment en matière d’immigration, de lois sociales et sociétales, le redressement attendu.

 

Deux signatures du mondialisme écologiste

Dans ce contexte, le RN, s’il est conscient de ces difficultés, va devoir jouer très fin. Le bruit (et peut-être quelques actes) mené par Bruno Retailleau en matière de sécurité et d’immigration va lui permettre pendant quelque temps de ne pas voter la censure que la gauche, elle, va vite proposer. Mais ensuite ? Michel Barnier s’est clairement mis au service du mondialisme socialiste et écologiste, il l’a montré par deux détails significatifs de son discours. Parlant des dépenses publiques, il a parlé de se soumettre à la « culture de l’évaluation », ce qui n’est pas absurde en soi, mais, pour un homme habitué comme lui à l’international, cela signifie précisément la surveillance de l’Etat par le supranational. Il a parlé aussi de « dette écologique ». Rappelons que cet euro-mondialiste est un écologiste de conviction, qui a publié voilà 34 ans un Atlas des risques majeurs d’inspiration clairement mondialiste et écologiste dont il faudra reparler. Il faut aussi rappeler les déclarations répétées des leaders de l’écologisme administratif appliqué selon lesquelles la politique écologique n’a pas pour fin l’environnement mais la « redistribution de la richesse mondiale » et une nouvelle révolution comparable à la révolution industrielle, mais « centralisée ». Avec Michel Barnier, la fenêtre de tir semble ouverte : tel est le service que ce vieux serviteur souhaite rendre au mondialisme écologiste et socialiste.

 

Pauline Mille