Michel Barnier a fait des retraités une des cibles faciles de ses prétendues économies en reportant l’indexation des pensions du premier janvier 2025 au premier juillet. C’est un vol, car l’Etat participe à l’obligation de la retraite par répartition, et que l’impasse où celle-ci se trouve l’oblige à boucher les trous et honorer les engagements qu’il a pris en la matière. Et c’est un vol sans risque car les retraités ne descendent pas dans la rue et ne cassent pas. C’est un vol d’autant plus scandaleux que l’Etat a encouragé la diffusion d’une fake news qui le justifie à ses yeux : les retraités jouiraient de revenus en moyenne supérieurs à ceux des actifs. Or c’est faux. Selon le Conseil d’orientation des retraites, en 2019 le total des pensions nettes perçues par les personnes composant le ménage retraité s’élevait à 2.363 € mensuels nets en moyenne contre 3.746 € nets mensuels de revenus d’activité pour les ménages actifs. Et même si l’on tient compte des prestations sociales, impôts, prélèvements, etc., le COR arrive au résultat suivant : « Le revenu disponible des ménages retraités s’élève à 2.700 euros mensuels en moyenne et celui des ménages actifs à 3.627 euros en moyenne en 2019. » Alors, comment fait-on pour affirmer que « les retraités ont un niveau de vie 1,5 % plus élevé que celui de l’ensemble de la population en 2019 » ? Simplement en relevant que les retraités sont souvent veufs et presque toujours sans enfants à charge ! Les gros malins ! Ils passent ainsi du ménage à l’individu. D’ailleurs, d’autres instituts de mesure infirment ses résultats. Selon l’INSEE en 2018, le revenu moyen des retraités serait de 2.073 euros par mois, inférieur de 6 % à celui des actifs. Et pour Statista, le revenu médian en France en 2009 était de 1.985 pour les actifs et de 1.865 pour les retraités. Cela prouve trois choses, que les données, mêmes officielles, sont à prendre avec prudence, que, non, les retraités ne gagnent pas plus que les actifs, et que, trois, le gouvernement joue la division entre citoyens pour tâcher de justifier ses économies de bout de chandelle mal choisies. Avoir travaillé, cotisé et épargné toute sa vie ne doit pas mettre une classe d’âge à la merci d’un gouvernement démagogue.