L’ennui avec la convergence des luttes et la synergie des subversions, c’est que le révolutionnaire qui en est le lieu pensant risque un jour d’exploser sous l’effet de ses contradictions. Aymeric Caron est de gauche, donc contre les privilèges et pour les taxes, écolo, donc ennemi de tout ce qui peut nuire au dogme réchauffiste, en particulier les émissions de CO2, et enfin animaliste antispéciste, c’est à dire qu’il tend à mettre l’homme et l’animal sur le même pied, ou la même patte si l’on préfère. Pour couronner cette tempête de luttes sous un crâne, c’est un politicien démagogue. A ce titre, il vient de proposer un amendement au PLF 2025, un crédit d’impôts de 30 euros par mois pour les propriétaires de chiens et de chats, parce que leur entretien « coûte très cher ». Cette niche fiscale a été évaluée par le rapporteur général de la commission des finances Charles de Courson à six milliards par an, estimation basse, 30 millions d’amis multipliés par 360 euros faisant plutôt dix milliards : Aymeric Caron aurait dû gager cette dépense sur une super-taxe super-supplémentaire sur les super-profits des riches. Sa proposition pèche encore plus sur le plan de l’éthique animale : si les chiens et les chats sont « des êtres sensibles dont il faut prendre soin », et sont considérés par certains comme des membres de leur famille ou comme des amis, il en va tout aussi bien de certaines vaches, cochons, brebis et chevaux favoris : au nom de quelle ségrégation réserver la niche fiscale aux seuls chiens et chats ? Enfin, c’est une vraie catastrophe sur le plan écologique. L’alimentation des animaux de compagnie repose sur l’industrie des croquettes et des pâtées en boîtes qui, outre qu’elle profite au grand capital, contribue à la souffrance animale, à la surconsommation d’eau et d’énergie et aux émissions de GES. Il faut déférer Aymeric Caron à la Haute Cour !! Ou plus simplement l’envoyer faire un stage à Sainte Anne.