Vous voulez apprendre à vos enfants le racisme et le privilège blanc ? Procurez-vous le jeu Blacks & Whites. C’est une copie, maladivement woke, du jeu bien classique Monopoly qui prétend faire voir aux bambins (blancs) ce qu’est la réalité sociale de leur monde, et dans le même temps conforte les autres bambins (noirs) dans leur statut de victime absolue, permanente, constitutive : plus d’argent et moins de temps passé en prison, les joueurs blancs ont la primeur tandis que les gens de couleur galèrent dans la pauvreté et la ségrégation…
Non seulement ce jeu existe vraiment, mais il est plus que suggéré dans le guide créé pour le fabricant de Barbie Mattel, sur la façon « d’élever des enfants antiracistes », et promu par des conseils municipaux locaux en Angleterre. Car si vos convictions sont pro-vie ou anti-genre, vous êtes haineux. Mais si vos engagements sont antiracistes, vous êtes moralement exemplaire.
Passer du non-racisme à l’antiracisme dans les jouets
C’est à la suite des manifestations Black Lives Matter que ce petit guide intitulé « Comment élever des enfants antiracistes » a été élaboré pour Mattel, une entreprise de jouets dont le wokisme n’est plus à prouver : sa très (bêtement) féministe Barbie en atteste. Quatre ans plus tard, il est toujours considéré comme un outil d’éducation infantile puisque des conseils municipaux le proposent à Leicestershire, Southampton et même au sein de la corporation de la cité de Londres, nous apprend le Daily Mail.
Le document indique aux parents qu’il les aidera à « élever une nouvelle génération d’alliés avec les outils nécessaires pour faciliter le changement ». Parce qu’il faut changer ! Changer ses façons de voir, changer ses attitudes, changer son mode de pensée : il faut passer de non-raciste à antiraciste, comme le montre un petit diagramme évocateur – et la différence est grande. Car le trop sobre non-racisme s’apparente à de la complicité, quand seul « l’allié antiraciste » fait vraiment le boulot !
La simple célébration de la diversité, la seule dénonciation des attitudes racistes ne suffisent pas : il faut comprendre le privilège blanc, apprendre l’histoire noire, promouvoir les leaders antiracistes et entourer les enfants blancs de personnes noires. A noter que l’un des auteurs de cet opuscule est l’écrivain pour enfants Laura Henry-Allain, consultante en éducation de la BBC et lauréate des Black British Business Awards 2024.
Un Monopoly woke, c’est-à-dire « socialement conscient » (le magazine en ligne Slate)
Et des idées, le document en fourmille ! Faire du vélo, cuisiner, lire des histoires… tout peut ouvrir des « espaces de discussion » pour confronter les enfants à leur racisme patent. Les livres et les poupées qui représentent des personnes noires sont des outils très efficaces et il est indispensable d’« éviter de chanter uniquement des chansons imprégnées de culture blanche » comme Baa Baa Black Sheep (une comptine anglaise qui remonte au début du 18e siècle). Les temps doivent changer ! La culture aussi…
Dans les conseils pour les parents d’enfants âgés de 9 à 12 ans, on trouve la question des jeux de société dont l’enjeu est crucial, puisqu’ils s’adressent à un panel plus large quant à l’âge, et incluent souvent les adultes, tout en permettant aux idées de s’imposer davantage. Là aussi, les règles doivent évoluer : celles du Monopoly par exemple, nous dit le document, devraient donner plus d’argent aux enfants blancs et leur permettre « d’éviter la prison » afin « d’expliquer la suprématie blanche et les privilèges ».
Si le texte ne le nomme pas explicitement, il s’agit en réalité du jeu Blacks & Whites. Imaginé dans les années 1970 par un professeur de psychologie environnementale, Robert Sommer, il a été repris et modernisé dans une nouvelle édition en 2021 (la mort de George Floyd n’y est pas pour rien). L’idée est la même : proposer un Monopoly à conscience raciale qui illustrerait la vraie réalité sociale de l’Occident, du moins dans une vision wokiste.
Les poncifs sont vite imaginés. Les joueurs qui ont un pion blanc commencent la partie avec un million de dollars et ont accès aux quatre zones pour pouvoir acheter des biens immobiliers. Les joueurs aux pions noirs, eux, commencent le jeu avec seulement 10.000 dollars, n’ont accès qu’à la zone non « gentrifiée » et sont encouragés à mettre en commun leurs actifs sous forme d’action collective. Quant aux cartes, elles sont beaucoup moins avantageuses pour les pions noirs.
Petit clin d’œil au syndrome de la « réparation » : si les personnages noirs font faillite, ils restent dans le jeu en bénéficiant d’aides financées par les poches des personnages blancs…
Le privilège blanc dans une mise en scène grotesque
Il est notable de relever que le jeu initial des années 1970 avait été fabriqué, publié et vendu par le magazine Psychology Today : une niche. 50 ans plus tard, le gauchisme ayant encore progressé dans l’éducation, c’est à une diffusion plus grande qu’il prétend.
Seulement, le grand succès n’est heureusement jamais au rendez-vous de ce genre de manichéisme utopiste et grotesque. D’ailleurs Parker Brothers, détenteur du Monopoly, avait rejeté l’idée de fabriquer lui-même Blacks & Whites, affirmant, en 1979, dans la revue Saturday Review : « Un jeu doit être une évasion, pas une confrontation. » Car, oui, le principe d’un tel jeu renforce les stéréotypes, impose l’idée de lutte, sème les germes de division via la désignation d’oppresseurs et de victimes et dessine une revanche sans fin : l’essence du marxisme.
L’ironie de l’histoire, c’est que le jeu Monopoly avait, dès sa conception, cette portée idéologique de dénonciation. La jeune Elizabeth Magie qui gravitait dans les milieux intellectuels de gauche, avait imaginé, en 1903, « The Landlord’s Game » pour illustrer la « nature antisociale du monopole » via l’oppression des rentiers de l’immobilier sur les locataires… Un siècle plus tard, on fait porter au jeu une autre mission, critiquant son irréalisme.
Alors qu’en fait, le Monopoly, qui cumule plus d’un milliard de joueurs dans le monde, est d’un réalisme à tout crin, montrant que même en donnant à tout le monde la même somme d’argent, chacun finira avec un destin différent : un résultat dû à son histoire, ses compétences, et aussi au hasard ! L’égalitarisme n’a de réalité que dans le monde rêvé des progressistes.
Entre dégenrage des jouets et couleurs LGBT (Jeanne Smits nous parlait ici de la firme Lego), l’esprit woke continue donc à infiltrer le monde des jeux – et les institutions publiques le soutiennent.