Les médias en parlent, mais n’en disent pas tout : on apprend ces jours-ci que la demande de charbon est en train de crever les plafonds en raison des appétits croissants de la Chine et de l’Inde. Le charbon, c’est le pire « pollueur » de la planète, comme le répètent les écologistes qui traquent les « énergies fossiles » non pour telle particule nocive mais pour les émissions de CO2 (ce gaz indispensable à la croissance végétale, qui n’a rien de toxique aux concentrations où on le trouve habituellement).
Malgré le discours omniprésent sur la traque des « gaz à effet de serre » dont il fait partie, le CO2 lié à la combustion du charbon émis à hautes doses semble moins indisposer les commentateurs des médias « mainstream » dès lors qu’il provient de Chine, d’Inde, d’Indonésie ou du Vietnam…
France Info annonçait ainsi mercredi matin : « La demande mondiale de charbon a atteint un niveau record en 2024 », donnant les derniers chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), mais tempérant aussitôt en affirmant que cette dernière « entrevoit toutefois une “stabilisation” ».
La Chine ne compte pas réduire sa demande de charbon
La demande mondiale « record » a ainsi atteint 8,77 milliards de tonnes pour l’année 2024, dont 4,94 milliards de tonnes consommées en Chine, et continue d’augmenter dans certaines « économies émergentes » du fait de la croissance économique et démographique, selon l’AIE, et France Info la cite encore, rassurante : « Dans la plupart des économies avancées, la demande de charbon a déjà atteint son pic et devrait continuer à diminuer », du fait de la « forte progression des énergies renouvelables » dans le monde. Le pic de la demande serait donc atteint dans quelques années tout au plus, d’après les prévisions de l’IAE pour 2024-2027.
Fermez le ban…
Ce qui se passe est bien mieux résumé par Matt Oliver du Telegraph qui écrit : « La demande de charbon continue de croître alors que les efforts visant à diminuer sa consommation par le Royaume-Uni et d’autres pays riches sont éclipsés par sa croissance en Chine et en Inde », tout cela pour la production d’énergie ; et malgré les engagements internationaux en vue de la réduction du recours au charbon.
En fait, l’augmentation est aussi le fait de la Chine qui, contrairement à ce qu’annonce France Info, ne consomme pas « un tiers », mais plus de la moitié du charbon brûlé dans le monde comme le montrent clairement les statistiques de l’AIE, et continue de construire des centrales charbon à tour de bras alors que sa demande ne cesse de progresser.
La demande de charbon record réduit à néant les efforts des pays développés pour s’en passer
Selon l’AIE, les nations asiatiques devraient voir leur consommation augmenter de 249 millions de tonnes au cours des trois ans à venir, alors que l’Europe, les Etats-Unis, le Canada et le Japon devraient baisser leur consommation de 154 millions – en la remplaçant bien souvent par des dispositifs plus chers et moins fiables s’agissant des « renouvelables », puisque l’éolien comme le photovoltaïque ne fonctionnent pas quand il fait trop ou pas assez de soleil ou de vent, que le temps est trop couvert ou trop froid, ou qu’il fait nuit, ce qui arrive tout de même assez souvent !
En clair : les « efforts », extrêmement coûteux au demeurant, consentis par les pays riches qui le sont moins en moins, sont totalement annulés par les pays émergents qui en profitent d’ailleurs doublement : pas de décisions aberrantes pour atteindre les objectifs « net zéro », et des coûts de production moindres qui leur donnent encore un avantage face à leurs concurrents « développés ».
Le Royaume-Uni a ainsi fermé sa dernière centrale à charbon fin septembre. Et a connu, début novembre, un épisode de dunkelflaute, ce terme inventé dans le secteur des énergies « renouvelables » pour désigner une période de très faible production d’énergie solaire et éolienne en raison de la « grisaille anticyclonique » : alors, il faut trouver des solutions de remplacement, et les prix de l’électricité montent en flèche.
Les « renouvelables », un handicap pour l’Europe face à la Chine qui brûle tranquillement du charbon
Il y a quelques jours, rebelote en Europe : le dunkelflaute – notamment en Allemagne où le vent et l’ensoleillement font défaut – a provoqué une nouvelle flambée du prix de l’électricité. Ne pas dépendre des « renouvelables » est en passe de devenir un atout majeur ; nos concurrents en sont certainement les premiers persuadés.
AEI a ainsi prédit une « stabilisation » de la demande de charbon en 2027, mais en ajoutant que cela dépend fortement de ce que fera la Chine. Précédemment, elle avait annoncé un pic de la demande en 2020. On voit que les prédictions n’engagent que ceux à qui elles sont faites ; les acteurs et responsables réels de la situation vont leur chemin sans s’en soucier.
Pour ce qui est de la Chine en particulier, rappelle Matt Oliver, même si celle-ci construit bien plus de parcs éoliens et photovoltaïques que les autres pays du monde (mais avec quelle énergie ? il en faut aussi davantage pour les produire…), ses besoins énergétiques continuent de croître bien plus vite. Les centres de données, les systèmes de « cloud » et les logiciels d’intelligence artificielle sont terriblement énergivores, et leur poids ne cesse d’augmenter.
Cela est vrai partout : alors que les véhicules électriques sont censés rendre obsolète le recours aux hydrocarbures, alors que les robots étendent leur emprise, que l’intelligence artificielle s’immisce partout et que la société de surveillance réclame que tout et tous soient « branchés », le monde va vers une demande inédite d’énergie. Et s’il en faut davantage pour jouer à Big Brother, ma foi, les gouvernements suivront…