Elon Musk, Tommy Robinson et le scandale des viols ethniques au Royaume-Uni

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Tommy Robinson (© Rose Morelli)

 

Les réseaux sociaux bruissent – à juste titre – des informations au sujet des bandes de violeurs d’origine asiatique qui ont agressé, outragé et parfois torturé et tué des dizaines de milliers de mineures britanniques grâce à l’inaction des services sociaux, de la police et de la justice, tétanisés à l’idée de passer pour racistes en dénonçant des gangs pakistanais ou iraniens abusant de jeunes filles blanches de milieux modestes. Aujourd’hui le scandale rebondit alors que le gouvernement travailliste de Keir Starmer, soutenu par sa majorité parlementaire, refuse d’ouvrir une enquête nationale – parce que, rappelle l’opposition, Starmer lui-même était à la tête du Crown Prosecution Service (CPS, chargé des poursuites criminelles publiques) qui a gravement failli, lui aussi, en cet exercice collectif de soumission à l’idéologie multiculturelle. Starmer est désormais dans le collimateur d’Elon Musk, qui réclame sa démission ; le désormais alter ego de Donald Trump vient par ailleurs de vilipender publiquement Nigel Farage, le leader de Reform que Musk prétendait financer, au motif que la figure de proue du Brexit refuse d’intégrer dans son tout nouveau parti le militant Tommy Robinson, actuellement derrière les barreaux.

Sur les « grooming gangs » britanniques – ces bandes spécialisées dans le détournement et l’exploitations de mineures blanches et pauvres – nous avons, sur RITV, dit tout ce qui s’imposait, au moment où le scandale faisait rage dans les médias d’outre-Manche. Par exemple ici, ou encore ici.

 

Elon Musk séduit par le discours de Tommy Robinson

Pour l’heure, nous allons l’aborder par le biais de l’affaire Tommy Robinson, coqueluche des mouvements anti-immigrationnistes de droite radicale, notamment en France. A l’indignation de Musk s’ajoutent l’indignation sur les réseaux sociaux, et Farage, quels que soient ses défauts et qualités par ailleurs, passe pour celui qui recherche la dédiabolisation à tout prix en refusant de s’associer avec l’un des plus nets accusateurs d’un système effectivement insupportable et criminel. On l’accuse – en sollicitant ses propos – de vouloir intégrer l’islam dans son parti, alors qu’il a simplement parlé de ne pas se mettre à dos a priori l’électorat musulman, au risque de perdre toute chance de s’imposer face au parti conservateur vieillissant qui ces dernières années, a favorisé l’immigration comme n’importe quel parti de gauche.

Farage, donc, malgré les 100 millions de dollars qu’il semblait pouvoir attendre du ploutocrate Elon Musk, a dit « non ». C’est au moins une belle manifestation d’indépendance.

Et pour le Telegraph, qui n’hésite jamais à donner la parole à Farage, c’est une décision politiquement intelligente, voire un vrai tournant qui jouera en faveur de Reform lors d’élections à venir : il s’agit de savoir si le mouvement espère vraiment devenir un parti de gouvernement ou non. La question n’est pas de savoir si on peut dénoncer la politique d’immigration excessive sans dérouler un tapis rouge à Tommy Robinson, mais si Tommy Robinson mérite qu’on le considère comme un atout pour Reform.

 

La dénonciation justifiée des viols ethniques sert aussi un jeu dialectique

Ledit Tommy Robinson joue son rôle dans le jeu dialectique en cours, maniant l’agit-prop pour grossir des scandales réels et des motifs de mécontentement valables pour alimenter un trouble qui peut devenir insurrectionnel, comme l’ont montré les émeutes à la suite d’une attaque au couteau qui avait coûté la vie à trois petites filles à Southport, fin juillet. La colère était compréhensible, l’indignation justifiée… mais le pouvoir travailliste a eu beau jeu de dénoncer les réactions les plus violentes, tandis que la justice prenait un tour tyrannique en envoyant des protestataires en prison pour un tweet ou pour un slogan un peu musclé, tandis que des manifestations d’immigrés hurlant leur haine bénéficiaient d’une belle impunité. L’art de ne pas « gâcher une bonne crise », sans doute.

Quoi qu’il en soit, Farage n’a pas intérêt à « soigner » la tendance Tommy Robinson, que de toute façon il n’apprécie pas. Il sait que des dizaines de milliers d’électeurs se détourneront de Reform qu’il serait aisé d’assimiler à l’« extrême-droite » dans le cas contraire.

Robinson est surtout connu sous nos latitudes pour son positionnement anti-islamique, et Musk participe à la campagne sur sa plateforme X pour le saluer en tant que prisonnier politique, victime de son courage pour avoir dénoncé les bandes de violeurs ethniques. Farage qui voit plutôt en lui un fauteur de troubles en devient le « modéré » à abattre, le faux-frère qui laisse tomber ses compatriotes. Ainsi Farage avait-il quitté UKIP au moment même où Tommy Robinson rejoignait ce parti en tant que conseiller de son chef, Gerard Batten, en 2018 : l’opposition ne date pas d’hier.

 

Tommy Robinson, un homme au passé trop encombrant pour Farage

Né Stephen Yaxley en 1982, Tommy Robinson a choisi son pseudonyme en hommage à un hooligan bien connu, fan du club Luton Town. Quelques semaines à peine après son entrée en apprentissage en ingénierie aéronautique à l’âge de 16 ans, il fut renvoyé pour violences. S’ensuivit une longue liste de condamnations pénales pour hooliganisme, violences, escroquerie, possession de stupéfiants… Il fit un premier séjour d’un an en prison en 2005 pour s’être acharné sur un officier de police hors service qui tentait d’intervenir lors d’une confrontation violente avec sa petite amie ; en 2013, il fut condamné à 10 mois en prison pour avoir utilisé le passeport d’un tiers pour tenter d’entrer aux Etats-Unis malgré une interdiction liée à son casier judiciaire.

L’année suivante, une peine de 18 mois d’emprisonnement vint sanctionner une opération de fraude à l’hypothèque, et il fut également condamné pour harcèlement à l’égard d’une journaliste.

Par la suite, Tommy Robinson devait s’engager dans la dénonciation des « grooming gangs », ce qui lui valut en 2019 une nouvelle peine de 9 mois de prison pour « outrage à la justice » dans une affaire concernant une de ces bandes de violeurs, pour avoir tenté de faire pression sur la cour et pour avoir divulgué des données en cours de procédure, chose avec laquelle on ne rigole pas au Royaume-Uni par volonté de protéger l’indépendance de la justice.

Il dut également verser 100.000 livres de dommages et intérêts pour diffamation pour avoir faussement présenté sur les réseaux sociaux un collégien réfugié syrien attaqué devant son école comme un agresseur sexuel de jeunes filles anglaises. Sa condamnation actuelle à 18 mois de prison est en relation avec cette affaire, puisqu’en juillet dernier il a renouvelé l’accusation lors d’une manifestation à Londres avant de s’en aller à l’étranger ; à son retour en octobre, Robinson se présenta à la police et plaida coupable de ce nouvel « outrage à la justice ».

Où l’on voit qu’il s’agit d’un allié encombrant.

Ayant eu moi-même à vérifier l’exactitude d’une photo qu’il avait publiée sur les réseaux sociaux à l’occasion de l’attentat islamiste de Stockholm en 2017 en vue d’un article pour Minute, une enquête minutieuse m’avait permis de constater que l’image en question n’avait rien à voir avec le sujet qu’elle était supposée illustrer. Mes demandes d’éclaircissements répétés s’étaient heurtées à un mur de silence…

 

Jeanne Smits