L’inaction écologique de Bayrou coûte-t-elle cinq fois plus cher que l’investissement dans la transition verte ?

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Si le parti socialiste est tenté par un compromis avec Bayrou, les écologistes, par la voix de leur patronne Marine Tondelier, annoncent à haute voix qu’ils voteront la censure à cause d’une inaction écologique qui se traduite par des coupes dans le budget, les mettant dans une « colère » verte. Elle a dénoncé la baisse du « leasing social » qui ne « permet pas aux Français d’acheter un véhicule électrique » et « les rend dépendants du pétrole », et un budget qui « les laisse dans des passoires thermiques l’hiver et dans des bouilloires thermiques l’été ». Elle a surtout prétendu se placer du point de vue de la gestion des deniers publics : « Les sommes qu’on n’investit pas dans l’environnement, il est démontré par les économistes que ça coûtera cinq fois plus cher. » Tout est là. Dans ce « les économistes ». L’imposture écologique, qui est l’un des piliers opérationnels de l’arc-en-ciel, prétend opposer une vérité d’évidence aux méchants qui ne suivent pas son programme politique. Vérité qu’elle nous assure assise sur un consensus scientifique en même temps que sur un consensus économique. Double gros mensonge.

 

Les fact-checkers verrouillent l’imposture écologique

La fabrique de l’opinion tourne dans un cercle parfait. L’homme éclairé qui lit Le Monde, le Nouvel Obs, qui regarde BFMTV, TF1, et qui fait ses recherches sur Wikipédia, croit sans trouble aucun que l’homme dérègle le climat en émettant notamment du CO2, que la transition écologique est donc une nécessité, l’inaction un mal. Face au commun savoir qu’il partage, les opinions différentes semblent le fait de farfelus, voire de fous et de malintentionnés, « platistes », « complotistes », voire « négationnistes ». Quand une cheftaine verte péremptoire type Marine Tondelier se laisse aller à une affirmation chiffrée surprenante, selon laquelle l’absence d’investissement écologique aujourd’hui coûtera cinq fois plus cher demain, les économistes en sont d’accord, alors, pour rassurer le croyant scrupuleux qui pourrait trouver la chose un peu forte, il y a les fact-checkers. Les gardiens de but du système, qui empêchent en dernier recours toute contestation du consensus. France Info nous le dit dans un de ses « vrai ou faux », Marine Tondelier a, c’est sûr, parfaitement raison. Le public peut dormir tranquille.

 

L’inaction écologique 20 fois plus cher que l’investissement ?

Lisez plutôt : « L’estimation que donne Marine Tondelier provient d’un rapport assez célèbre en la matière, le rapport Stern. Un document de sept cents pages qui a fait l’effet d’une bombe quand il a été rendu en 2006, il y a quasiment 20 ans. C’est le premier rapport sur le coût de l’action et de l’inaction climatique qui a été fait par un économiste – Nicholas Stern, ex-vice-président de la Banque mondiale (…) “L’étude estime que si nous ne faisons rien, les coûts et les risques globaux du changement climatique provoqueront l’équivalent d’une perte d’au moins 5 % du PIB mondial chaque année, maintenant et pour toujours. Si l’on prend en compte des risques et des impacts encore plus larges [en chiffrant les pertes de vies humaines, l’impact plus lourd dans les pays pauvres notamment], l’estimation des dommages grimpe à 20 % du PIB ou plus”, a calculé le rapport. (…) “En comparaison, les coûts de l’action – réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires impacts du changement climatique – peuvent être limités à environ 1 % du PIB mondial par an”, ajoutait-il. »

 

L’impartialité en carton-pâte de France Info

Et de poursuivre : « Quelque 5 % contre 1 % : l’inaction climatique coûterait donc bien cinq fois plus que l’action, selon ce rapport, comme le dit la cheffe des écologistes français. On note qu’il s’agit de l’estimation la plus basse et que le coût de l’inaction pourrait même être 20 fois plus important que celui des investissements en faveur du climat. » France Info, pour bien montrer son impartialité, rappelle que « ce rapport a essuyé plusieurs critiques à sa sortie », parce il est difficile de « chiffrer le coût des conséquences du réchauffement climatique » et celui « des investissements ». D’autres ont noté que sa vision était « catastrophiste », à quoi Stern a répondu en 2013 dans le quotidien de gauche britannique The Guardian : « Je me suis trompé sur le changement climatique, c’est bien pire. » Selon France Info : « Vingt ans plus tard, son rapport est toujours régulièrement cité comme référence. »

 

Bayrou sourd à la convergence des évaluations

Pour bien enfoncer le clou, les fact-checkers ajoutent que « d’autres études se sont penchées sur le sujet », et affirment : « La plupart concluent que l’inaction climatique coûte en effet plus cher que l’action. C’est le cas du dernier rapport du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. C’est aussi le cas d’une étude de l’Institut allemand de recherche sur l’impact climatique de Potsdam (dont l’ancien patron, Joachim Schellnhuber, fait partie de l’Académie pontificale des sciences, NDLR), parue en avril 2024, et qui conclut que le coût des émissions passées sera six fois plus élevé que le coût de l’action climatique d’ici 2050. En décembre 2023, l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, estimait qu’une transition écologique retardée pourrait conduire à une perte de 1.100 milliards de dollars entre 2030 et 2050, soit 50 milliards de dollars par an en moyenne. L’ADEME prédit une perte de 1,5 % du PIB en 2030 et de 5 % de PIB en 2050. L’inaction coûterait encore plus cher, avec des pertes estimées à 7 % du PIB annuel. Et encore, l’agence estime que ces coûts sont “probablement sous-estimés”. » Une convergence des diagnostics que Bayrou, dans cette perspective, serait criminel de ne pas suivre.

 

La ruine de l’Europe par la transition écologique n’est pas chiffrée

Après cela, le lecteur se croira autorisé à penser que l’affirmation de Marine Tondelier se fonde sur des études sérieuses, indépendantes, et à peu près convergentes. Or, évidemment, il n’en est rien. D’abord, comme France Info elle-même le remarque, parce qu’il est très difficile de chiffrer le coût des conséquences du réchauffement climatique. Ensuite, surtout, parce que, si un réchauffement persiste, et si son coût peut être évalué, il n’est dû ni à l’activité humaine ni à l’émission de CO2 : les prétendus investissements dans la transition énergétique ne sont que de l’argent perdu. Pire, ils ont un effet désastreux sur les économies occidentales (exclu, et pour cause, volontairement, du chiffrage de ces « études ») : ils ont ruiné entre autres le secteur de l’automobile et celui de l’énergie en Europe. Ils nous ont donc coûté très cher et toute l’affaire consiste à le cacher. En somme, le prétendu consensus auquel renvoie le terme « les économistes » n’existe pas plus que celui des scientifiques, ils ne sont tous deux qu’un même bluff pour donner à la répétition des éléments de propagande écologique l’apparence du sérieux.

 

Pauline Mille